Voici une pépite qui raconte la gestion de Bigourdas. Cet acte est tellement détaillé que je ne résiste pas à la vous donner à la,lecture presque de façon intégrale. L’écriture du notaire Jean-François Dabrin 1 n’étant pas trop mauvaise, beaucoup de phrases sont compréhensibles. Il est vrai que certains mots le sont moins car découlant probablement du patois gascon.
Ainsi, le 26 décembre 1742, Jeanne Broqueville d’Endardé, fille de Jean II (1630-1705) et de Brigitte Marie de Cotignon (1627-1697). Jeanne a eu deux époux. Son premier mariage a eu lieu, le 18 septembre 1702, avec Alexis de Lannefranque ( + av. 1720) dont elle a eu une fille, Françoise. Son second mariage a eu lieu le 2 novembre 1727 avec noble François du Bouzet de Bivès,2 sans postérité d’autant que Jeanne a 66 ans.
Métairie de Bigourdas

Jeanne passe un bail de la métairie de Bigourdas, dont elle est propriétaire, avec Jean Berges, père, fermier et Jean Berges, fils, laboureur de la juridiction de Monfort. Voici la description du bail : (…) la Toussaint prochain pendant lesquelles six années les dits Berges père et fils promettent et s’obligent à bien travailler et cultiver les biens et terres dépendantes de la métairie de Bigourdas y donnent tout leur labeur.
De curer les fossés le tout en bon ménage et père de famille, s’obligent de faire faucher les prés de ladite métairie mettre le foin en porche 3 et d’avoir fait des pailles, fait détacher les grains ?? arraché le tout ?? de plus les foires publiques 4 de ?? annuellement pendant les six années, dix paires de poulets et 300 œufs payables ledit jour afin de vendre les poules et chapons à la fête de la Toussaint et les poulets à la fête de Saint Jean-Baptiste de chaque année et les 300 œufs pendant le courant de l’année contenant les premiers de la ?? a la ?? qu’ils ?? pendant le présent bail à ladite métairie et jouissant en particulier du jardin qu’ils ont joui seront tenu de planter des arbres dans le biens de la métairie à la charge de ladite dame de leur fournir bois de chauffage et tous les biens de la dite métairie en bons ménages et pères de famille ne pourrons couper au pied ni à la tête aucun arbre ni plus sans le consentement de ladite dame s’obligent encore ledit preneur de travailler de toutes les façons les vignes que ladite dame a nouvellement fait planter dans la terre de ladite métairie de Bigourdas pendant les quatre années prochaines pour lesquels ladite dames les payera quatre livres argent chacune des dites quatre années et les années suivantes du présent bail ils les travaillent en retirant ?? des fruits favorisant ledit Berges la moitié de toutes les graines qui ?? aux biens de ladite métairie de bonne ?? payeront de leur propre burelage. 5
Aiguisant des outils de ferrant ?? de ladite meule prendra à la dite dame 19 fois de blé froment et la paille de ladite métairie et la restituable à d’autre grains que se mouilleront ou seront partagé en deux portions égales entre ladite dame et les dits Berges ?? aussi que ledit berges se chargent du capital des bestiaux à grasse 6comme de ladite métairie lequel capital revient en contenu d’être et ?? 312 livres sur lequel capital lesdits Berges ont en leur propre la somme ?? deux livres et leur portion des profits qu’il peut y avoir depuis leur présent bail lequel, bétail ils garderont à moitié profit le reste du capital à profit desdits bestiaux appartenant à ladite dame et feront tenir lesdits bordiers les ?? à la fin de ce présent bail et espère ?? comme aussi s’obligent les dits Berges prennent de faire les charges que ladite dame encore sur sa maison la leur soumettant moyennant quoi ladite dame s’obligent de faire jouir lesdits Berges de ladite métairie paisiblement pendant les 6 années revenu annuel de ladite métairie évalué entre les parties à la somme de 86 livres. (…)
Un petit air de permaculture ?
Ce texte est intéressant car il montre quelques pratiques agricoles qui participe à l’enrichissement du sol. Ces méthodes naturelles étaient utilisées autrefois alors que le l’industrialisation a commencé à détruire les sols dès le XIXe siècle. Le fait de planter des arbres et de les entretenir, dans la métairie de Bigourdas, était une gestion sage de l’écosystème à l’époque. Anne Broqueville insiste sur l’importance de planter des arbres et en échange c’est elle qui fournit le bois de chauffage. 7 pendant le présent bail se ladite métairie et jouissant en particulier du jardin qu’ils ont joui seront tenus de planter des arbres dans le lieu de la métairie à la charge de ladite dame de leur fournir bois de chauffage et tous les biens de ladite métairie en bons ménages et pères de famille ne pourrons couper au pied ni à la tête aucun arbre ni plus sans le consentement de ladite dame.
Cette description montre comment les métayers vendaient leurs productions. Ils partageaient aussi une part avec Anne Broqueville, la propriétaire de Bigourdas. Nous sommes avec des ventes en circuit court. 8 Actuellement, au XXIe siècle, nous redécouvrons ce qui se faisait naturellement il y a 350 ans ! Il est temps de redécouvrir la sagesse des anciens en termes d’agriculture et de jeter aux orties, l’agriculture conventionnelle qui n’apporte que malheur aux habitants de la planète !
Géry de Broqueville
- Notaire Dabrin côte 3E8804 (folio 104) aux AD32 – 10266-10278 ↩︎
- François du Bouzet de Bivès est fils de Guillaume (+1699) et de Marguerite de Faudoas de Séguenville ↩︎
- Cela veut dire sous couvert. Le porche est alors une grange. ↩︎
- Pour ce qui est des foires, j’ai déjà écrit un article que vous pouvez lire en cliquant ici. ↩︎
- Mot non élucidé qui est en lien avec les outils à aiguiser. ↩︎
- A grasse. Ce sont des bestiaux pour se nourrir. ↩︎
- Dans tous les pays du monde la déforestation est dramatique. Sur ce coup, Anne Broqueville lutte déjà contre la déforestation pour le bois de chauffe ! Bravo ! ↩︎
- Je suis particulièrement sensible à cette sorte de texte au vu de mon nouveau métier qui est de donner des formations notamment en permaculture avec Pas à Pas vers une terre vivante. ↩︎