L’année 1910 marquait le début du règne du roi Albert Ier, neveu de Léopold II décédé le 14 décembre 1909. Le parlement et le pays lui-même étaient divisés sur les questions scolaires, religieuses et militaires. Les élections de 1910? eurent pour résultat de réduire à 6 voix la majorité catholique du Parlement.

Pour éviter une crise ministérielle, M. Schollaert, chef du cabinet, se vit obligé de remanier son ministère. Parmi les nouveaux venus figurait le baron de Broqueville, député catholique de Turnhout à qui l’on donna le portefeuille des Chemins de fer, Postes et Télégraphes (voir les conditions de son acceptation). Charles de Broqueville n’avait aucune ambition si ce n’est d’être utile à son pays. Ministre pour la première fois, il se consacre à l’étude des multiples rouages de son ministère. Plus tard, sa connaissance parfaite de l’organisation des chemins de fer belges lui rendra les plus grands services lorsqu’il sera à la tête du ministère de la Défense nationale.

Il exigea de son administration un énorme travail qui était d’établir le fonctionnement des chemins de fer avec ses 100.000 hommes et ses 250 règlements. Il voulait des réformes dans tous les domaines. En premier lieu, il voulait une augmentation des salaires, notoirement insuffisants ainsi que les conditions d’avancement.Dans ces domaines presque rien n’avait changé depuis de nombreuses années malgré une tentative méritoire de Helleputte, qui s’était enlisée. Son successeur s’était affronté au même problème : Libaert, le ministre des finances, refusait tout supplément de dépenses. Broqueville s’obstina en mettant son portefeuille dans la balance. C’était lui ou les réformes. Il obtint gain de cause, grâce à l’intervention de Schollaert. En mai 1911, on était à la veille de l’exécution du plan. Des projets encore plus grandioses, étaient encore à l’étude comme la jonction entre les gares du Nord et du Midi. Le ministre y tenait beaucoup.

En juin 1911, un projet de bon scolaire refusé par la chambre amène la chute du ministère Schollaert. La dissolution du Parlement devenait inévitable. En attendant, il fallait un ministère qui aurait la tâche ingrate de gouverner jusqu’au lendemain de la consultation électorale. Charles fut chargé de constituer ce nouveau gouvernement.