C’est dans un acte passé chez le notaire Ponsin (1) que j’ai trouvé de quoi corriger encore la généalogie Broqueville. Cet acte comporte 10 pages tant l’affaire paraît compliquée. Il s’agit de la dot de Louise Broqueville fille de feu Bernard Broqueville, bourgeois. De dire qu’il est bourgeois, nous autoriserait à le placer dans la branche bourgeoise. Mais ce n’est pas si simple que cela. J’ai du mal à imaginer que subitement, j’ai quatre nouveaux Broqueville sous la main d’autant que Louise, je la savais mariée à Jean Libéros et qu’elle avait une descendance. Cette fratrie de trois enfants existait bien dans la branche bourgeoise et avait pour père Jehan Broqueville marié avec Anne Carrette (2). L’acte cite le pacte de mariage de Louise Broqueville avec Jean Libéros daté du 15 mars 1654 où il est dit que son futur mari recevra la somme de 600 livres à donner tant par Bernard père que par Blaise Broqueville. Cela me fait dire que Blaise est le fils aîné de la fratrie. La date du mariage du couple est le 28 août 1654 (3) à Monfort. Les témoins de Louise sont ses deux frères, Blaise et Jean et le témoin de Jean Libéros est Jacques Libéros. Apparemment, Jean Libéros aurait reçu 200 livres au moment du mariage. Depuis cette date, il n’a plus rien reçu.
C’est depuis qu’il a opéré une saisie de 20 brebis chez Blaise Broqueville que les choses ont l’air de s’arranger. Jean Libéros semble ne demander qu’une chose : le versement définitif de la dot soit encore 400 livres. Visiblement Blaise et Jean Broqueville n’ont pas cette somme sous la main. Et ce sera à coup de 30 livres par-ci ou d’un jardin par-là, où de la gestion d’un bois que les deux frères Broqueville vont s’en tirer à bon compte. Ce sera sous forme d’argent et en nature que cette dot va être payée après 9 ans d’attente.
Pour information Jean Libéros (+ avant 1662) a eu de Louise Broqueville d’Empiroy (vers 1630-1692) trois enfants : Thomas (1655-1693), Blaise (1658-1660) et Bernard Libéros né en 1660. Thomas s’est marié le 30 novembre 1684 avec Anne Dufau et a donné trois filles mortes en bas-âge : Louise (1686-1694), Marguerite (1688-1688) et Marie (1690-1694). Bernard Libéros, né en 1660, s’est marié avec Marie Lamic (vers 1672-1742) a donné au moins un enfant : Dominique (1709-1752).
Des signatures révélatrices
Les deux signatures au bas de cet acte nous montre celle de Blaise qui est la même que celui qui se dit seigneur de Maussombat. Jean a une signature particulière qui ne le rattachait jusqu’à aujourd’hui a aucune des branches. Il y a bien une fratrie composée de Louise, de Blaise et de Jean mais tous enfants de Jehan Broqueville et Anne Carrette, de la branche dite Bourgeoise. Or tous les trois sont fils de feu Bernard, c’est-à-dire mort avant 1662.
Le document manquant
Il existe deux Bernard : l’un de la branche des Empiroy et l’autre de la branche originelle. Un acte passé chez le notaire Ponsin, le 19 octobre 1664, donne définitivement la réponse. (4) En effet, on y voit les enfants de Bernard qui doit être décédé avant 1664 : « (…) constitue en leurs personnes Blaise Broqueville bourgeois, Jean Broqueville marchand ?? et Jeanne Broqueville frères et soeur habitant de la dite ville faisant tant pour eux que pour Marguerite et Louise Broqueville les ?? et femmes de Jean Nouguès et Jean Libéros marchands lesquels de leur bon gré pure franche libérale volonté ont dit que pour raison des biens ayant appartenus à feu Bernard Broqueville leur père et Barthélémie Espiau leur mère (…)« .
Or nous avons le pacte de mariage de Bernard avec Barthélémie Espiau daté du 29/12/1602. (5) Nous voyons dans ce pacte que Bernard est fils de Joseph. Les deux documents clarifie ce rameau de la branche originelle. Jacques Libéros marié avec Gracie Broquevill.
Un autre texte (6), toujours passé chez le notaire Ponsin la même année nous donne encore quelques indications concernant la famille Libéros. D’entrée de jeu l’acte remonte au 18 août 1637, date du testament d’Antoine Libéros qui donne à ses deux fils (Jacques et Bernard) d’un premier mariage le pouvoir de partager ses biens mais en soulignant qu’il est important aussi de laisser un héritage à Jean Libéros, son fils issu de Catherine Mapart sa femme qui est probablement sa seconde femme. Jacques Libéros a épousé Gracie Broqueville d’Endardé (vers 1610-1690), fille de Jean Ier (vers 1597-entre 1660 et 1664) et de Jeanne Limoges (+ 1618) (7). Dans cet acte on voit bien que Jacques et Jean Libéros sont des demi-frères, puisque nés de mères différentes. Tous les deux ont épousé une Broqueville de deux branches différentes. Dans cet acte, ce sera Gracie qui va donner une partie de l’héritage de feu Jacques son mari, à Jean son beau-frère. On suppose qu’un acte similaire doit exister où Jean reprend une partie de son héritage chez Bernard Libéros. A la fin de l’acte, nous avons la signature de Jean II Broqueville d’Endardé qui est marié à Brigitte de Cotignon. Cela voudrait dire que le père de Gracie est décédé avant le 13 mai 1662, mais cela n’est pas sûr. Il pourrait très bien être absent ou malade.
En froid avec son beau-père
Un autre acte du notaire Mazares (8), cette fois, règle le problème de dot non payée par les Endardé. Deux actes existent et montre la détermination de Jacques Libéros à recevoir la dot de sa femme qui se monte à 1200 livres dans le pacte de mariage daté du 13 avril 1637, somme considérable pour l’époque (9). Nous avons effleuré ce sujet dans un texte qui concerne la généalogie des Empiroy et que l’on peut lire en cliquant ici. D’ailleurs dans la note numéro sept on peut télécharger le pdf de l’acte en question. Jacques Libéros finira par accepter la dot de 1.020 livres contre les 1200 livres décidées dans son pacte de mariage avec Gracie Broqueville. Comme on le voit pour Jean Libéros (ci-dessus) et Jacques Libéros qui sont deux frères, il a fallu passer par des procès pour que les Broqueville remplissent leurs parts du contrat.
Ce n’est pas faute d’être riche, ils sont de gros propriétaires terriens, des éleveurs et des vignerons, la raréfaction de la monnaie entraine un non respect des engagements comme les dot mais l’on verra aussi dans les gasailles ou les affermes. (9) Après le décès de Jacques Libéros le 20 décembre 1658, Le père de Gracie, Jean Broqueville d’Endardé a pris à sa charge 600 livres de dette sur un total de 1062 livres laissée par le mari de sa fille. Le père et la fille se retrouve sur cette question de dette à payer si tant est qu’ils furent brouillés par les réclamations de Jacques Libéros à propos de la dot de sa femme. L’acte passé chez le notaire Ponsin le 21 juin 1659 n’indique en rien la nature de cette dette (10).
Pour le reste de la dette, une hypothèque est posées sur les biens, à la fois de Gracie, mais aussi sur le père, jean Broqueville d’Endardé qui est marié avec Françoise de Saint-Arroman. La mère de Gracie est décédée depuis 1618. Jacques Libéros a eu avec Gracie Broqueville, six enfants qui sont Bernard (1649-1729), Jean-François (1649-1652), Jehan (1651-?), Jean-Roc (1651-?), Marie (1652-?) et Marthe. Cette dernière a épousé Bernard Larigaudière, notaire royal de la ville de Sarrant. Son contrat de mariage a été retrouvé chez le notaire Ponsin daté du 8 mars 1666 (10). Bernard a épousé Anne Labaule et a donné au moins une fille Jeanne née le 24 juillet 1687. Jean-Roc a épousé Elisabeth Margoet et a donné Jean (1678-1759), Marthe (1680-?), Bernard (1682-?), Joseph (1684-?), Elisabeth née en 1689 et François né en 1692. De ces enfants on ne connaît la postérité, actuellement que pour Marthe qui a épousé le 22 avril 1704 Ramond Aurio dont ce couple a eu deux filles, Isabeau née en 1705 et Cécile née en 1711 (12).
Géry de Broqueville
(1) Notaire Ponsin, Archives départementales du Gers à Auch, cote : 3E8976 folio 91 (ref : (11612-11621) – texte déchiffré : 11612-11622
(2) Cette information se trouve dans la deuxième partie de Ludovic Mazeret publiée dans le bulletin scientifique et historique du Gers de 1915.
(3) Registre paroissial de 1646-1664.
(4) 19 octobre 1664 – Dette de fermage de Jean Broqueville. Notaire Ponsin ADG 3E8977 (folio144) – (11999-12001)
(5) Notaire Ponsin ADG-3E8845 (13441-13445)
(6) Notaire Ponsin (1662-1663) 3E8976 folio 60 (11604-11609) – Texte déchiffré : 11604-11609-texte
(7) Jeanne de Limoges est la première femme de Jean Broqueville d’Endardé. Elle est décédée en 1618 selon Mazeret. Elle a eu Gracie née vers 1610, Marie qui a épousé un Dupuy dont elle a eu 4 enfants, tous décédé, ainsi que père et mère en 1653 à quelques jours de distance, à Samatan et Gabriel dont on ne connait rien actuellement. Jean s’est remarié ensuite avec Françoise de Saint-Arroman dont descendent tous les Broqueville belges. Jeanne est fille de Jean de Limoges et de Marie de Thulle.
(8) Notaire Mazares coté 3E8833 folio 206 (13516-13523)
(9) Le manque d’argent est un état de fait qui fera l’objet d’un futur article dans ce blog.
(10) Notaire Ponsin coté : 3E8978 (folio 38) – ref : (12041-12049)
(11) Notaire Ponsin coté : 3E8975 folio 206 (11538-11542) (12) Je n’ai pas encore rassemblé assez d’éléments pour décire la famille Libéros. Outre le fait que la majorité des membres de la famille soit des marchands et des bourgeois, certains vont devenir aussi consuls, je n’ai pas beaucoup d’indications sur celle-ci. Je m’emploierai à réaliser un article quand j’aurai plus d’éléments descriptifs.