Dans l’excellente revue « Le Parchemin » publiée à Bruxelles datée de 1985, à la page 77 (1), une remarque d’un lecteur m’a donné l’envie de rouvrir le dossier n°2 « Saluste du Bartas » que je n’ai pas réellement abordé dans ce blog mais que j’ai évoqué dans un article publié en 2011 (cliquez ici). La remarque était celle-ci : « Quel est donc l’explication de la fascination qui peut pousser à vouloir devenir Bethune-Sully, alors que cette maison est définitivement éteinte ? » Remarque qui arrivait à la fin d’un texte montrant toute les tentatives passées de se raccrocher aux duc de Sully. Je dirais la même chose pour ce nom Saluste du Bartas.
L’éphémère nom Saluste du Bartas s’est éteint avec la mort de Guillaume qui a été un éminent écrivain et diplomate sous le règne du roi Henri IV. Comme vous le savez, si je m’intéresse à cette famille c’est parce que la mère de Guillaume est Bertrande Broqueville de la bastide de Monfort. Guillaume ayant eu quatre filles de Catherine de Manas, le nom est tombé officiellement en quenouille en 1595.
Et pourtant dans l’article de 2011, j’ai rencontré un descendant de Guillaume Saluste du Bartas, par sa mère que j’ai rencontré l’année suivante. Lors de cette visite à Montestruc je rencontre aussi sa cousine qui possède les papiers et recherches qu’elle et son mari ont effectué sur l’ascendance Saluste du Bartas. Le jour où je rencontre Mme Sarrelabout, son mari Jacques venait de nous quitter le mois précédent. Cette charmante dame m’a permis de scanner tous les papiers qu’elle avait en sa possession pour que j’essaie de dépatouiller l’affaire.
La naissance de la famille Saluste du Bartas commence le 25 octobre 1767 dans l’acte de naissance de Louis François de Peyrucat du Bartha. Son acte de naissance est libellé ainsi : « L’an de grâce 1767, et le 25 octobre, j’ai baptisé dans la paroisse de Routgès, un enfant né le même jour de monsieur noble Dubarta habitant la salle Dubarta et de Dame Marianne de Laffont, légitime époux. On lui a donné le nom Louis François Saluste Dubarta. La parrain a été monsieur noble Louis de Cavaignan Dubarta, ancien capitaine de Dragon au régiment de Languedoc et la marraine Dame Marie de Castarens (…) ». Le document est une copie certifiée du 3 septembre 1819 par l’adjoint au maire de la commune de Beaumont, canton et arrondissement de Condom.
C’était très intelligent de la part du père de prénommé son fils Saluste. Au cours des ans, on voit que Louis François incorpore son prénom à son nom pour en faire en 1819, Louis François de Saluste du Barthas. Plus tard, le « h » va disparaître et ainsi sa descendance va croire en une ascendance illustre.
A deux lettres près, Bartas et Bartha
Bartas est le lieu dit d’une ferme transformée par Guillaume Saluste du Bartas en gentilhommière ou petit château. Le Bartas est donc le lieu dit qui a été rajouté au patronyme Saluste. Ce patronyme est originaire de Monfort puisqu’on y trouve des traces au début du XVIe siècle. Guillaume Saluste du Bartas nous a laissé une comptabilité qui concerne les aménagements effectués dans cette ferme.
Bartha ou Barta est aussi le nom d’une Salle, c’est à dire une grange ayant appartenu à une abbaye au Moyen-Age. Ces granges fortifiées ont souvent été aménagées en habitation que l’on appelait aussi des tours-salles qui ressemble alors à de petits châteaux d’un seul tenant.
Le vrai nom de famille de Jean François Saluste
Pour le retrouver, il faut aller dans les papiers concernent son frère, Renaut. On sait déjà que le nom que le père se donne est DuBartha. Nous connaissons le prénom du père, Renaut, dans un document militaire de Louis-François. Dans l’acte de naissance de Renaut son second fils, datant du 30 juillet 1770 à Beaumont, on voit que le nom du père est en réalité Renaut de Peyrucat Dubarthas. Renaut junior a été militaire et a reçu la Légion d’Honneur. Dans un document que l’on trouve dans la base Léonore, on retrouve une correction de son nom datée du 30 juillet 1816. Son nom s’écrit dorénavant Depeyrucat Dubarthas. Cette correction est définitive pour Renaut puisqu’il mourra sous ce nom en 1834 à Paris.
Il y a une entreprise familiale pour faire tomber dans l’oubli petit à petit le nom Peyrucat au profit de Dubarthas cela doit servir la cause de Louis-François Saluste. L’affaire a échoué pour les autres enfants. Il y a un élément très intéressant dans l’acte de naissance de Renaut. Ce dernier a pour parrain Renaut de Frères, écuyer, seigneur de Compet. Il n’y a pas de marraine.
Ce Renaut de Frère est un élément extrêmement important. Il est très probable qu’il va influencer un de ses tout aussi probable grands amis qui est Renaut de Peyrucat Dubartha pour arranger la transmission du nom Saluste du Bartas. Nous ne connaissons pas encore l’ascendance de ce Renaut de Frère. Est-il de la même famille que celle qui descend de manière directe de Guillaume Saluste du Bartas ?
La famille de Frère
La fille aînée de Guillaume du Bartas et de Bertrande Broqueville est Anne Saluste du Bartas (vers 1572-1638), seigneuresse du Bartas. Elle épouse le 20 décembre 1598 Barthélémy Jean Marie de Frère, écuyer, sieur de Hordosse et d’Andiran. De ce mariage, nait 6 enfants dont Coriolan (vers 1603-vers 1648). Du mariage de ce dernier avec Henriette de Carré naît 3 enfants dont au moins un a fait souche qui est Jeanne (vers 1647-1704) qui porte le nom de Frère de Saluste du Bartas et sera Dame du Bartas, Baronne de Cologne, coseigneuresse de Cologne. Elle se marie en 1676 avec François d’Astorg dont son fils Corbeiran va se marier avec Anne de Frère. Cette dernière descend aussi du premier mariage de Anne Saluste du Bartas avec Pierre-Charles du Faur. De ce mariage est née une fille Anne du Faur qui a épousé Jean-Charles de Frère. Pour compliquer la tâche du lecteur, Jean-Charles est le fils de Barthélémy Jean Marie de Frère mais qui cette fois avait épousé en première noce Madeleine de Saint-Geniès.
Le patronyme Saluste du Bartas est donc passé dans la famille de Frère. Les descendants de cette famille vont aussi s’appeler de Frère de Peyrecave. Un descendant de la famille Frère de Peyrecave était François de La Serve. Ce dernier a transmis toutes ses archives à la Société savante de Auch. Madame Sarrelabout m’a signalé que son mari avait eu des échanges avec François de La Serve à propos des liens supposés entre la famille Saluste du Bartas moderne et celle du poète au XVIe siècle. En 2001, lors de l’Assemblée de notre association familiale Broqueville qui s’est déroulée à Monfort, j’ai eu l’occasion de rencontrer M. François de La Serve qui pensait qu’il y avait un lointain cousinage aussi avec les Broqueville. Il faut donc me retourner vers la Société savante du Gers basée à Auch pour essayer de comprendre les liens entre toutes les familles (2).
Géry de Broqueville
(1) Le Parchemin n°235, Office généalogique et héraldique de Belgique, Bruxelles, 1985, page 77. (2) Si un de mes lecteurs a des idées concernant ces différents liens, qu’il n’hésite pas à me contacter.