Avec un titre pareil on pourrait imaginer un château défensif ayant une stratégie pour conquérir le monde… belgicain. Il est loin le temps de Charles adolescent qui s’était inventé une cabane dans les bois de Postel pour s’y cacher lorsqu’il était poursuivi par son austère père, Stanislas. Il ne devait pas souvent jouer si ce n’est avec son frère Athanase et ses 5 sœurs qui deviendront toutes religieuses plus tard. Imaginez-vous que vous n’avez quasiment pas de cousins si ce n’est quelques-uns du côté de sa mère ?
De plus, Charles n’a pas eu de scolarité si ce n’est avec au moins un précepteur, l’abbé Simon qui deviendra plus tard aumônier de la Cour. Il n’a pas connu de vie estudiantine comme tous les Broqueville modernes. A l’opposé du côté hobereau des Broqueville, il découvre la lumière et les bonnes manières à Laclaireau chez sa mère, Marie-Claire de Briey et un temps chez son grand-père Camille, ancien ministre du Roi. Ayant reçu une bonne éducation il se lance dans la vie politique comme conseiller communal de Mol. Tant que son père est vivant, le château de Postel ne lui sert à rien.
Une évolution stratégique
Mais ce n’est pas tellement pour parler de l’enfance de Charles mais plutôt ses lieux de prédiction pour organiser des rencontres plus ou moins secrètes. Indéniablement le château de Postel a servi à cela, au sortir de la guerre 14-18. Après ce long moment de séparation, il a une grande envie de revoir son père qu’il n’a plus vu depuis août 1914. Il n’aura pas la possibilité immédiate de le voir car Albert Ier le nomme ministre de l’intérieur dès le 30 novembre 1918. A cette date, il est encore dans son lieu d’exil, Poitiers 1. Il est retenu dans son lit par une mauvaise grippe finissante. Le roi veut que Charles se lance dans la grande réforme du suffrage universel. Au yeux du roi, il n’y a que lui pour convaincre le monde catholique d’autant qu’il l’avait déjà mis cette réforme dans son agenda politique en 1912.
Ayant accompli sa mission, en décembre 1919, il démissionne de son poste. Il peut enfin préparer le grand changement. Il a repris le château de Postel en main 2, mais il n’était que château d’un coté. Personne 3 n’avait vu l’arrière du château de Postel avant 1921. La seule chose que l’on savait, est qu’il était très laid.
A force de dépouiller les archives des uns et des autres j’ai fini par retrouver la partie arrière qui est vraiment laid. Il est une succession de trois bâtiments disparates dont une fermette sur le coté droit.
Les plans nous aident à comprendre
Dans la carte Ferraris 4établie entre 1770 et 1778, nous sommes dans l’expectative. En effet, nous ne voyons pas de bâtiments sur le plan à l’endroit où se trouve le château de Postel. Il y a bien un bâtiment plus à droite marquée par la flèche qui pourrait être notre relais de diligence. L’imprécision des Cartes Ferrarris pourraient expliquer cela. Et en même temps, rien n’empêche d’imaginer que le relais de diligence soit postérieur à ces dates-là.
Le plan de Postel que nous pouvons daté d’environ 1920 montre clairement la trace du relais et surtout de la présence de la Desselsedreef qui passe juste derrière le château.
Ce que nous ne savions pas, c’est que la Desselsedreef passait presque au pied de l’arrière du bâtiment. En soi, la chose est totalement normale puisque nous avions affaire à un relais de diligence avant la construction du château réalisée par Stanislas. Sur un plan datant probablement de 1919-1920 on voit très nettement que la drève (flèches rouges) passe à l’arrière du château (flèche verte, parcelle 630). Cette drève qui partait de Rétie pour aller à Dessel existe encore actuellement mais fut déplacée plus au sud et ne traverse plus les terres du château.
Toujours dans le plan, on voit que la Desselsedreef croise une autre drève qui partait du centre de Postel pour aller jusqu’au château et au-delà : C’est la Kasteeldreef dont nous voyons sa configuration dans la carte postale ci-dessous. Cette drève date donc de l’époque de la construction du château entre 1858 et 1861. Elle était l’entrée principale du château. L’entrée actuelle utilise les derniers mètres de l’ancienne Desselsedreef.
Une rénovation en profondeur
En fait, une carte postale qui date probablement du début du XXe siècle montre la Desselsedreef avec un morceau de bâtiment (voir photo ci-dessus). Personne n’a jamais imaginé que ce morceau est en réalité la plus belle partie de l’hétéroclite arrière du château tel qu’il était avant 1921 date de la restauration du château par le ministre Charles et son épouse Berthe d’Huart.
Cachez cet arrière que je ne saurais voir
La première photo ci-dessus montre le bâtiment d’angle que . Elle date de l’année 1907. Les deux enfants représentent les deux cadets du couple Broqueville/d’Huart. Il s’agit de Jacques né en 1895 et de Myriam née en 1898.
Dans la suite du bâtiment à pignon, 5 on distingue un deuxième bâtiment qui est suivi d’un troisième et que l’on peut voir dans la photo ci-dessous où l’on voit Jean de Broqueville avec sa fiancée, ou déjà épouse, Yvonne de Tornaco et deux amis faisant la cabriole. Cette photo date des environs des années 1910.
Enfin, la troisième photo montre de nouveau Myriam et Jacques sur une balançoire devant la troisième partie (elle a été prise le même jour que la première). C’est cette maison dont on voit le toit à l’arrière du château dans la deuxième photo de l’article de 2009.
Le remodelage de l’arrière du château est signé par le placement des armoiries Broqueville/d’Huart sur la partie ouest du bâtiment qui a été rénovée et transformée par le couple. L’étang situé au sud du château a été creusé avant l’année 1927. La personne située à gauche dans le futur étang est ma grand-mère avec son fils Édouard, dans la photo ci-dessous.
Il était temps pour Charles de Broqueville de terminer la rénovation du château. Nous savons qu’il voulait arrêter la politique dès le moment où il a été désavoué par le roi Albert Ier, fin mai 1918. Il a vécu la joie de la libération loin de la Belgique à Poitiers alors qu’il était artisan de la victoire, c’était le roi et les ministres du cabinet Delcroix qui en tiraient les lauriers.
En conclusion…
Le 9 novembre 1919, Charles écrit au Roi pour son envie d’arrêter définitivement la politique. 6 C’est ainsi qu’il a consacré toute son énergie à la rénovation du château ainsi qu’à l’assainissement des bois de sa propriété posteloise. Dès ce moment, il a pu accueillir de nombreuses personnalités politiques ou certains membres de la famille royale comme le Prince Charles qui fût un habitué de la maison. Nous avons déjà publié la liste des invité que nous connaissons grâce aux plans de tables retrouvés..
Pour ceux qui sont déjà entré dans le château, bon nombre les mur de bon nombre de pièces sont recouvert de panneaux de bois ou de tissus. Il s’agissait de cacher les différences de mur et surtout les points de rencontres entre les différents bâtiments. Ne pensons pas à désosser le château, mais je suis sûr que l’on pourrait retrouver des éléments des différents bâtiments qui étaient existants.
Géry de Broqueville
- Il est probablement dans l’hôtel de maître des Cressac. Ce bâtiment appartenait à Marie-Antoinette de Cressac de Bachelerie future belle-mère de Jacques de Broqueville. ↩︎
- Stanislas de Broqueville meurt le 15 mars 1919. ↩︎
- De mémoires de Broqueville vivants actuellement…. ↩︎
- Les cartes Ferraris proviennent des Archives général du Royaume et son mise en ligne ici. ↩︎
- Le seul élément de l’hotel du relais de diligence est justement la facade du pignon. Il est intégré dans le château tel quel, actuellement. ↩︎
- A quoi servirait un château restructuré pour accueillir le monde politique si ce n’est pour revenir en force dans ce monde-là, plus tard. ↩︎