Je supputais depuis longtemps que la généalogie Broqueville était obscure à partir du XVIIe siècle. Je n’arrivais pas à comprendre comment il se faisait que nous avions des Broqueville que je retrouvais sans arrêt dans les actes notariés tandis que certains autres me restaient totalement inconnus. La généalogie Broqueville telle que je l’ai publiée sur le site Hérédis est correcte jusque vers les années 1650.

Avant cela, je me suis basé sur l’historien Ludovic Mazeret qui a écrit un « Essai généalogique de la famille Broqueville » écrit en 1914 et 1915 (1). Depuis lors, plus aucune étude sérieuse n’a été faire. Seul un grand-oncle, André de Broqueville (2), suivi par son fils Thierry (3), s’étaient penchés sur la question mais probablement au vu de l’immense tâche de lecture de textes très difficiles à lire pour des néophytes et par manque de sources, ils avaient repris les travaux de Mazeret.

Mais nous avons oublié que Mazeret a proposé une découverte sur la famille Broqueville en l’intitulant « Essai généalogique ». Par essai, on entend une proposition de solutions. Alors que la famille Broqueville s’est arrêtée au texte d’André de Broqueville et donc de celui de Mazeret, cela fait maintenant plus de 10 ans que je travaille sur les très nombreuses sources qui se trouvent un peu partout et surtout aux Archives départementales du Gers à Auch. Mazeret ne s’est pas trompé énormément sur la généalogie tel que nous la connaissons actuellement sauf pour ce qui concerne le début du XVIIe siècle et donc probablement antérieure du XVIe siècle..

Prenons l’exemple du rameau de Joseph Broqueville décrit déjà dans un article publié en ce blog en mars 2013. Je donnais cette phrase : « Ce rameau semble être beaucoup plus riche en descendance qu’on ne le pense« . Prémonitoire cette phrase… On va le voir avec la découverte chez le notaire Lauzéro (4) d’un autre texte capital.

A défaut d'acte de mariage voici la preuve que Pierre et Marie Busquet sont mariés.

A défaut d’acte de mariage voici la preuve que Pierre et Marie Busquet sont mariés.

Pierre Broqueville marié à Marie (de) Busquet

Comme Mazeret n’a jamais donné ses sources détaillées et pour cause, il lui aurait fallu plus d’espace disponibles dans le bulletin, il a fait comme moi, c’est-à-dire travailler d’arrache-pied sur tous les textes notariés à sa disposition au début du XXe siècle (5), il a bien du trouver quelque part la preuve que Pierre Broqueville était bien marié à Marie Busquet. Je ne sais si les deux preuves que j’ai trouvées sont la même que celle de Mazeret, en tout cas, je confirme bien cet état de chose. Cet acte est signé par Pierre. Donc nous avons sa signature qui se trouve ci-dessous :

Signature de Pierre Broqueville sous l'acte d'accord avec le notaire Dauné. (ref 18647)

Signature de Pierre Broqueville sous l’acte d’accord avec le notaire Dauné. (ref 18647)

Selon Mazeret, Pierre est le fils d’Arnaud et de Sereigne de Prugnes. Ceci n’est pas exact, car Pierre est fils de Joseph et de Anne Brigitte Delau. C’est en comparant les signatures et par recoupement entre deux actes supplémentaires dont celui du testament de Joseph déjà publié. Les fils de Joseph sont : Jean dit Janotet, Bernard et Pierre. Je ne connaissais rien de ce Pierre (6). Et pour cause puisque le même signataire époux de Marie Busquet était fils d’un Arnaud de la branche des Empiroy. Or un autre acte montre la signature de Janotet et de Pierre comme étant deux frères comme montré ci-dessous (7) :

Signature de Pierre suivie de celle de Jean dit Janotet. Avant-dernière ligne, il est écrit qu'ils sont frères.

Signature de Pierre suivie de celle de Jean dit Janotet. Avant-dernière ligne, il est écrit qu’ils sont frères.

Des corrections majeures

Ainsi donc, On est sûr que Pierre, qui est l’auteur de la branche d’Empiroy, descend bien de Joseph Broqueville et de Anne Brigitte Delau. La descendance de Pierre nous est connue par la présence de son testament lui aussi retrouvé en ce mois de décembre (8). Et là aussi, des corrections importantes sont apportée. Mazeret faisait descendre Antoine, l’auteur de la branche des Endardé, de Pierre et Marie Busquet. Il n’en est rien. Antoine est en réalité le frère de Joseph, il fallait donc le remonter d’une génération. Guilhemette mariée à Isaac Sabathier ne descend pas non plus de Pierre. Elle descend d’Antoine. Mathiuo, qui est en réalité Matieue, n’est pas une fille de Pierre mais bien de Janotet, fils de Joseph.

Du pain sur la planche

Au vu de ces corrections majeures, il est bon de revenir aux certitudes vérifiées ce qui m’a amené à refaire la généalogie Broqueville du XVIIe siècle en reprenant tous les actes que j’ai en ma possession (9) et en ne gardant que les ascendants certains sans reprendre les travaux de mes prédécesseurs.

En tout cas, et toujours grâce aux testaments, pactes de mariages, compromis de partage, retrouvés chez les deux notaires Lauzéro (père et fils) dont j’ai terminé la lecture de tous les registres existants, j’ai une meilleure connaissance de la généalogie Broqueville.

Mais je suis loin d’avoir terminé les changements d’autant qu’il y a encore inconnues comme Jean dit « Vieux » qui semble l’auteur d’une autre branche dont existe une  nombreuse descendance. Mais là, il y a encore des preuves à trouver. Et comme nous avons trouvé deux Antoine presqu’aux mêmes années, illettrés avec deux fils Jean qui ont des signatures différentes, l’ascendance des Broqueville belges pourraient encore nous réserver quelques surpises (10). Il y a donc encore du pain sur la planche. Ce n’est pas pour déplaire mes instincts de fins limiers !

Géry de Broqueville

Note : la photo d’introduction porte kla légende suivante : Écriture fine de Ludovic Mazeret sur la couverture d’un recueil d’actes du Notaire de Bosquery daté de 1554.

(1) Ludovic Mazeret, Essai généalogique de la famille de Broqueville, in Bulletin de la Société archéologique du Gers, Auch, 1914 et 1915.
(2) André de Broqueville (1893-1964), fils du ministre Charles de Broqueville. Le texte intitulé « Notes historiques de la famille Broqueville » est un inédit daté de 1932.
(3) Thierry de Broqueville (1926-2012) a écrit un syllabus sur la vie de la famille Broqueville au XIXe siècle. Ce document est aussi un inédit.
(4) Notaire Lauzéro, Archives départementales du Gers, Auch, coté 3E8860 (Ref ; 18642-18647). Cet acte est daté du 30 avril 1622, intitulé : Accord d’entre Arnaud Dauné, notaire de Saint-Léonard d’une part et Pierre Broqueville et Marie de Busquet marié, d’autre ».
(5) Je suis en effet les traces de Ludovic Mazeret et je retrouve à plus d’un endroit son écriture fine écrite à l’encre en marge des textes qui donne du reste une indication intéressante quant à la présence éventuelle d’un Broqueville dans le texte. Mais cela reste de l’éventualité car la majorité des textes ne sont pas annotés. Mes suiveurs qui voudraient refaire mon travail en étant plus compétent en paléographie, ne doivent pas s’attendre à trouver trace de mon écriture dans ces vieux grimoires.
(6) Je n’ai vraiment vu apparaître ce Pierre qu’au moment où il signait certains actes pour son père qui est, soit absent, soit reconnu comme illettré.
(7) Notaire Lauzéro, Archives départementales du Gers, Auch, coté 3E8846 (Ref ; 13971-13972) dans une Procuration de Aélis Pona femme de Sernin Carrette datée du 1er février 1604. Et du même coup, Arnaud Broqueville et Sereine de Prugnes, n’existent plus et ne sont signalés nulle part. Rien ne prouve qu’ils ont existé.
(8) Notaire Lauzéro, Archives départementales du Gers, cote 3E8860.
(9) Sous format numérisé. Bien sûr, le rangement rigoureux de ces milliers de pages photographiées me permet de retrouver facilement tous ces actes.
(10) Actuellement, la généalogie publiée sur Internet est laissée dans sa version « Mazeret », au vu des informations parcellaires qui existent à propos de la branche anciennement dite « bourgeoise ».