Les Broqueville ont été de nombreuses fois consuls. Nous savons qu’ils étaient élus pour un an. L’élection se faisait toujours en début d’année et la prise de fonction était immédiate. Visiblement, les futurs consuls étaient élus non pas parce qu’ils s’étaient proposés mais étaient nommés d’office. On sait que Antoine Broqueville (1) a refusé de devenir consul pour l’année 1584. il a fallu une sentence de la Sénéchaussée de Lectoure pour lui imposer la charge. (2)
Un autre texte qui concerne Saint Sauvy nous permet de mieux comprendre les critères d’élection (3). Saint-Sauvy n’étant pas très loin de Monfort (16 km), on peut supposer que les élections se ressemblent entre elles :
Présentation d’arrêt des syndic et consuls de Saint-Sauvy contre Jean Abadie, au sujet de l’élection consulaire pour la présente année 1613; celui-ci expose ses griefs, a qui consistent :
Primo en ce que « la coustume observée de temps immémorial est telle a qu’il fault que les consuls anciens assemblant neufs jurats des plus qualifiés et leur baillent par liste huit personnes idoines et capables ; des huit lesdits neufs jurats doivent en élire et prendre à la plus grande voix quatre pour estre consuls l’année suivante, ce qui n’a été observé…;
Secundo que Jean Lapeyre, un des neufs électeurs est cousin germain de Pierre Lapeyre, lequel a été par lui élu;
Tertio que ledit Bartère été nommé l’année présente est cousin germain par alliance de Georges Verge…;
Quarto Biaise Forcade un des dits nouveaux élus ayant esté consul en l’année 1607 est relicquataire (3) de l’administralion de lad. charge consulaire et partant ne pouvait aspirer y estre remis;
Quinto bien que la ville de Saint-Sauvy soit de notable importance et que l’exercice de la justice criminelle luy appartienne, voire qu’il se levé des deniers royaux ou aultres annuellement quatre ou cinq cent écus, néanmoins led. consuls nouveaux ne savent lire ni écrire, sont gens idiots et incapables de gérer telle charge, estans led. Bartère et Bernados pauvres gens mercenaires qui vont du jour à la journée gagner leur vie au travail de leur corps;
Sexto Pierre Lapeyre, tailleur est moindre de vingt-cinq ans…;
Pierre de Mauléon, coseigneur de Saint-Sauvy, ainsi que neuf ou dix habitants dudit lieu et le procureur du Roi adhèrent à cette réclamation. »
Grâce à ces deux documents, nous commençons à nous faire une idée de la charge de consul qui semble assez lourde que pour être refusée. En même temps, cette charge permettait d’avoir un ascendant certain sur le reste de la population.Ci-dessous le texte à lire et traduire en français.
Géry de Broqueville
(1) il pourrait s’agir d’Antoine Broqueville (+ avant 1591) fils de Jehan Pierre Broqueville x Agne de Sibada ou bien d’Antoine décédé après 1597, qui est l’auteur de la branche d’Endardé qui a épousé Jacquette de Malac.
(2) Archive départementale du Gers (ADG), Série B.20 folio 47 verso : « le syndic des consuls mauans (?) et habitants de Monfort et Antoine Broqueville ; celui-ci est condamné à prendre la charge consulaire suivant l’élection qui a été faite, et à se présenter devant les autres, consuls pour prêter le serment accoutumé »
(3) Archive départementale du Gers (ADG), ADG-B45 folio 92 verso et 135.
(4) Terme de jurisprudence et de comptabilité. Celui ou celle qui, après un compte rendu, est redevable d’une certaine somme.