Il semble clair que l’argent fait défaut à Monfort au XVIIe siècle au point où dans certains actes, le paiement se fait en nature, dans d’autre en échange de créance qui probablement se terminent en procès auprès de la cour de justice de Mauvezin voir au parlement de Toulouse.
Ainsi dans un acte chez le notaire Labaule, daté du 26 juillet 1642, montre que Jacques Libéros a encore une créance de 400 livres qui n’a toujours pas été payée par Jean Broqueville d’Endardé fils d’Antoine et qui est cédée à Pierre de Preissac sieur de Pausens en paiement de ladite somme par Jacques Libéros qui en est débiteur et redevable pour une autre transaction. On verra dans la marge qu’en 1645, Pierre de Preissac va céder à son tour cette créance à noble Claude de Caveler sieur de Fluvac. L’on ne sait si au bout des cessions, Jean Broqueville a fini par payer cette dette (1).
Dans le contrat de mariage entre Jean Broqueville sieur d’Empiroy (+ 1662) et demoiselle Marguerite Dulaur (+avant 1667) la dot est signalée sous forme de « bonnes monnaies » qui effectivement ont été remises au notaire qui s’attache à les décrire correctement : « à la dite future épouse la somme de 1000 livres et que le dit futur époux icelle prises et reçues en pistoles, piastres, demi-piastres, coing d’Espagne et autre bonne monnaie comptée et nombrée en vue et présence de moi dit notaire et témoins par le sieur d’Empiroy remboursée (illisible 3 mots) et la dite somme a reconnu et assigné sur tous et chacun ses biens, meubles et immeubles présents et avenir avec l’augment et du tiers denier les deux faisant trois et les trois faisant le tout et de même promet de reconnaître le restant des dites sommes aussi sur tous et chacun ces biens même qu’ils les a avec l’augment d’icelle » (2) Le notaire n’en compte d’ailleurs qu’un tiers de la somme, la totalité sera donnée plus tard.
Dans bon nombre de pacte de mariage, l’on voit que ce n’est qu’une partie de la dot qui est versée. Le mari va réclamé parfois des années durant les reliquats de la dot et parfois même ne jamais l’obtenir complètement des années plus tard. Les revers de fortune semblent nombreux en ces temps troublés. Parfois le règlement se fait même dans les testaments tant l’argent usuel manque. Bien sûr les échanges en « sac de blé froment, mesure de Monfort » deviennent courant ce qui permet de remplacer cette monnaie manquante. Pour suppléer des sommes plus importantes, il est parfois donné des terrains agricoles voire des maisons.
Il n’empêche que quand il faut payer, l’argent sort par miracle des poches des plus riches d’entre-elles. Ainsi le 13 novembre 1686, « (…) s’est constitué en personne noble Jean de Vigier, sieur de Hourquet syndic de la communauté de Monfort lequel de son gré et volonté en conséquence du pouvoir à lui donné par la délibération du 7 novembre dernier mois courant que lui donne pouvoir d’emprunter la somme de 4420 livres pour le remboursements requêtes du domaine dudit Monfort à telles conditions ou de telle personne qui le voudront prêter et d’obliger pour raison de ce tant et biens patrimoniaux de la communauté ?? des particuliers délibérants pour mettre à exécution les arrêts du conseil d’État des 30 avril et 27 juillet dernier qui ont donné le dit rachat tout présentement emprunté en ladite qualité au sieur Antoine Lauzéro (3) bourgeois dudit Monfort la somme de 4000 livres pour entrer au paiement de la somme de 4420 livres, laquelle somme de 4000 livres a été tout présentement comptée et nombrée en pièce de 4 pistole d’or, double Louis d’or, Louis d’or, demi louis d’or, écus, demi écus et autre bonne monnaie faisant la somme de quatre mille livres par le dit Lauzéro (…)« . (4) Il s’agit pour la communauté de Monfort de racheter sa ville au roi de France pour ne pas tomber aux mains d’aristocrate peu scrupuleux. Il est évident ici que c’est un prêt que la communauté devra rembourser.
Si ce texte paraît une des exceptions à Monfort, il est clair que l’absence relative de « bonnes monnaies » empoisonne les relations entre les habitants de la communauté de Monfort. Dans certains actes, on voit même un tailleur réclamer un paiement pour un costume qu’il se fait rembourser par un sac de blé. C’est dire qu’à certains moments il y a vraiment pénurie.
Il est bien loin ce temps alors qu’actuellement on parle de supprimer la monnaie pour ne payer que par cartes de crédit/débits ou avec son Smartphone…
Géry de Broqueville
(1) Le texte a déjà été publié (cliquez ici) dont le pdf se trouve dans la note numéro huit.
(2) Notaire Labaule, coté 3E8835 aux AD32 (8600-8605).
(4) Antoine Lauzéro Dantraigue (1660- av. 1748) s’est marié en 1684 avec Marie de Faudoas (+ av. 1748). Il est le fils de Bertrand et de Claire de Ferrat, il est l’arrière-petit-fils de Blasiette Broqueville d’Empiroy.
(4) Notaire Marcassus coté 3E8867 (folio 22 vo) au AD32 (15028-15029).