Dans l’exposition de La Mazelle, sur le panneau décrivant les positions des membres des familles ou des amis sur le front de l’Yser, l’on se rend compte combien cela devait être dur de rester pendant quatre ans dans cette bande étroite qui partait de Nieuport jusque Verdun en passant par les deux villes martyrs belges qu’ont été Ypres et surtout Dixmude. Des tranchées, il y en avait à perte de vue… Ces tranchées étaient habitées, en permanence, par les piottes en Belgique et les poilus en France.
L’expression « poilus », qui nous vient de France, désigne ces nombreux soldats qui étaient «perdus quelques part dans l’immensité de la ligne de front qui partait de Nieuport et qui se terminait aux portes de Bâle». Elle évoquait la vie pénible dans les tranchées, surtout en hiver ou par temps de pluie.
Un livre plein d’ironie, écrit sous pseudonyme par Jean Meusien, décrit la vie du « piotte » dans les tranchées de l’Yser. Ce petit opuscule d’une soixantaine de page, publié en 1918 à Paris, nous décrit la vie quotidienne des tranchées du front belge, et ce qu’elle pouvait avoir de monotone. (voir un extrait sur le panneau «écrits de guerre»).
En effet, comme le Roi Albert voulait préserver la vie de ses soldats (1), le front resta figé entre 1914 et 1918 jusqu’au moment de la grande offensive allemande début avril 1918 et la contre-offensive alliée qui devait amené la rééditions des Allemands le 11 novembre 1918. Les soldats, tout en renforçant leurs positions, attendirent souvent de longs jours dans l’inaction, tout au contraire des armées françaises, anglaises et allemandes, qui ont sacrifié des millions de vies humaines dans des batailles absurdes sans gain de terrains. Tout le monde a en tête les images terribles de cette guerre.
Les « piottes » qui avaient, au front, un appareil de photographie ont pu saisir plus souvent des photos de repos parfois dans l’attente d’un prochain bombardement ou d’une attaque surprise, ou encore, des moments de retrouvailles familiales pour ceux dont la famille se trouvaient derrière les lignes. Ci-dessous des photos inédites sorties d’albums photos retrouvés.
Ainsi Jacques de Broqueville nous a laissé de nombreux témoignages de la vie quotidienne, tant dans les tranchées du côté de Nieucapelle (ci-dessous, à gauche) qu’au pied des canons dont il était servant. Les soldats passaient le temps à toutes sortes d’occupations.
Certains sculptaient dans les déchets d’obus ou tout autre type de matériaux, des objets fétiches. Parmi les affaires de Jacques, ramenées du front, la famille a conservé une chevalière sculptée en laiton et gravé de ses initiales.
Géry de Broqueville
(1) Il existe aussi d’autres raisons comme celle que la Belgique a eu son territoire violé par les armées allemandes car elles voulaient attaqués la France et l’Angleterre. Aux yeux du Roi Albert Ier, la Grande guerre n’était pas la guerre de la Belgique. La Belgique a vu sa neutralité violée par l’un des garants de cette neutralité. C’est pour cette raison qu’il ne voyait pas pourquoi, il fallait envoyer ses soldats à une mort certaine alors que le pays était victime du passage des troupes allemandes sur son territoire.