Les découvertes continuent et ne se ressemblent pas. Je sèche depuis quelques jours sur le cas de Barthélemy Broqueville (*). En effet, dans les actes notariés du notaire Ponsin déposées aux archives départementales du Gers à Auch sous la cote 3E8974 folio 89 et plus on retrouve le pacte de mariage de Barthélemy Broqueville et Jeanne Lasserre.
Ce document daté du 6 décembre 1648 est très riche en information concernant la dot de Jeanne Lasserre mais aussi donne une ascendance différente de celle défendue par Ludovic Mazeret dans son essai généalogique de la famille Broqueville (1). Ce dernier affirme que Barthélemy est descendant « de Jehan dit Janot, troisième fils de Jehan et Jehanne de La Coste qui se maria à Bernarde Poygaté. Il laissa un enfant, Jehan. Ce dernier, de son mariage avec Anne Carrette donne naissance à 6 enfants dont Barthélemy et Blasie qui épousera Jean Lamic Marchand. »
Or la découverte du pacte de mariage de Barthélemy met à mal cette descendance à la fois pour Barthélemy et pour Blasie.
Ainsi l’on voit clairement Barthélemy fils de feu Joseph assisté par Janotet Broqueville, son aïeul. Joseph est décédé aux environs de 1647 (2). Le grand-père de Barthélemy, Janotet ne décèdera le 24 janvier 1652, environ à 72 ans. (3)
La date du mariage religieux entre Barthélemy et Jeanne Lasserre ne nous est pas connu pourtant nous avons les registres paroissiaux de cette époque. Cette cérémonie a du se faire dans la paroisse de Jeanne Lasserre qui se trouve dans la juridiction d’Auch. Bien que nous connaissions le patronyme « Lasserre » à Monfort, Jeanne habite « le faubourg de (illisible) en Lomagne ».
Ce pacte permet aussi d’éclairer certains faits d’autant plus que l’on connaît aussi la composition de la famille de Jeanne Lasserre. Elle est la fille de feu Pierre et de Marguerite Dauné. Cette dernière est remariée avec Jean Mare au moment du pacte. Ainsi dans le même registre paroissial on trouve le texte suivant : « Le 9 octobre 1652 a été baptisé Jeanne-Marguerite Gimat fille de Jacob Gimat tailleur et Anne Dauné ayant parrain Barthélemy Broqueville maître chirurgien et sa femme Jeanne Lasserre, marraine. » Cela permet de mieux comprendre les liens entre les familles. Anne Dauné doit être probablement une nièce de Marguerite.
Un autre texte du registre paroissial de 1663-1672 on découvre aussi un texte intéressant qui rapproche la fratrie : « Le 22 juillet 1670 fut baptisé François Lamic fils de Jean et de Blasie Broqueville. Parrain Barthélemy Broqueville, marraine Françoise Dauné par moi Arquier recteur. » Or pour que Blaise Broqueville choisisse une Dauné comme marraine il faut la connaître et en être proche.
Dans Ludovic Mazeret, Blasie est aussi fille de Jean et de Anne Carrette. Ici aussi il s’agit d’une erreur car Barthélemy et Blasie son frère et soeur. Prenons la date de naissance de Blasie qui est aux environ de 1637. Cette date correspond et est dans la suite logique des frères et sœurs nés avant elle (4). Nous n’avons pas la date de naissance de Barthélemy mais cela devrait correspondre d’autant que les décès sont tous de la dernière décennie du XVIIe siècle. Les dates de naissances des enfants de Jean et de Anne Carrette se rapprochent plus du début 1600 bien que nous ne soyons pas riches en date de naissance pour ce rameau.
Dans le pacte de mariage, les témoins sont deux Broqueville : Blaise, bourgeois et Joseph, marchand. Pour ce qui est du premier il doit s’agir de Blaise, sieur de Maussombat fils de Jehan et Anne Carrette vu que dans la branche bourgeoise, il n’y en a pas d’autres à cette époque. Le deuxième, Joseph doit être le neveu qui a 22 ans à la date du pacte. Il est le fils du frère de feu Joseph (père de Barthélemy), Andrieu qui a épousé Andrianne Lacourt.
Cela montre aussi que les deux rameaux sont proches l’un de l’autre. Ainsi l’on retrouve dans un registre paroissial que Barthélemy et jeanne Lasserre sont parrain et marraine de Jean Ponsin fils d’Antoine et de Catherine Broqueville. Cette dernière est la fille de Jehan et Anne Carrette. (5)
Que s’est-il passé après la mort de Jeanne Lasserre en 1683 ?
Jeanne meurt officiellement le 8 novembre 1683. Nous le savons grâce aux registres paroissiaux de 1672-1684. La cérémonie est suivie par Barthélemy son mari qui signe et son beau-frère Jean Lamic qui ne sait pas. Elle est ensevelie dans l’église paroissiale. (6)
Or le 6 août 1691 est né et a été baptisé Marie fille illégitime de Jeanne Bastié veuve de feu Barthélemy Broqueville chirurgien baptisé le jour même dans la paroisse ayant pour parrain Jean Ledail et la marraine Anthonie Delire. (7)
Barthélemy s’est donc remarié après le décès de Jeanne pour peu de temps puisqu’elle donne naissance à une petite Marie en 1691. Et comme Marie est déclarée illégitime, Barthélemy ne peut pas être le père ce qui indique que ce dernier est décédé avant le mois d’octobre 1690 par déduction.
Voilà donc une nouvelle avancée dans la connaissance des Broqueville à Monfort. Dans un article prochain, nous verrons les différences de fortune au sein de la famille Broqueville au milieu du XVIIe siècle sur base des différentes dots que l’on retrouvent dans les pactes de mariages.
Géry de Broqueville
(*) Pour comprendre la généalogie de Barthélemy, utilisé le branche-bourgeoise-v.01-12. En cliquant sur le lien vous trouverez l’état de la généalogie de la branche bourgeoise en l’état actuel. Des Broqueville existant comme Jacques, paigneur de laine, Joseph dont l’épouse est Judith Saint-Martin, Estienne Broqueville, prêtre, ne figurent pas dans la généalogie actuelle car ils sont non-rattachés.
(1) Il s’agit de la deuxième partie publiée en 1915 dans le Bulletin Scientifique et archéologique du Gers page 139.
(2) Nous ne connaissons pas la date mais dans le cadastre de cette date, on parle des héritiers de Joseph Broqueville (ref : 2694)
(3) Son acte de décès et d’inhumation se retrouve dans le registre paroissial de 1646-1664.
(4) François est né en 1631, Anne en 1633 et Françoise en 1637. Blasie était jumelle de Françoise ou bien elle est née en 1638 ou 1639.
(5) Registre paroissial de 1646-1664. La date du baptême est le 24 mars 1657. (rem : 4570)
(6) Référence 4590.
(7) Ce teste figure dans le registre paroissiale commencé en 1685 et terminé en 1707.Il se trouve sur la première page de l’année 1691, référence 4240.