Ce n’est pas le nom d’un service secret de sa gracieuse Majesté comme cela pourrait le faire penser. Il s’agit du numéro de la bobine de microfilm d’un registre des baptêmes de Monfort de l’année 1595 à 1617 se trouvant aux archives départementales du Gers à Auch. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai toujours eu une aversion de lire sur microfilm. Il est probable que c’est parce que l’on s’esquinte encore plus les yeux à essayer de lire les documents en négatif que de les lire en positif, même sur un écran d’ordinateur.
Je me suis plié à cette règle me disant que je devais passer outre cette aversion, ce qui me permettrait quand même de trouver quelques renseignements supplémentaires sur la famille ou encore quelques nouveautés dénichée. J’ai pris le parti de photographier l’ensemble du document et de le lire en positif sur mon ordinateur. Il s’agit quand même de 66 pages, ce qui n’est pas évident avec l’écriture parfois fantaisiste de ces prêtres, mais aussi du à la mauvaise qualité des encres, comme les taches qui peuvent occulter les noms.
Le résultat de la lecture dépasse mes espérances et me convainc qu’il faut quand même aller à la pêche aux informations avec ce genre de support. Mais rien ne vaut le papier, je vous l’assure.
Ma lecture commence sur l’année 1609 où je ne trouve aucune indication. C’est sur l’année 1610 que je découvre une première référence à ma famille « 3 juin 1610 Jean Lafitte fut baptisé fils de François Lafitte et de Anthonie Broqueville, le parrain Jean Broqueville et marraine Marie Carrette » Anthonie Broqueville est la fille de Arnaud, brassier et de Jeanne Bonneborgoigne. Arnaud est fils de Jean Vieux (+ av. 1616) et de Marie Carrette (+ ap. 1610). Je ne connaissais pas de descendance d’Anthonie. D’ailleurs plus loin dans le registre nous trouvons la naissance de Anthonie Lafitte en 1612. (7 avril 1612 Anthonie Lafitte fille à François Lafitte et sa mère Anthonie Broqueville le parrain Antoine Lafitte et marraine Jeanne Caubet)
Le 14 novembre 1610, je découvre que Marie Broqueville fille de Jean et de Jeanne Limoges. Les parrain et marraine sont Jean Limoges et Marie de Teule, père et mère de Jeanne. Marie a eu un destin horrible puisqu’elle a vu ses quatre enfants mourir de la peste, son mari, Pierre Dupuy, ensuite et pour finir elle y est passée aussi en 1653.
Ensuite, je découvre un acte de baptême que je cherche depuis au moins 10 ans et qui était cité dans un site Internet concernant la descendance de la famille Latrobe. Il s’agit de ce texte : « Le 23 août 1611 fut baptisé Joseph Latrobe fils de Isac Latrobe et de Marie Labaule tenu sur les fonds baptismaux par Joseph Broqueville et Judy Saint-Martin. » Comme quoi, je me sens stupide de n’avoir pas aborder plus tôt les microfilms alors que je fais des recherches depuis 2004 dans les AD32. En même temps la signature de Joseph Broqueville marié à Judith Saint-Martin m’indique que j’ai du intervertir les deux Joseph en ma possession. Il y a Joseph fils de Janotet qui a cette signature or il est marié à deux autres femmes (Lavedan et de Boiber) et il y a le Joseph qui est né de Jean Vieux et de Marie Carrette. Je vais devoir analyser les très nombreuses signatures de ces deux personnages pour essayer de répartir les bonnes signatures aux bons endroits ! Ce sera l’étape après la lecture de ce registre.
Je ne cite pas les moments où les Broqueville sont parrains ou marraines d’enfants qui semble-t-il n’ont rien avoir avec ma famille bien que je les garde en réserve, on ne sait jamais. Il est très probable qu’il y a alors un lien de parenté avec l’épouse du Broqueville comme par exemple ici : « 26 mars 1615 Dominique Carboire fils de Pierre et Antoine Duputz Parrain Dominique Carrette la marraine Jeanne Lamic et a été baptisé par moi maître Laurent Mazars, prêtre recteur dudit Monfort signant avec Joseph Broqueville et David Lafitte signé avec moi« .
L’habitude en ces temps là est de donner le prénom du parrain ou de la marraine selon le sexe de l’enfant. Mais il y a des exceptions comme ici : « Le 7 octobre 1615 Gabriel Broqueville fils de Jean Broqueville, fils d’Antoine et de Jeanne Limoges et ainsi apporté sur les fonts du saint Baptême par maître Jean Lauzéro notaire et Blasie Mauchet sa femme comme marraine lequel Lauzéro parrain eut signé avec moi« .
Ce registre de baptême permet de donner des précisions. Je connaissais l’existence de Marguerite parce qu’elle était citée dans le testament de sa tante et marraine Marguerite Broqueville qui a épousé Jehan Montangier. « Le 2 février 1616 a été baptisée Marguerite Broqueville fille de Bernard Broqueville et Barthélémie Espiau et a été baptisée et portée sur les fonts du saint baptême par Jehan Montangier et Marguerite Broqueville sa femme fait par moi Laurent Mazars prêtre et recteur soussigné avec ledit Montangier parrain avec moi« . J’ai eu tellement de mal à découvrir le nom de l’épouse de Bernard dans les actes notariés, alors qu’ici, le texte est très clair.
Voilà encore un nouveau Broqueville. Je savais déjà que Janotet Broqueville avait une nombreuse progéniture, le voici avec un onzième enfant : « 13 mars 1616 a été baptisé Guillaume Broqueville fils de Janotet Broqueville et de Guillemette Lanes son parrain Jean Broqueville et marraine Guillaumette Donat« . Dans les actes notariés, on retrouvait Guillaumette Donat ou Doat. Les deux familles coexistent à Monfort. Dans ces actes on a la confirmation qu’il s’agit bien de la famille Donat.
L’acte suivant donne enfin le nom de l’épouse d’un Bernard : « Le même jour ci dessus (9 septembre 1611) Pierre Broqueville fut baptisé fils de Bernard Broqueville et Jeanne Bourlonnière et le parrain Pierre Broqueville et la marraine Marie Busquet ». Bernard est le fils de Jean Broqueville (+ 1652) et de Marguerite Dulaur (+après 1667). Pierre est un Broqueville qui m’était inconnu.
Et en voici un autre de Broqueville qui se révèle à nous : « Le 18 novembre Louis Broqueville fut baptisé fils de Jehan et de Guillaumette Donat le parrain est maître Jean Lauzéro et la marraine Blasie de Mauchet sa femme« . Si l’on voit les Lauzéro fréquemment comme des parrains, n’oublions pas que le notaire Jean Lauzéro est le fils de François et de Blasie Broqueville d’Empiroy.
J’ai toujours trouvé bizarre le prénom de Gracie Broqueville, parfois présentée comme Gracio ou Gratio. Ce n’est absolument pas un prénom courant et elle est la seule à porter ce prénom. Son acte de baptême nous donne l’explication de ce prénom. « Le 27 mai 1613 Gracie Broqueville fille de Jehan et de Jehanne Limoges parrain Gratian Limoges et marraine Ralinde Limoges frère et sœur« . Il s’agit donc de la forme féminisée du prénom masculin Gratian, qui du reste au même titre que sa sœur, est rare.
« Le 1er septembre 1613 Jehan Broqueville fils de Bernard et Barthélémie Espiau le parrain Jehan Espiau et Gratienne Prious« . On connait maintenant la date de naissance de ce Jehan Broqueville qui plus tard deviendra greffier de Monfort. Jehan Espiau est le frère de Barthélémie et non pas le père, déjà décédé au moment du pacte de mariage entre elle est son mari Bernard Broqueville.
Un autre prénom « bizarre » était celui de Mathiuo qui on s’en doutait devait être la féminisation de Mathieu. En fait, il est le diminutif de Mathieue qui est le vrai prénom. Il s’agit donc bien de la date de baptême de Mathieue Broqueville fille de Janotet et sa marraine existe bien puisqu’elle est la sœur de son père Janotet. Celle-ci est bien mariée à Jean Lasserre : « Le 12 novembre 1613 Mathieue Broqueville fut baptisée fille à Janotet Broqueville et Guillemette Lanes le parrain Jean Lasserre et la marraine Mathieue Broqueville« .
Enfin un nœud comme je les affectionne particulièrement. Je suis face à une confirmation de naissance de Ramond fils de Jean Broqueville et de Guillemette Donat, le 5 janvier 1614 mais le parrain me pose problème. En effet, c’est un Broqueville mais son prénom est encore plus bizarre. J’ai vraiment du mal à déchiffrer. J’ai soumis cet énigme à des paléographes qui ne tombent pas d’accord sur ce mot. Les uns voient Louis, les autres voient Jerje (Georges) ou encore Jean. Il reste que c’est ce prénom qui emporte le plus de succès. Je vais maintenir le prénom Jean en sachant qu’il n’est pas rattaché à une branche actuellement. Le seul avantage est qu’il sait signé. Cela permettra peut-être de trouver un jour une autre de ses signatures et de déterminer qui est ce personnage comme du reste Jeanne Broqueville la marraine qui n’est pas identifiable en tant que telle, bien que j’en ai quelques unes en stock !
« Le 9 octobre 1616 fut baptisé Pierre Broqueville fils de Jean et Guillaumette Donat parrain Pierre Broqueville marraine Marie Busquet » Voilà donc un nouveau descendant de ce couple.
Ce registre est un ensemble de pages de diverses dates pas forcément rangées comme il faut puisque c’est trois pages avant la fin qu’il y a une seule référence à 1595 qui est la date de baptême de Gratian Limoges qui est devenu parrain de Gracie (voir ci-dessus) en 1613. Gratian Limoges est né le « 20 juillet 1595 a été baptisé Gratian Limoges le parrain est (vide) et la marraine Gratie de Monloy fils ledit Gratian de sieur Jehan Limoges et de Marie de Teule fait par moi soussigné« .
Les dernières pages sont encore plus difficiles à déchiffrer. Il faut avoir l’œil aiguisé d’un fin limier du réel MI5 pour s’en sortir. Ainsi la dernière page reprend en vrac des inhumation. La première de celles-ci concerne un Jehan Broqueville. J’ai quand même trop de chance. Il est indiqué ceci : « Le premier jour an 1615 mois d’août a été enseveli Jean Broqueville vieux« . Parmi tous les Jean, il y en a un dont j’ai déjà établi qu’il est décédé entre mars 1615 et août 1616. Il est donc très probable que ce soit bien le bon personnage puisqu’il est décédé dans les dates déjà identifiées.
C’est ainsi que se termine ce registre qui m’a permis de faire avancer mes recherches quelque peu en précisant surtout les dates de naissance et quelques noms de personnages. On a vu apparaître quelques nouveaux Broqueville dont ce fameux Jean Broqueville avec une signature nouvelle (voir photo ci-dessus). Il est donc aussi temps de refaire tout le travail concernant les deux Joseph distincts. Je dois reclasser à nouveau les actes de l’un et de l’autre puisque j’ai fait un doux mélange depuis quelques années. Il est donc temps de le faire au risque de me planter à nouveau.
Géry de Broqueville