Après l’acquisition d’un objet, l’on peut s’interroger sur sa provenance. Il est parfois étonnant le chemin parcouru par un objet, passant ainsi de mains en mains. Il en va de même pour une plaque de verre de Charles de Broqueville, récemment acquise par mes bons soins. Ces acquisitions regroupent ainsi moult souvenirs de la famille qui ont été dispersée probablement lors d’un héritage. Les enfants n’ayant pas été informés ou n’ayant pas reçus des notions de culte des ancêtres.1
C’est très dommage. C’est ainsi que se perdent les archives familiales, par le partage, entre frères et sœurs, de documents, d’objets qui n’ont plus de sens pour les uns et les autres. Parfois, les papiers sont brûlés ou jetés voire recyclés. Ceux-là sont définitivement perdus. D’autres se trouvent dans les brocantes, ou sur quelques sites Internet d’enchères. Si un autre membre de la famille à l’œil, le bon instinct ou la connaissance, il achètera ce qui aurait pu être donné. J’ai fait par le passé l’acquisition d’un tableau de Jean de Broqueville, enfant, d’une timbale et d’un ex-libris Broqueville, d’un livre de Guillaume de Saluste du Bartas, etc.
Car l’être humain est ainsi fait. Il préfère vendre, se faire de l’argent sur le dos du passé. Et s’il demande trop cher, cela passera dans d’autres mains. Ces objets ressortiront un jour, peut-être, dans la vente d’une collection, d’une succession.
Donc, voici un objet qui resurgit au Royaume-Unis, acheté dernièrement sur Ebay. Cette plaque de verre n’est pas un négatif mais bien imprimée en positif. Cela veut dire qu’elle est supposée être une diapositive qui est projetée sur un mur.
Cette image a servi notamment à l’impression des images de la série ‘Félix Potin’. Sous le Second Empire, Félix Potin fonde une épicerie. Il développe son commerce à Paris grâce à une conception novatrice du métier d’épicier. Commerçant, Potin possède également sa propre usine de transformation des produits bruts qu’il achète. Ses héritiers poursuivent le développement et la transformation de l’enseigne jusqu’à sa cession et sa disparition en 1995. 2
J’ai redécouvert récemment que j’avais écrit, il y a déjà fort longtemps, Un texte sur les pertes de notre ancêtre JJB, durant la Révolution française.
D’ailleurs, les révolutions sont des moments extrêmes. Ainsi durant celle de 1789, un mémoire du juge de paix de Monfort 3 qui a la page 9 signale ceci : « On a vu la force armée, le sabre à la main s’introduire dans la maison de la veuve Colomé de Monfort et sans respect pour la vieillesse et les infirmités, elle lui inspira tant de frayeurs par les terribles menaces qu’elle termina ses jours dans des convulsions aussi déchirantes que pitoyables« . La veuve Colomé n’est autre que Marguerite de Fraissé, veuve de Jean-Baptiste de Broqueville de Colomé (1689-1771).4
Je savais qu’elle était décédée après 1783 mais sans date précise. Selon ce témoignage, elle est encore en vie durant la Révolution française. La personne qui commandait ces troupes déchaînées était un habitant de Monfort qui avait été nommé par le Directoire (1795-1799). Il est devenu commissaire de la révolution en ayant tous les pouvoirs. Le commissaire Berniès s’est comporté comme un fou furieux. Il a détruit tout sur son passage et envoyant plus d’un, même des laboureurs dans les cachots de Auch.
La date de décès de Marguerite de Fraissé, par déduction, la veuve Colomé est décédée entre 1795 et 1799. J’opterais plus pour 1795. Le commissaire Berniès a été nommé dès 1795 et a été révoqué par ce même directoire. Or la fin du directoire est située en 1799. Apparemment, la rage dévastatrice du commissaire Berniès se déclenche dès sa nomination. Il semblerait que le juge de paix Dupouilh cite des faits de violence chronologiquement. On peut, raisonnablement, se dire que la dame de Colomé a été molestée fin de l’année 1795. Elle est donc probablement décédée peut après, soit en 1796. Nous retenons cette date jusqu’à preuve du contraire.5
Voila donc une belle histoire d’acquisition d’un objet, somme toute mineur. Une dia légèrement différente se trouve dans la bibliothèque du Congrès américain à Washington.
Géry de Broqueville