Voilà un bel accord qui précise bien les pièces du puzzle que j’ai mis tant de temps à reconstituer ces dernières années à propos de cette branche de Janotet. Grâce à cet accord entre le père et le fils, j’ai la preuve concrète de deux des trois mariages de Joseph !
Pour ce qui est du père, il s’agit de Janotet Broqueville (vers 1564-1652) et de son fils aîné Joseph (vers 1590-1642). Dans cet accord rédigé chez le notaire Mazars (1), il est très difficile de comprendre le motif du litige entre père et fils. En fait, il est tout simple. Mais juste avant de vous donner la clé de compréhension du texte, je vous donne les textes pour chacun des deux mariages.
« Comme dit aussi que par le pacte de mariage passé le 8 décembre 1613 entre Joseph Broqueville fils de Janotet avec Judith Saint-Martin ayant été constitué par Jean Saint-Martin père de ladite Judith la somme de 600 livres et joyaux nuptiaux et autres possessions audit pacte reçu par feu maître Jean Lauzéro notaire de Monfort laquelle constitution avait été reçue et reconnu par ledit Janotet son ?? et ?? son ?? par date du 31 mai 1621 reçu par ledit feu Lauzéro et par le même pacte icelui Janotet avait baillé audits mariés la jouissance et ladite constitutions de deux cazals de vignes au pausant de Canet et deux pièces de terre et une maison assise dans Monfort et certains meubles et plein objets audits parties. » De cette partie de texte, on la date exacte du pacte de mariage de Joseph et Judith Saint-Martin, passé devant feu maître Jean Lauzéro dont on ne connaissait pas le contenu vu que l’on avait que l’intitulé dans un sommaire du registre. On découvre maintenant le nom du père de Judith Saint-Martin et enfin on connaît le contenu de ce pacte aujourd’hui disparut.
Le second mariage
Voici le texte concernant le second mariage : « Et ayant ledit Joseph convoler à noces nuptiales avec Charlotte de Lavedan par leur pacte du 4 août 1630 retenu par maître Mathieu Sabathier notaire dudit Monfort , le susdit Janotet Broqueville avait donné à Joseph son fils la propriété et les maisons, vigne et terre ?? auquel suivant pacte à condition que ledit Joseph lui ferait tenir quitte de la somme de 120 livres par lui reçue ?? ?? ?? parties et les constitutions faite à ladite Saint-Martin ?? lesquels ?? parce de mariage ayant ledit Joseph Broqueville ?? à noble François de Percin, seigneur de Lauret la somme de 480 livres. » Ce texte nous apprend juste le contenu du pacte de mariage de Joseph avec Charlotte de Lavedan vu que lui aussi a disparu aujourd’hui et est cité dans les sommaires du notaire Sabathier (2) Par ailleurs Charlotte de Lavedan a été très probablement adoptée par ceux qui sont ses père et mère c’est-à-dire François de Percin, seigneur de Lauret et Louise de Lautrec.
Le litige
Le texte qui suit donne l’objet du litige, c’est-à-dire un accord à postériori entre le père de Joseph et le père de Charlotte de Lavedan pour équilibrer les sommes et terres reçue par Joseph au moment de son premier mariage : « (…) lesquelles constitutions et institution de noble François de Percin reçut le 8 février dernier retenu par ?? notaire et ?? ?? et ???? ?? ?? dudit Janotet Broqueville ayant été signé de la caution d’autorité de monsieur de Sénéchal d’Armagnac, siège de Lectoure et le susdit Janotet étant sur le point de former appointements sur ladite ?? y celui et de Lauret aurait retranché les sommes ?? dudit Joseph par acte ?? ?? et signé code sa main daté du premier jour du présent mois et suivant lesdites parties viennent en paix et amitié par l’intermédiaire de leurs parents et amis le sont a conclu dont ?? ?? passé contrat pour ce jourd’huy 12 avril 1635. » L’important aussi est que les tensions entre père et fils se sont atténuées grâce à l’intervention des parents et amis. On peut comprendre Joseph qui s’est senti spolié de l’argent qu’il aurait du recevoir au moment de son second mariage. Une partie de l’argent retourne chez son père. Joseph oublie qu’en 1635, il a encore six autres frères et sœurs en vie. Janotet voit déjà sa fortune s’amenuiser à cause des mariages couteux de son fils Joseph. (3)
Reconnaissance d’un enfant
Autre partie de texte intéressant qui se résume à deux lignes : « Et par même moins celui Joseph a reconnu et ?? reconnait en François son enfant qu’il a eu de feu Judith Saint-Martin« . On découvre ainsi que Joseph a un fils appelé François dont il ne voulait pas reconnaître l’existence. Visiblement, la non reconnaissance de François par son père était une pierre d’achoppement entre le père et le fils. Il est donc très probable que François est un enfant handicapé que l’on doit cacher. Il est étonnant de voir que Joseph ait donné pour prénom à son premier fils conçu avec Charlotte de Lavedan, François, comme s’il y avait volonté de confondre les deux enfants. Nous ne connaissons pas le destin du premier François, mais il a du décéder assez rapidement après cet accord, vu qu’il n’est cité nulle part ailleurs.
Une belle dot, tout de même !
Dans la suite de l’accord, on voit que s’il y a eu rétroaction d’une partie de la somme donnée par noble François de Percin, à Janotet, ce dernier a donné en compensation à Joseph des terres et maisons : « (…) une pièce de jardin assise dans ladite ville de Monfort par la maison ?? et ladite donation contenant deux plaines plus ou moins confrontant aux deux rues publiques appelée de La fontaine, jardin dudit Sabathier et Sanson Carrette étant ?? jardin ?? ?? ?? ledit Joseph une maison assise en la Grand Rue contenant demi place, confrontant à ladite Grand-Rue, maison de ?? ?? praticien et Jean Broqueville, Une pièce de roque au passant appelle à Saint-Blaise contenant 37 places tout autant qu’il y a plus ou moins confort pré dudit Janotet Broqueville, roque de Bernard Broqueville, deux pièces de pré et roque appelé aux Bigourdas constituant 18 places plus ou moins confrontant au pré et roque de Jean Broqueville fils d’Antoine et par les héritiers de Pierre Bigourdan. » Comme déjà écrit dans un article précédent, l’argent liquide est vraiment très précieux et quand on en a en main, on essaie de le garder le plus longtemps possible au cas où l’on doit en donner de manière urgente. Janotet préfère donner des terres en compensation de cette monnaie rarissime.
Voilà donc une affaire qui se termine bien entre un père et son fils. Il va s’en dire que l’on avance petit à petit. Il reste deux inconnues concernant la descendance de la troisième épouse de Joseph, Judith de Boiber. Pour ne pas se perdre dans le dédale de la descendance de Joseph, j’envoie le lecteur vers un prochain article.
Géry de Broqueville
(1) Notaire Pierre Mazars coté 3E8890 aux AD32 (24760-24766). Grâce à cet accord j’ai pu enfin découvrir le prénom de ce notaire !
(2) Notaire Mathieu Sabathier coté E1468 aux AD32, pour les années 1620-1640 (21820-21865)
(3) D’ailleurs Janotet n’en aura pas fini avec Joseph puisque ce dernier aura un troisième mariage avec Judith de Boiber en 1638.