Je suis tombé sur un des tous premiers textes que j’ai lu et « déchiffré » quand je me suis lancé dans la lecture des archives qui concernent les Broqueville à Monfort. Depuis lors je n’y suis guère retourné sur ces textes lus en 2004. En voyant ce que j’avais recopié, je me dit que j’ai fait, depuis lors, pas mal de progrès dans le déchiffrage.

Comme quoi, il serait intéressant que je relise ces textes avec un regard nouveau. Le texte de base est l’acte de baptême de Hérard (et non pas Bernard) Broqueville d’Empiroy fils de Jean et de Gratienne de Pujos, née à Puycasquier et mariée le 7 mai 1635. L’acte de naissance est daté du 7 mai 1637. voici l’acte en question :

1164Et voici comment j’avais traduit ce texte :

1164-traduction1Les trois premières lignes sont justes, « parrain noble Hérard de Gère, sieur de Sainte-Gemme, la marraine demoiselle Marguerite de Roger, marié. Présent noble Jean-Jacques de Malac, sieur de Sarrecave, de noble Germain de Saluste, seigneur de Canet et de Combirac, noble Pierre de Bousquiers, écuyer, David Lafitte, marchand, Blaise Duffau, apothicaire, Jean Broqueville, marchand et Guillaume Labaule, notaire soussigné. Et suivent les signatures qui, reconnaissons-le, sont assez extravagantes.

Reprenons pas à pas les personnages que l’on peut voir dans cet acte et les éventuels liens de parenté :

Signature de Hérard de Gère, seigneur de Sainte-Gemme.

Signature de Hérard de Gère, seigneur de Sainte-Gemme.

Hérard de Gère dont le nom s’écrit sans « s » tant que cette maison vit en Fezensaguet. Ses prénoms de naissance sont Jean-François Hérard  né en 1587. Les biographes retiennent qu’il est mort après 1633. Nous apportons la preuve qu’il décède après 1637. Hérard est fils de François (1567-1629) et de Catherine de Pins.

Il épouse le 3 mars 1619 Marguerite de Troyes de Cahuzac de Rouger. Dans l’acte de baptême, il est écrit « Marguerite de Roger »(1). Dans Moreri, elle est la fille de François de Roger de Cahuzac, seigneur de Caux qui épousa, le 17 janvier 1580, Jeanne d’Hébrail fille d’Antoine et de Louise de Paulin. (2)

J’ai découvert dans la revue de Gascogne (3) que Marguerite de Roger est encore en vie le 1er août 1657. Elle se trouve citée dans un acte passé chez un notaire de Bordeaux pour une question d’apport financier en vue de la fondation d’une maison religieuse sou le vocable de Notre-Dame dans la ville de Mézin. Il est dit dans cet acte qu’elle et son fils François ont signé un acte de donation chez le notaire Labaule de Monfort (28 juin 1654) à prendre sur les terres de Sainte-Gemme. (4)

En tout cas, j’ai beau tourner le problème dans tous les sens, il n’y a pas, à priori, de liens familiaux qui auraient pu amener Jehan Broqueville d’Empiroy à demander à Hérard de Gère de devenir parrain, et son épouse, marraine. Sauf, si l’on trouve une connexion avec Gratienne de Pujos, mais l’on connaît si peu cette famille.

Signature de Germain de Saluste

Signature de Germain de Saluste

Les autres noms qui apparaissent nous sont moins inconnus comme Germain de Saluste (1598-1671)) qui est le fils de Marianne (° vers 1551) et de Jeanne de Bourrasol. Germain a épousé Jacquette Dulaur (vers 1600-1684). Cette dernière est la soeur de Marguerite qui a épousé Jean Broqueville d’Empiroy. Le fils de ce dernier, auteur du rameau des sieurs de Larroque, se prénomme Germain ayant pour parrain Germain de Saluste. Mais mieux que cela Jean Broqueville (x Jacquette Dulaur)  est le frère de Jehan (x Gratienne de Pujos). Je sais, c’est compliqué. On voit très souvent Jehan dans la vie à Monfort car il est substitut du procureur du roi.

1164-jean-jacques-signatureLa signature ci-contre de Jean-Jacques de Mallac, sieur de Sarrecave est le beau-père de Antoine Broqueville d’Endardé qui s’est marié à une date inconnue avec Jacquette de Mallac. Antoine, auteur de la branche des Endardé, est le frère de Jean et de Jehan Broqueville d’Empiroy.

Signature de Pierre de Bousquiers, écuyer

Signature de Pierre de Bousquiers, écuyer

Pierre de Bousquiers est souvent témoins dans des actes chez les notaires. Il doit probablement être un ami de la famille Broqueville. Au moment de cet acte de baptême, il ne sait pas encore que le gamin qui court dans les pattes de tout le monde et qui a 7 ans, deviendra plus tard, l’époux de Jacquette, sa fille, d’autant plus que Pierre décèdera entre juillet 1640 et mai 1641 (5).

1164-jean-signatureLe signataire suivant est Jean II Broqueville d’Empiroy qui est justement marié à Marguerite Dulaur. Il est consul en 1598, 1602, 1639, 1658, 1659 et probablement à d’autres moments aussi. Il est aussi très actif pour la communauté de Monfort.

Signature de Guillaume Labaule

Signature de Guillaume Labaule

Le signataire suivant est Guillaume Labaule, notaire royal de son état, Il est présent parce qu’il a épousé Marguerite Broqueville d’Empiroy. Il est donc le beau-frère des Broqueville cités précédemment. On se rend compte que toute la famille est réunie autour du nouveau-né. Et comme la place de la femme est d’être en retrait, ce sont les maris qui signent le registre.

Signature de Claude de Cavler

Signature de Claude de Cavler

La signature suivante est un peu plus étonnante quoiqu’il est aussi dans l’ordre des choses que le sieur de Fluviac soit présent. Ce personnage porte en réalité le patronyme « de Cavler ». Il est le second mari de Marie Saluste du Bartas (1584-1648) (6). Il n’y a pas à douter qu’elle est aussi présente à ce baptême. Elle est la fille du poète Guillaume (1544-1590) et de Catherine de Manas (vers 1552-après 1612) et donc petite fille de Bertrande Broqueville. Marie est donc une lointaine cousine des Broqueville.

1164-lafitte???David Lafitte est présent aussi mais ne semble pas signer alors qu’il en est capable. La signature qui est dans le coin en bas à droite ne semble pas la sienne, mais il a tellement peu d’espace pour signer qu’il a peut-être raté sa signature. Toujours est-il que David a épousé Marie Lauzéro. Je ne connais pas le nom du père mais il pourrait bien s’agir de Bertrand (7). Le nom de la mère est Blasiette Broqueville d’Empiroy fille de Jean et de Marguerite Dulaur.

1164-signature??La dernière signature est celle du prêtre, le vicaire Dabrin. J’ai analysé cette signature, mais il suffisait d’aller voir sur la page suivante pour se rendre compte qu’elle existe sous chaque paragraphe ! Je crois que ce vicaire devait être de passage à Monfort, car très rapidement sa signature disparaît. Lui non plus ne savait pas que sa famille allait s’allier aux Broqueville un peu moins d’un siècle plus tard !

Le seul personnage qui ne signe pas et qui est présent est Blaise Dufaur. Je ne vois pas le lien de parenté entre cet apothicaire et les Broqueville. Faut-il le ranger avec la famille de Gère pour être considéré comme ami de la famille ? Et si la famille de Gère était aussi apparentée aux Broqueville, cela ne serait que par les Faudoas ! En effet, l’épouse de Jean-Jacques de Mallac est Bertrande de Faudoas fille d’Alexandre et de Antoinette Pujolé. Hérard de Gère est le petit fils de Jean II de Gère, né en 1522 et marié en 1566 avec Bertrande de Faudoas. Il est le fils de François de Gère né en 1567. Ce dernier se marie, le 5 décembre 1584, avec Catherine de Pins, soeur de Marguerite qui épousera en 1590 Arnaud de Faudoas  (8).

Voilà donc un tout petit texte revisité en profondeur et qui donne autant d’indications nouvelles près de 10 ans après la première lecture. Il est vrai qu’à l’poque je n’imaginais pas à quel point les données sur les familles apparentées aux Broqueville étaient importantes pour mieux comprendre leur contexte de vie. Avec ce que j’ai rapporté de mon dernier voyage, je suis à plus de 15.800 pages de documents ! Cela m’impressionne d’autant qu’il faut lire tout cela, ce que je fais petit à petit dont le résultat sont ces nombreux articles.

Mais le résultat est là ! Ce blog qui a déjà pas moins de 230 articles fait une progression fulgurante en termes de visiteurs uniques. En un an, nous sommes passés de plus de 9000 à près de 25000 ! Le travail fait avec sérieux est donc récompensé !

Géry de Broqueville

(1) J. De Bourousse de Lafort, Nobiliaire de Guienne et de Gascogne, tome 3, Paris, 1860, page 21.
(2) Louis Moreri, Nouveau supplément au grand dictionnaire historique généalogique, Paris, 1732, page 381. Dans cette généalogie on ne voit pas le nom de Troyes.
(3) Revue de Gascogne, bulletin mensuel du Comité d’histoire et d’archéologie de la province ecclésiastique d’Auch, Auch, 1901, page 24.
(4) Il est très probable que le recueil d’actes du notaire Labaule soit non communicable au vue de son état de détérioration.
(5) Ce gamin est Jean II Broqueville d’Endardé, fils de Jean Ier et de Françoise de Saint-Arroman. Pour une fois que j’extrapole sans preuve, cela met une petite touche de fantaisie dans ma rigueur scientifique.
(6) Marie Saluste du Bartas avait épousé en première noce Estienne de Rey (vers 1597-après 1621) et en a eu quatre filles dont trois auront une descendance qui deviendra propriétaire du château d’Esparbès. Cliquez ici pour en découvrir un bref historique avec des liens vers des articles plus importants..

1165-david-lafitte-signature(7) Je met ici la signature de David Lafitte qui signe l’acte de baptême du 9 mai 1637 de Jean Verdier fils de Manault et de Marie Silhères. Il est simplement présent.

(8) Je ne retrouve cette Bertrande de Faudoas dans aucune autre généalogie que sur l’Armorial de France de d’Hozier, 7e supplément, 1878, page 5 de la généalogie de Gère.