Au moment de commencer à lire le testament du sieur de Bousquier, j’avais la sensation de l’avoir déjà lu quelque-part. En fait, ce n’était que l’intitulé de ce testament qui se trouvait dans une table de matière du registre d’un notaire. 1 A mes yeux, ce registre était perdu et la seule chose que je connaissais était l’année du testament, 1638. Le nouveau recentrement des Archives départementales du Gers, de 2021, a fait apparaître ce registre de 1638 et bien d’autres encore.

C’est ainsi que j’ai trouvé le texte en entier dans le registre du notaire Sabathier. 2 Ce texte n’est vraiment pas évident à lire mais des informations importantes s’y trouvent. Le testament de Pierre de Bousquier 3 confirme beaucoup de recherches réalisées auparavant. Ce testament détaille sur près de trois pages, la dot de son épouse, Anne-Marie de Longpuy, issue d’une donation 4 réalisée deux mois après leur pacte de mariage, daté du 24 juin 1631. 5

La dot du couple Bousquier-Longpuy

Cette dot n’est pas rien du tout en comparaison de la fortune des habitants de Monfort. C’est littéralement la valse des milliers de livres. Le père.6 de Anne-Marie donne 2000 livres, son épouse, Louise-Gabrielle de Cousant en donne, 1000. Son beau-frère qui est Jean-Philibert de Longpuy 7 en donne autant. Et puis arrive aussi un de ses oncles qui en donnera 1000 aussi pour un total de 5000 livres sans compter les nombreux meubles, pièces de tissus, comme les robes, les draps, essuie et les joyaux nuptiaux. Ces sommes d’argent arriveront près de 10 ans plus tard chez le couple Bousquier/Longpuy. Pierre de Bousquier fera quittance pour la somme promise de 1000 livres, le 5 juillet 1639, chez J. Mener, notaire royal de Mauléon. 8

Alors que Pierre de Bousquier se sent au plus mal, 9 il explique que le contenu de la dot de sa femme est intacte. Il lègue à celle-ci 2500 livres en sachant que les autres 2500 iront à leur fille unique Jaquette de Bousquier (v.1632-1652). Pierre et Anne-Marie ont donc une fille qui sera unique d’ailleurs. J’avais une estimation de date de la naissance de Jaquette, 1632. Ce qui reste donc plausible. Pierre ne parle pas de l’âge de sa fille mais explique que quand elle se mariera, elle recevra en dot ses biens ainsi que les 2500 livres que son épouse n’aura pas reçu. Libre à elle de lui donner sur ses 2500 livres ce qu’elle veut au moment de son mariage.

Mariage en 1651

Il faudra donc attendre le 14 janvier 1651 pour que Jaquette se marie avec Jean II Broqueville d’Endardé, La mère de Jaquette, Anne-Marie de Longpuy vit encore à ce moment, pour quelques mois seulement. Elle décède le 26 novembre de la même année, comme si elle devait connaître le nom de son mari et être la garante de la transmission des biens de son mari et les siens.

Anne-Marie de Longpuy ne verra donc pas la naissance de son petit-fils, Jean Broqueville d’Endardé (1652-1658). Il décèdera 6 ans après le décès de sa mère, Jaquette. Il semble que cette dernière décède juste après la naissance de son fils voir au moment de l’accouchement.

Jean II est le fils de Jean Ier Broqueville d’Endardé (1585-1661) et de Françoise de Saint-Arroman (1600-1655). Jean II, après le décès de Jaquette de Bousquier, se remarie le 20 septembre 1656 avec Brigitte Marie de Cotignon (1627-1697). Il aura de ce mariage 10 enfants (7 garçons et 3 filles). La descendance Broqueville est assurée, c’est de là que tous les Broqueville actuels descendent. Mine de rien le mariage de Jean II et de Jaquette de Bousquier ont clairement mis du beurre dans les épinards.

Jean II décède le 14 décembre 1705. 10 En ce qui concerne les meubles, aucun ne nous est parvenu à travers les siècles au vu de la destruction sauvage de tout le mobilier se trouvant chez Jean Joseph Bernard de Broqueville d’Endardé (JJB) au moment de la Révolution française.

Mort plus tard…

Dans la marge de la donation de 1631, il est écrit ce texte : L’an 1640 et le 4 juin dans la ville de Monfort et devant moi notaire royal soussigné plus les bas nommés constitue en leur personnes noble Pierre de Bousquier époux de Anne-Marie de Longpuy marié sa femme faisant liens audit sieur de Bousquiers à laquelle a donné plein pouvoir présent à faire et payer le prix de la dot. (…). Cela donne deux informations : En 1640, Pierre n’est pas encore décédé 11 et deuxièmement, les sommes d’argent promises par la famille de Longpuy ne sont pas encore versées. Ce n’est pas nouveau que les époux doivent courir après les sommes promises dans les donations ou les dots.

Ce testament nous donne beaucoup d’informations ! C’est bien la preuve que si tous les notaires actuels du Gers déposaient leurs plus vieilles archives, il y aurait matière à de nouvelles découvertes. Et pourtant, en France, une loi impose aux notaires de déposer leurs vieux grimoires dans les Archives départementales. Certains, ne connaissant pas cette loi, s’en débarrassent en les jetant. Quelle misère !

Géry de Broqueville

  1. Notaire Mathieu Sabathier, côte E1468 des Archives départementales du Gers à Auch – 21835 voir photo d’introduction.. ↩︎
  2. Notaire Mathieu Sabathier, côte 3E8965 aux AD32 – 30405-30412. ↩︎
  3. Pierre de Bousquier était docteur en droit et puis avocat. Avant même la naissance de sa fille Jaquette, il était déjà en relation avec les Broqueville. Nous verrons cela dans un prochain article. ↩︎
  4. Cette donation a été reçue le 20 août 1631, par le notaire Labaule côte 3E8831 aux AD32 – 12603-12605 ↩︎
  5. Ce pacte de mariage a été reçu par le notaire Defauve, à Aurillac, dans le département du Cantal. Les Archives départementales situées à Aurillac n’ont pas les archives de ce notaire. C’est dommage, nous aurions pu connaître l’ascendance de Pierre de Bousquier. ↩︎
  6. Il s’agit de Oddar de Longpuy. Il est décrit dans la donation de 1631, comme écuyer seigneur de Mauléon, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et capitaine entretenu pour le service de sa majesté. ↩︎
  7. Jean-Philibert de Longpuy, fils de Oddar, sieur de Mauléon et de Bruffaneau, premier écuyer de monseigneur le Duc d’Epernon ↩︎
  8. Le fait que ce soit un notaire royal de Mauléon montre bien que les Longpuy sont seigneurs de cette ville et non pas de la métairie de Mauléon sise à Monfort. Mauléon est une petite ville du département des Deux-Sèvres. ↩︎
  9. Pierre a déjà failli mourir en 1634 et a guéri selon certains de manière miraculeuse. Voir article en cliquant ici. ↩︎
  10. Son fils Louis x Marie de Solaville donnera Jean-Baptiste qui se mariera avec la toulousaine Jeanne-Marguerite de Fraissé et enfin arrive JJB. Ce dernier est le grand-père du premier Broqueville né en Belgique, Stanislas et donc arrière-grand-père du ministre Charles. ↩︎
  11. Sur base de cette information, j’estime qu’il est décédé entre entre août 1644 et décembre 1646. Nous verrons donc cela dans l’article suivant. ↩︎