Sceau de François Saliné sur son testament.

C’est la découverte d’un testament de François Saliné qui me fait écrire ce jour de veille de Noël un texte qui paraîtra en mars 2018. Je découvre qu’il existe un deuxième François Saliné qui a un lien proche avec ma famille, bien que ce dernier est celui qui en est le plus éloigné.

Je connaissais déjà, François qui a épousé Jeanne Broqueville fille de Joseph (+ av.1616) et Sibile Delau. J’ai la preuve de son mariage avec François Saliné dans le testament de son père, Joseph. D’elle, je ne connais rien d’autre. François est fils de Jean et de Anne Lannelongue (+1689).

Vient ensuite le deuxième. Grâce au fait que je connais déjà le nom de son épouse, Suzanne Cauveler, je peux le rattacher aisément à feu son père dont le prénom n’est jamais cité dans son testament (1) mais qui n’est autre que Orens Saliné (+1642). Ce dernier est petit fils de François Lauzéro et de Blasie Broqueville d’Empiroy (+1668).

Dans le testament de François Saliné, daté du 24 mars 1689, avant midi, dont l’acte d’ouverture qui est daté du 25 mars, on connaît avec précision la date de son décès.  Dans tous les testaments une phrase consacrée reste édifiante : « Considérant qu’il faut mourir et qu’il n’y a rien plus incertain que l’heure d’icelle ». Accompagnant le testament, une lettre de dépôt de son testament auprès du notaire Marcassus se fait le lendemain 25 mars en présence de divers témoins dont Vital Brunet, encore en vie.

Il préfère écrire son testament pour régler les différents qu’il a avec son frère Jean Saliné. Visiblement ce monsieur n’était pas droit dans ses bottes puisqu’il se servait au passage dans la maison de feu leur père qu’il partageait avec sa seconde épouse Jeanne Corrent. François lui laissera 5 sols dans son testament, chiffre probablement ironique.

François règle sa succession pour protéger les deux enfants encore en vie que sa seconde épouse, Jeanne Sabathier a eue avec Jean-François Labaule, François et Jean Labaule. Ils sont cités sur une fratrie de 5 enfants, les autres étant décédés avant 1689. Grâce à ce testament on connaît maintenant le grand-père des deux Labaule, qui est Dominique. Par testament, ce dernier a donné la somme de 110 livres qu’il avait prise  sur la métairie de Lasserre sise dans la juridiction de Monfort.

Plus que tout, François Saliné retient qu’il veut protéger son épouse, Jeanne Sabathier, qui est d’ailleurs la fille de Isaac (+1683) et Guillemette Broqueville d’Endardé (+1686), contre les agissements de son frère Jean. Il cadenasse littéralement ses biens de telles sorte que Jean ne peut plus faire aucun procès contre son épouse encore en vie.

Néanmoins et pour notre connaissance des termes utilisés à l’époque, de nouveaux sont apparus. Ainsi dans le testament on peut lire ceci : « Item y est dit que Jean Saliné, mon frère, m’a emprunté un métier à faire de raze, le 15 février 1674, un saloir tenant 3 à 4 semal d’eau, un cabat à faire la bugée qui tenait environ 6 semal d’eau quasi neuf, un chandelier de laiton pesant deux livres et demi plus la somme de 116 livres 18 sols 9 deniers que je paie pour lui aux sieurs Lavoix et ?? membre du comité de contrôle de la généralité d’Armagnac parce que j’aurais fait bailler le registre des contrôles des exploits à mon dit frère alerte de son reçu et lettre signé de sa main y compris une quittance que je lui ai baillé de 34 livres pour payé cette somme à la chapelle Sainte-Marie de l’église Sainte-Marie d’Auch (…) un grand métier à faire des draps d’une valeur de 40 livres(…).« 

Le mot « Semal » veut dire « benne pour porter la vendange ». La contenance de cette benne est de 2 hl (2). François avait prêté un saloir. Ce « métier » sert pour la salaison des viandes (3). Il a prêté aussi un « cabat à faire la bugée ». Un cabat provient du gascon Cubat qui est un cuvier où se fait la lessive. La bugée est la traduction du mot gascon de bugado, la lessive. (4) Ce mot gascon provient de la langue celte « Bugad ».

Dans le testament, François explique qu’il vivait à Auch pour accomplir son métier, non précisé, mais au début du testament on sait qu’il est bourgeois de Monfort. Il a vécu à Auch jusque « 6 ans après le décès de son feu père et deux ans avant sa mort« . Ce qui donne 8 ans de vie à Auch probablement entre les années 1640 et 1648 où Jean Saliné en a profité pour vider la maison de leur feu père.

Nous ne savons rien des descendants éventuels de François. S’il en a eu de sa première femme, ils sont tous morts en 1689 puisque personne n’est cité dans les cinq pages de testament.

Voilà donc quelques informations supplémentaires que ce testament donne, notamment en ce qui concerne la découverte de nouveau mot d’origine gasconne.

Son testament sera ouvert en février 1694 par sa femme Jeanne Sabathier toujours en présence du notaire Marcassus avec des témoins comme Jean Broqueville d’Endardé. On voit dans ce testament la signature de Jeanne Sabathier.

Géry de Broqueville


(1) Notaire Marcassus coté 3E8871 aux Archives départementales du Gers (24425-24446).
(2) Bulletin de la Société d’Agriculture du Département de l’Hérault, Volume 23 à la page 246.
(3) Wikisource, lexique de l’ancien français. https://fr.wikisource.org/wiki/Lexique_de_l%E2%80%99ancien_fran%C3%A7ais/38
(4) Alcée, Durrieux, Dictionnaire étymologique de la langue Gascogne, Auch, 1901, page 132. En son temps, j’avais acheté les deux tomes au cas où. Voilà qu’ils me servent aujourd’hui.