L’amour fraternel est toujours remercié d’une manière ou d’une autre. Le testament d’Anne Broqueville le prouve encore. Anne célibataire remercie ceux qui ont été gentils avec elle tout au long de sa vie.
Anne Broqueville est née vers 1619 et décède le 21 décembre 1669, célibataire. Elle est la fille de feu Bernard Broqueville (vers 1565-avant 1666) et de Barthélémie Espiau (+1647). Grâce à son testament, on a confirmation qu’elle est célibataire et qu’elle est illettrée. Elle est alitée et a toute sa tête, « voyant, oyant, sentant et parfaitement parlant« .
Je ne reprendrai pas le texte (1) dans entièreté ayant expliqué dans ce blog combien le notaire était un digne représentant de l’Eglise devant noté tous les signes de croix pour le repos de son âme ce qui alourdit considérablement la lecture du texte. Venons-en au fait : Anne Broqueville lègue 100 livres à Catherine à sa nièce « et fille de Jean Broqueville son frère, la somme de 100 livres à prendre sur les biens a elle délaissée sur les biens de ses feux père et mère en reconnaissance des bons et agréables services que ladite Catherine Broqueville lui a rendues ci devant journellement et (…) payable ladite somme par son héritier bas nommé et lors qu’elle se colloquera en mariage (…).
Solidarité féminine ?
Ce qui est terrible dans ce genre de texte est que Catherine, pour recevoir la somme de 100 livres doit se colloquer en mariage. Si elle ne le fait pas, elle restera célibataire, ne recevra aucune somme et devra dépendre de la gentillesse de ses frères ou sœurs.
Point de solidarité féminine à cette époque. Il faut absolument se marier ! Par chance, Catherine, née en 1654, se mariera le 22 novembre 1681 à Jean Bonnes (v. 1653- ap.1693) dont elle aura quatre enfants. On peut voir cela autrement, pousser les filles à se marier, c’est éviter le piège du célibat où le risque de voir ses frères et sœurs manqués de gentillesses et devoir subvenir seul à ses besoins dans ce monde de méchanceté !
Pour Anne, testatrice, il n’en est rien puisqu’elle fait de Jean Broqueville, son frère, son héritier universel « par reconnaissance des bons et agréables services qu’il lui a fait et pour l’amour fraternel qu’elle a pour son frère« .
Ce qui est cuisant dans ce testament, c’est la somme ridicule donnée à ses autres frères et sœurs en guise d’héritage : 5 sols. C’est comme si, à travers les siècles Anne Broqueville nous laissait une leçon philosophique, sur les mérites de ceux qui sont bons et gentils envers les autres membres de la famille.
Géry de Broqueville
(1) Notaire Ponsin coté 3E8980 aux Archives départementales du Gers à Auch. (23872-23876)