Les rapports entre le Roi et son chef de cabinet sont au beau fixe durant toute l’année de 1917. Cela ne vaut pas dire pour autant que cette année fut de tout repos pour Broqueville qui a fait face à une montée de son impopularité au sein de son gouvernement. Les ministres se rendant compte que le pouvoir leur échappait s’évertuaient à mettre des bâtons dans les roues de leur chef. L’affaire Coppée-Lancken, au moment où Broqueville fait un bref passage comme ministre des Affaires étrangères, dès le début du mois d’août 1917, a permis aux membres de son gouvernement de peser de tout leurs poids pour «exécuter» Broqueville comme l’avait exprimé P. Orts, son chef de cabinet, au profit de Paul Hymans par exemple. (Haag 628)
1917 a vu quelques « sondage de paix » comme celui de Broqueville-Coppée-Lancken qui se déroulait en parallèle avec Briand-Mérode-Lancken. Dans les deux cas, Broqueville et Briand s’en sont sorti affaibli de cette tentative d’approcher les Allemands pour sonder leurs véritables intentions concernant l’éventualité d’une paix générale.
Le Roi a toujours été au coté de son ministre dans cette affaire que d’aucun considérait comme une traitrise face à la loyauté que la Belgique se devait d’avoir avec l’Entente (Axe Angleterre-France-Russie). Certains ministres ont été même jusqu’à prêté allégeance au ministre de France ou comme Gaiffier à transmettre les télégrammes du gouvernement belge à la censure française pour vérification. Le ministre des Affaires étrangères français Ribot avait réussi à s’immiscer dans les affaires belges à un point inimaginable, à l’insu de Broqueville, pour satisfaire l’appétit vorace de Paul Hymans qui a fini par obtenir gain de cause en recevant le portefeuille des Affaires étrangères.
Cette année-là, Broqueville a du aussi réglé la question de la révolte des flamands flamingants tant sur le front qu’à l’intérieur du pays. Là ce n’était pas les libéraux qui lui ont fait des misères mais bien la branche droite extrême de son propre parti.
Géry de Broqueville