horlogeDe nos jours, l’on se plaint parfois des travaux publics poussant parfois comme des champignons au cœur de nos villes. Nous sommes ainsi fait. L’on répare pour améliorer notre espace de vie, et l’on rouspète des nuisances immédiates. Aucun texte ne donne quel était le sentiment de la population face aux travaux parfois entrepris. Il est probable d’ailleurs qu’elle n’avait pas d’avis d’autant plus qu’elle était représentée par des consuls élus, certes de manière censitaires, dont le mandat durait un an.

Quatre consuls étaient ainsi élus pour la gestion de la bastide et la juridiction de Monfort. Les consuls ne se réunissaient jamais seuls. Des jurats, des notables, des bourgeois, les protagonistes d’une affaire ou l’autre étaient présents dans la salle commune pour assister aux décisions. La fréquence des réunions est aléatoire en fonction des besoins. En 1734 par exemple, on en voit une le 4 juillet, celle que l’on va analyser ici (1) qui est suivie d’une autre le 11 juillet et suivie ensuite par une réunion du 5 septembre. Avant l’assemblée du 4 juillet, la dernière rencontre remonte au 7 avril. Il est probable que le mois d’août est majoritairement consacré aux récoltes, il n’y a pas lieu de provoquer une réunion dans un mois d’activités intenses.

Le texte du 4 juillet 1734 montre des décisions des consuls de l’année que sont messieurs Druilhet, Donat, Cabarroque et Artigau. Ils sont assistés de messieurs Broqueville d’Endardé (2), Marqué, Broqueville-Larroque (3), Druilhet, martel, Sivazé, Breton, Claverie et Marc Breton

Voici le texte : « Par ledit sieur Druilhet, premier consul, a été proposé qu’il a fait mettre les réparations de la place publique à la main dite et fait crier par le valet de ville par trois dimanches ou fêtes consécutives ensemble d’un brèche de la muraille de la ville qui est vis-à-vis la métairie appelée du Grison, sur quoi Pierre Tournon un maçon aurait offert de faire toutes les réparations nécessaires à la place à la boucherie pour ce qui regarde la maçonnerie pour la somme de 16 livres. Et François Lacourt charpentier habitant la présente ville a offert de faire les réparations qui regardent la charpente pour la somme de 63 livres 14 sols. Sur quoi, requiert l’assemblée de délibérer si l’on acceptera les offres desdits Lacourt et Tournon comme aussi Antoine Davant a offert de réparer la dite brèche pour la somme de 44 livres.

De plus, a été proposé que l’horloge étant en désordre et n’allant pas depuis longtemps ; messieurs les consuls auraient fait venir Le sieur Martet, maître horlogeur (horloger)de la ville d’Auch pour voir les réparations qui conviennent de faire pour l’horloge, lequel aurait fait ladite visite et demande  pour lesdites réparations 36 livres s’obligeant de faire tout ce qui sera nécessaire pour la réparation de l’horloge et de reporter d’icelui d’une année qui est aussi de l’assemblée de délibérer.

Sur quoi de commune voix a été délibéré que la communauté accepte du Sieur Martet de réparer l’horloge et la montre d’y celui-ci pour la somme de 36 livres, pour les réparations des piliers de la place et de la boucherie, pour conserver la maçonnerie et enduit icelle demeurée, ont nommé Davasse, tailleur de pierre du lieu de Mauvoux pour 16 livres, lequel s’oblige de commencer ledit travail le 8 du présent mois et le continuer sans se distraire ailleurs jusqu’à la perfection du travail s’engageant à la vérification et que les réparations à la halle et la boucherie concerne aussi François Lacourt charpentier pour la somme de 70 livres par rapport à l’augmentation qui a été faite.

L’assemblée de  resuivre (?) de la halle et boucherie fournissant comme  ?? aussi l’assemblée prie les consuls à faire les réparations nécessaires à la fontaine plus urgentes que celles des brèches. »

Comme l’écrivait Jean Morisse (4) dans son histoire de Monfort, les habitants préféraient prendre des décisions concernant les réparations urgentes et donc la sauvegarde de lieux prioritaires, que de sauvegarder les vielles murailles qui, tant de fois avaient sauvé la vie de ses habitants durant des siècles de guerres. De brèche en brèche, les murailles de Monfort ne sont d’ailleurs plus en 2015 qu’un lointain souvenir, bien que fort heureusement, certaines parties ont été incorporées dans des maisons.

Il n’empêche que voici un texte montrant des décisions de réparations urgentes sur des éléments d’architecture comme l’horloge de l’église, la halle et la boucherie, la fontaine ou la brèche de la muraille.

Géry de Broqueville

(1) Registre des délibérations 1731-1740. Archives municipales de Monfort. (pdf (5,2 mb) : 5280-5281)
(2) Louis Broqueville d’Endardé né en 1662 et décédé le 24/02/1745 à Monfort. Il est le fils de Jean II (1630-1705) et de Brigitte de Cotignon (1627-1697). Il s’est marié à Marie de Solaville le 9/2/1688 à Lectoure. Il est l’auteur des Broqueville belges.
(3) Joseph Broqueville, sieur de Larroque, né vers 1679 et décédé à Monfort le 9 octobre 1759. Il s’est marié avec Marie de Tartanac le 30 novembre 1709 à La Sauvetat. Il est le fils de Germain sieur de Larroque (1653-1734) et de Marie de Limoges Lartigue (+ 1702).
(4) Jean Morisse, Histoire de Monfort, 1965.