La bataille de l’Yser terminée et le front s’étant figé, la belle unité de vue entre Broqueville et Albert Ier s’est étiolée avec le temps notamment en ce qui concerne le rôle du roi en tant que chef des armées.
Mais avant cette période où les armées du Roi ont montré toutes leurs valeurs, déjà en 1912, cette question avait été soulevée ce qui a entraîné la démission du ministre de la guerre de l’époque, le général Hellebaut. Le général de Ryckel dont les projets avaient été intégralement adopté par le général Jungbluth, chef de la maison militaire du roi et chef de l’état-major, avait convaincu Albert de sa justesse de vue. Ryckel aurait voulu placer l’état-major général directement sous les ordres du Roi, le ministre de la guerre se bornant à gérer les affaires courantes des militaires en fournissant les informations indispensables à son fonctionnement. Le Roi avait alors le pouvoir de diriger personnellement les opérations militaires, en cas de guerre. (1)
Broqueville qui a remplacé au pied levé, Hellebaut comme ministre de la Guerre, s’opposa à cette initiative car il la jugeait illégale puisque tous les actes du roi doivent être contresignées par un ministre. Broqueville a été très rapide sur cette question. Il tança fortement Jungbluth. Mais remettre à sa juste place ce dernier c’était la même chose que remettre à sa place le Roi.
Broqueville senti le piège. Il n’alla pas plus loin sur cette question. Visiblement Jungbluth a eu intérêt, lui aussi, à en rester là, momentanément étant donné que l’on était à la veille des élections et que la victoire de la gauche ne faisait aucun doute, d’autant que Broqueville n’était Président du conseil que par Intérim. (2) En effet, venant de perdre son premier ministère qui a donc duré un an (Chemin de fer, des postes et télégraphes), ce dernier a été nommé par le Roi à cette fonction, le 9 juin 1912, pour remplacer le cabinet démissionnaire de Franz Schollaert, tombé sur la question du Bon scolaire (plus de détails, cliquez ici)
Géry de Broqueville