Un représentant qualifié du gouvernement allemand allait faire de nouvelles propositions de paix. Le ministre d’Allemagne à Bruxelles, le baron von der Lancken allait faire des propositions à la Belgique et à la France avec l’accord de l’empereur Guillaume II. Von der Lancken a choisi trois personnes réputées pour leur patriotisme : la comtesse de Mérode et les barons Coppée.

Ces derniers ont été chargé de rentrer en contact avec le gouvernement belge. Le ministre d’Allemagne a ainsi rencontré plusieurs fois la comtesse de Mérode et s’est aussi entretenu avec le Cardinal Mercier. C’est à cette époque que Charles de Broqueville abandonne le ministère de la Guerre pour le confier au général de Ceuninck et prend le portefeuille des Affaires étrangères laissé vacant par le baron Beyens.

Conversations très privées entre le roi et les alliés

Conversations très privées entre le roi et les alliés

Dans diverses conversations, von der Lancken a transmis à Coppée que l’empereur Guillaume II avait le désir sincère d’arriver à la paix. L’heure était de s’entendre. Continuer la guerre serait un crime ! « La Belgique envers laquelle l’Allemagne a eu des torts devait servir d’intermédiaire pour une paix réparatrice du présent et garante de l’avenir ». Le baron Coppée lui ayant affirmé que M. de Broqueville n’avait qu’un but dans sa vie : servir et défendre l’intérêt de la nation belge, von der Lancken lui répondit : « S’il vous donne sa parole de ne rien divulguer, vous pouvez répéter tout ce que je vous ai dit » Il répéta encore : « L’Allemagne est décidée à restaurer la Belgique dans la plénitude de son ,indépendance politique, financière, économique et militaire, ainsi qu’à réparer tous les préjudices matériels causés. Si M. de Broqueville accepte une entrevue, il recevra un engagement écrit de ce qui précède ». Von der Lancken avait parlé pour la Belgique. Rien n’a été dit pour la France et les autres alliés.

 

La déclaration de M. de Broqueville de ne rien faire sans accord des alliés n’arrête pas un seul instant von der Lancken. Ce dernier se décide à entrer en pourparler aussi avec la France. Menant en parallèle des négociations à Bruxelles et avec la France par des intermédiaires choisis il devait presque abandonner l’Alsace et la Lorraine à la France en sachant qu’une donnée nouvelle intervenait : « …Pour l’avenir, l’application de l’arme aérienne a modifié les principes de détermination des frontières stratégiques qui avaient été appliqués en 1870 . »

Conversation entre Charles de Broqueville et Aristide Briand.

Conversation entre Charles de Broqueville et Aristide Briand.

Von der Lancken choisit M. Aristide Briand comme négociateur et intermédiaire pour la France. Il le connaissait déjà pour l’avoir rencontrer à Paris. Le baron von der Lancken écrira dans ses mémoires : « Je fus poussé dans mon choix par mes relations officielles et personnelles avec Briand pendant mon séjour à Paris… ». Cette simple phrase montre bien que c’était lui qui prenait l’initiative de faire les premières démarches du côté de la France comme il l’avait fait quelques mois auparavant avec la Belgique.

Il devait y avoir une entrevue en Suisse dans un hôtel d’Ouchy qui devait réunir von der Lancken, Briand, Coppée et la comtesse de Mérode. C’est le ministre des Affaires étrangères M. Ribot qui a fait capoter le projet en signalant aux alliés toute son opposition dès le départ de cette affaire contre l’avis du président de la République, en falsifiant une lettre de M. Briand et en rajoutant un commentaire que ne faisait que détruire ce projet. M. Ribot ayant joué cavalier seul, la rencontre a été interdite par ce dernier. Les pourparlers de paix s’arrêtèrent brusquement.

Géry de Broqueville