La dite Marie se jugeant infectée aurait voulu se séparer de se biens...

« La dite Marie se jugeant infectée aurait voulu se séparer de ses biens… »

Jean Broqueville sieur d’Endardé s’est marié deux fois. Issus de son premier mariage il a eu trois enfants : Marie, Gratia et Gabriel. Sa seconde épouse est Françoise de Saint-Arroman d’où descendent les Broqueville subsistants. Nous ne savions rien de Marie, même pas sa date de naissance, en tout cas à l’heure actuelle. Dans le texte que j’ai trouvé dans ma campagne de recherche 2012, j’en sais un peu plus de cette fille de Jean et de Jeanne Limoges.Elle s’est mariée religieusement en 1645 avec Pierre Dupuy maître chirurgien habitant de Samatan (1). Nous connaissons cette date toujours grâce au même document dont le titre est : « Accord entre Jean Broqueville bourgeois et Blasiette Dupuy. » (2) Ce document montre à quelle point la rapacité peut être importante dès qu’une famille entière disparaît tragiquement à cause « de la maladie contagieuse » (3). Outre la douleur d’un père qui voit sa fille mourir loin de chez elle, il doit lutter contre la belle-sœur de Marie, Blasiette Dupuy qui a décidé avec l’aide de son mari, notaire à Tournecoupe de s’approprier des biens de Marie Broqueville.

Mine de rien, ils étaient importants puisque sa dot était composée de 1000 livres qui ont été payé en deux fois. Cette dot a permis au jeune couple de s’acheter une métairie, une ferme attenante et des terres au lieu dit En Causse dans la juridiction d’Anezan. L’histoire ne dit pas si Marie et Pierre s’y sont installés. Entre le moment de leur mariage (dont le contrat remonte au 28 octobre 1635) et le moment de leur décès en 1653 (la date n’est pas précisée) ils ont eu le temps d’avoir quatre enfants dont les prénoms ne sont pas repris (4). Et cela n’a plus d’importance aux yeux du notaire Labaule puisqu’au moment de l’accord, toute la famille a disparue emportée par la maladie contagieuse.

Logiquement, l’héritier direct de Marie était son père puisque plus aucune descendance n’existait. Il voulait ainsi récupérer la dot de 1000 livres. Mais Blasiette Dupuy ne l’entendait pas de cette oreille. Elle est la sœur de Pierre et trouvait normal que tous les biens du frère lui reviennent.

Le notaire a appliqué la loi. Il a décidé de manière irrévocable que la métairie d’En Causse retournera intégralement à Jean mais par contre tous les biens de Pierre qu’il avaient en propre en termes de mobiliers et immobiliers restent dans la famille Dupuy et étaient donc donner à Blasiette. Le notaire Labaule était assez sage pour insister auprès de maître Blazel notaire royal de Tournecoupe, époux de cette dernière, de ne pas insister et d’accepter sa décision de partage.

Et c’est grâce à la signature au bas du texte que j’ai pu identifier Jean sieur d’Endardé. N’oublions pas qu’à la même époque plusieurs Broqueville porte le prénom de Jean voire de Jehan tantôt écrit comme tel, tantôt écrit « Jean » ce qui ne facilite guère la lecture et la compréhension. Voici donc une descendance d’un rameau des Endardé qui s’est arrêtée brutalement.

Géry de Broqueville

Photographie du texte original du Notaire Labaule : cliquez ici.

(1) Samatan est distant de Monfort d’un peu plus de 40 Km et se situe au sud-est.
(2) Notaire Labaule, Archives départementales du Gers, coté 3E8830 (folio 158)
(3) Maladie contagieuse : la peste. Incontestablement dans la région de Auch une peste terrible s’est abattue sur les habitants, bien que Samatan soit quand même distant de 37 km. Voir le livre de Despaux, La peste à Auch en 1653, in Revue de Gascogne, Auch 1896, tome 37 page 50-53.
(4) La seul façon de les connaître serait de retrouver les registre paroissiaux de Tournecoupe. Je chercherai peut-être un jour si j’en ai le temps.