Les détracteurs de Broqueville sentaient une belle victoire. Pourquoi Broqueville s’est tu pendant que la justice condamnait les Coppée alors que s’il commence a parlé pour les disculper, en réalité le vrai coupable qu’il faut arrêter, c’est Broqueville, lui-même. Broqueville était dans la tourmente, lui qui croyait avoir travaillé pour la sauvegarde de la Belgique, la gauche l’accusait de l’avoir trahi. Chaque lecture de journaux lui était pénible. Sans arrêt, la presse de gauche se déchaînait contre lui pour essayer de le terrasser définitivement avec une férocité implacable.
Broqueville était un ancien ministre et ministre d’État. Seul le parlement pouvait ordonner de le juger par la Cour de Cassation. Broqueville voulait s’expliquer devant la Chambre. L’aile gauche du Parlement ne l’entendait pas de cette oreille mais le parti Catholique a redressé la tête grâce à Charles Woeste qui a demandé à la presse catholique de ne plus participer au lynchage médiatique.
Fin décembre 1920, Broqueville exposa à la chambre ce qu’il avait à dire : « J’ai suivi en matière de charbon et de sous-produits, exactement la même ligne d’action qu’en matière de ravitaillement. » Le seul but que Broqueville avait était de sauver le pays de la famine et du froid. « Si c’était à refaire, je recommencerais ; agir autrement aurait été un crime contre la nation ». ( Haag 716) Il rajouta aussi qu’il n’avait aucun intérêt dans les affaires des Coppée et que le fils de l’un d’eux n’a jamais été son secrétaire particulier comme annoncé dans la presse de gauche. Cette intervention a la chambre convainquit à moitié. Le président de la Chambre M. Brunet le convoqua le 5 janvier 1921 et lui posa 15 questions.
Ses réponses ont permis d’y voir plus clair quant aux directives du gouvernement qui somme toute étaient assez vagues mais qui donnaient des limites morales pour ne pas participer au commerce avec l’occupant. Si les deux Coppée ont commis des erreurs, Broqueville ne pouvaient pas prendre sur lui, à l’avance et tout en bloc, ces erreurs. Il certifia que son approbation concernait l’extraction du charbon mais aussi la distillation de la houille. L’unique but de ces permissions était en vue uniquement du marché belge.
Charles de Broqueville était alors disculpé le 19 janvier 1921. L’affaire Broqueville-Coppée redevient l’affaire Coppée. Le procès des deux frères pouvait reprendre. C’est aussi ce que souhaitait la commission, bien que les socialistes ne voulait pas en rester là, mais le parlement mis un point final à la discussion.
Bien que blanchi Broqueville se sentait sali. Il avait dû s’humilier et se défendre alors qu’il était persuadé d’avoir tout fait pour être au service de son pays. Des mains de la Justice on peut sortit libre, jamais on ne s’en sort indemne. Sa détresse était grande. Il reconnaissait avoir commis des erreurs mais de la à l’accuser d’antipatriotisme et de trahison ! On l’a même accusé de s’être enrichi sur le dos de la Belgique… Même s’il menait grand train à Paris pour représenter la Belgique c’était sur la cassette du baron Empain, somme d’argent qu’il venait de rembourser dans son intégralité.
Pour ce qui était de l’affaire Coppée, la justice suivait son cours. Fallait-il envoyé les Coppée aux Assises ou décider un non-lieu. Ce fut le non-lieu qui a été prononcé. Mais de nouveau les socialistes sont revenus à la charge accusant les Coppée de mille maux comme le fait d’avoir envoyé des milliers de soldats à la mort. Les socialistes cherchèrent à nouveau des preuves pour attaquer à nouveau ces capitalistes exécrés par l’extrême gauche. En 1924, les socialistes ont découverts des notes allemandes qui prouvaient que Coppée était un collaborateur. Coppée père, uniquement, était envoyé en Cour d’Assise.
Broqueville a été cité à comparaitre comme témoin. C’est Albert Devèze qui mène l’attaque en tant qu’avocat de la partie civile, c’est-à-dire l’État. Broqueville resta sur sa ligne de défense vue précédemment. Même Aristide Briand est venu témoigner à la barre du tribunal.
Tout a été reproché à Coppée, mais il restait étonnant que seul les Coppée étaient attaqués. Jamais les Solvay, les Francqui qui avaient probablement été forcé de collaborer avec l’ennemi n’ont jamais été cité en justice. Il était probable qu’il y avait aussi des règlements de comptes entre puissances financières rivales. Le procès s’est terminé en juillet 1924 par un acquittement à l’unanimité. Coppée, a été acclamé par ses amis à la sortie du palais de justice. Miné par toute cette affaire, il mourut un an plus tard. L’affaire n’en est pas restée là, malgré tout l’État belge réclamait la somme de 20 millions de dommages et intérêts, jusqu’en décembre 1934 où le tribunal civil de Gand condamnait l’État à ne plus poursuivre les Coppée.
Géry de Broqueville