Au moment de dire adieu au Roi, fin mai 1918, il lui avait dit qu’il désirait arrêter la vie politique. Le Roi lui avait annoncé qu’il se donnait le droit de le rappeler. Broqueville lui avait dit qu’il fallait alors « une situation presque révolutionnaire » pour qu’il envisage de revenir au pouvoir.
Le 20 novembre le Roi lui envoie un télégramme lui demandant de rentrer à Bruxelles en vue de le nommer ministre de l’Intérieur. Broqueville déclina, avec beaucoup de nuance, rappelant au Roi qu’il n’était prêt à rentrer dans un gouvernement qu’en cas de crise très grave. Il fit ses malles pour rentrer à Postel et ainsi voir son père qu’il n’avait plus vu depuis 1914 (1). Dans le train le ramenant à Bruxelles, il découvrit que le Roi l’avait nommé ministre de l’Intérieur. Il alla chez le Roi pour demander des explications. Le Roi lui dit qu’il venait de passer par des grosses difficultés. En réalité le Roi avait besoin de Broqueville pour faire avaler à la droite catholique des décisions qu’il avait prises avant de rentrer à Bruxelles.
Il s’attaqua au problème du droit de vote universel à 21 ans. Personnellement, Broqueville n’était pas opposé à cela bien que cela sonnait le glas de la suprématie de la droite au pouvoir. Broqueville savait que cette revendication qui était déjà à l’ordre du jour en 1912 allait revenir en force au moment de la libération du pays.
Il prit aussi un autre problème à bras le corps, celui de la restauration des régions dévastées par la guerre. Il s’agissait de trouver le moyen de reconstruire rapidement les villes et villages dévastés par la guerre pour aussi reloger des milliers de personnes. Broqueville mit en avant ses compétences d’organisateur comme il l’avait déjà prouvé en 1914 lors de l’aménagement des bases de Calais, Gravelines, Le Havre, etc, et en 1915 lors de la reconstitution de l’armée.
Il a aussi beaucoup travaillé sur la révision de la constitution. Ainsi Broqueville proposa d’abord une réforme du Sénat avec pour nouveau mode d’élection non pas basé sur le cens mais sur la cooptation, la création du Conseil d’État et le système du referendum comme mode de vote démocratique. Le 9 novembre 1919, Broqueville démissionna de son poste ayant accompli ce que le Roi lui demandait de faire. (Haag 681)
Géry de Broqueville
(1) Il était temps, puisque son père décèdera le 15 mars 1919.