C’est un correspondant devenu ami, Guillem Jonquet, très lointain cousin puisqu’il descend de Françoise de Broqueville d’Endardé (1) qui m’a fourni des données intéressantes sur Esparbès. Mais pour y arriver il a fait un travail de bénédictin dans les archives de la Direction générale des Finances publiques de la République française. Ainsi, grâce à cette recherche, il a exhumé l’acte d’adjudication de la vente du château d’Esparbès datée du 8 novembre 1882.
Nous le savions déjà, Louis-Eugène de Broqueville est le dernier des Broqueville français. Il vivait dans le faste jusqu’au jour où à force de perdre au jeu, il voit sa fortune s’amenuiser au point où le château d’Esparbès est mis en vente forcée par jugement du tribunal de Lectoure. Le tribunal de Lectoure avait statué auparavant que M. Louis de Broqueville devait la somme de 440 francs avec intérêts à M. Marie-Ange Chesnier de Toulouse. Cette dette traîne depuis au moins les années 1850 qui semble être le premier jugement devant un tribunal à Mauvezin. Le jugement de 1882 insiste sur le fait que M. Louis de Broqueville devra payer la somme de départ soit 440 francs mais aussi tous les intérêts du entre les deux dates soit 32 ans d’intérêts !
Le 25 janvier 1882, M. Michel Ange Chessnier a obtenu la saisie des immeubles de M. de Broqueville. Après moultes procédures dont je vous passe les détails, il est mis en vente exactement ceci :
« 1) Un château dit d’Esparbès construit en pierre et recouvert de latte feuille et tuile à canal à l’exception de la tour qui est recouverte en tuile plate à crochet façon ardoise.
– Ce château qui a une cave , un rez de chaussée, un premier et un deuxième étage a deux portes d’entrée, au nord sur une terrasse auquel on aboutit par un degré de pierre de taille, la porte la plus fréquentée est celle de droite à laquelle est la sonnette.
– A cette façade on remarque six croisées au premier ou au second, à celle du levant, quatre croisées, à celle du midi, une porte et 7 croisées et à celle du couchant, il n’existe aucune ouverture.
– Ce château est entouré au levant et au nord par un mur d’enceinte et au couchant par les communs du château, granges, écuries, remises, ??, buanderie, Fuchères et autres décharges jusqu’au chemin d’En Grahave.
Le total du château, de ses dépendances et de la cour sont d’une contenance de 15 ares 40 centiares environ section D numéro 760 du plan.
2) Un lopin de terre nature de verger du contenu d’environ 24 ares 60 centiares section D n°761 du plan.
3) Un lopin de terre nature de friche à l’action n° 408 au lieu dit à La Peyroulade de contenance de 14 ares
4) Une pièce de terre nature de même lieu de La Peyroulade de contenance d’environ de 2 ha 31 ares 10 centiares portant le numéro 409
5) Une pièce de terre nature de pré sise à la Planterée de contenance d’environ 57 ares 60 centiares, même section n°711
6) une pièce de terre labourable mise en blé lieu dit à La Planteré de contenance d’environ 5 ha 77 a 80 ca même section n°717.
7) Un grand vivier entouré de hautes murailles fortes en pierre chaine et sable. Ce vivier porte le n°725 du plan pour une contenance de 8 a 50 ca situé dans le hameau d’Esparbès.
8) Un lopin de terre nature et jardin complanté de plusieurs arbres fruitiers et de choux. Ce jardin au milieu duquel on remarque un puits à pompe est situé au lieu d’Esparbès même section n°726 du plan pour une contenance de 39 ares.
9) Une parcelle de terre nature de pré sise au même lieu d’Esparbès d’une contenance d’environ 86 a 50 ca section D n°759 du plan.
10) Une pièce de terre labourable en Guéret au lieu dit à L’enclos de contenance d’environ 6 ha 51 a 90 ca portée n°763 du plan de la section D.
11) autre pièce de terre nature de pré à Larqué de contenance d’environ 1 ha 90 a 60 ca n°380 du plan section D.
12) Une autre pièce de terre labourable nature de jachère de contenance d’environ 2 ha 52 a 10 ca sise au lieu dit à la Croix portée sous le numéro 394 du plan section D
13) Une autre pièce de terre labourable menée en avoine dite La pièce longue de contenance d’environ 21 a 80 ca n°381 même section Sur cette pièce de terre existait autrefois une bâtisse.
14) Une autre pièce de terre labourable semée en avoine dite la pièce longue de contenance d’environ 4 ha 62 a n°396 même section D
15) Autre pièce de terre nature de vigne vieille de contenance environ de 59 a dite au Champ long n°892 section D
16) Autre pièce de terre autrefois nature de labourable complanté de vigne depuis 2 ans sise au même quartier du champ long n°893 section D.
17) Autre pièce de terre labourable de contenance d’environ 1 ha 41 a 17 ca sise au lieu dit Derrière La Sable portée au n788 section D
18) Autre pièce de terre nature de vigne vieille sise au lieu dit à la Peyrolade de contenance d’environ 65 a 50 ca n°439 du plan section D.
19) Autre pi§ce de terre nature de jardin sise au lieu dit Aux jardins de contenance d’environ 8 a 40 ca n° 724 section D.
20) Autre pièce de terre labourable semée en blé d’une contenance environ de 2 ha 49 a 53 ca sise au lieu dit A Hénaumard faisant partie du n 286 du plan section D.
21) Autre pièce de terre nature de bois âgé de 7 ans environ sise au lieu dit En Bourret de contenance environ 1 ha 20a 40 ca n°789 section D du plan cadastral.
22) Autre pièce de terre labourable nature de fourragère de contenance d’environ 2 ha 7a 82 ca au lieu dit d’Entoumas sous le n°795 du plan section D.
23) Autre pièce nature de pré contenance environ 73 a 60 ca sise au même lieu d’Entoumas sous le n° 796 du plan section D.
23bis) une maison à haut et bas étage ayant une façade recrépie et chaux et sable couleur gris clair au nord se trouve la porte d’entrée donnant dans un corridor de chaque coté de la porte une fenêtre paraissant éclairer une chambre chacune à coté à l’autre et du couchant se trouve la porte de la bucherie et du chai, à coté toujours au même apert (coté) du couchant est le hangar à plusieurs étages, on remarque quatre fenêtres parallèles aux quatre ouvertures du rez-de-chaussée.
Cette maison qui est construite en pierre de taille et de moellon est recouverte en latte feuille et tuile à canal est édifiée sur le n° 732 du plan cadastral section D qui est d’une contenance de 6 a 86 ca.
24) Autre pièce de terre autrefois jardin aujourd’hui en nature de pré sise au lieu dit d’Esparbès de contenance environ de 3 a 20 ca n°751 section D.
25) Autre pièce de terre autrefois labourable aujourd’hui de nature de pré confondu avec le numéro 24 que nous venons de décrire par conséquent au même lieu d’Esparbès de contenance environ de 80 a 20 ca n°758 section D.«
Cette énumération est certes fastidieuse, mais elle est intéressante à plus d’un titre car elle donne des informations précieuses sur l’évolution des lieux, d’autant plus que les références des numéros de parcelles correspondent exactement au plan napoléonien édité en 1827 et qu’on peut lire en ligne aux Archives départementales du Gers.
Ainsi l’on commence à imaginer comment était construit le château d’Esparbès. Les tuiles façon canal sont encore utilisées dans le Midi. Le toit était donc rouge. Les tuiles du toit de la tour sont différentes puisque la pente plus raide. Le toit était donc en pointe. Margot Glauco que mon frère et moi avions rencontré en 2011 (voir texte), avait déjà donné ces indications mais ne se souvenait plus du nombre d’étages. La terrasse et l’escalier en pierre de taille, coté nord existe toujours. Elle avait effectivement signalé qu’une autre porte se situait à droite du côté du Sud.
L’on peut même déterminer le nombre de chambre en fonction du nombre de fenêtres réparties sur les trois façades du château, la quatrième étant celle du couchant était aveugle. Bien sûr l’on a déjà le plan du château sur le plan cadastral Napoléonien qui est visible dans un article plus ancien.
Actuellement, les alentours de cet espace sont exactement les mêmes si ce n’est qu’au nord est situé la maison actuelle construite par la famille Hournac avec les pierre du château. Un élément architectural reste une interrogation : A l’arrière du poulailler actuel se trouve une ouverture dans le mur de la grange, à demi-enfouie dans le sol. On constate que l’épaisseur du mur est de plus d’un mètre. Cette ouverture est assez ancienne et daterait peut-être du XVe ou du XVIe siècle voire même plus ancien.
Le vivier (n°7) existe toujours mais est encombré de troncs d’arbres. Il était à l’époque le réservoir de poisson du château (voir article précédent). Au n°8, La pompe existe toujours mais il n’y a ni choux, ni arbres fruités actuellement.
Il est vrai que quand j’ai lu la description de la maison sise au lieu dit d’En Toumas (voir 23bis), je me suis dit qu’il était dommage que l’expert chargé de la description du château n’ai pas pu y entrer pour nous transmettre la description intérieure.
La description d’une pièce de terre au lieu dit de La Peyrolade (n) 18) permet de comprendre un texte de 1782 qui donne aussi la description de cette terre comme faisant partie des biens d’Estienne-Louis de Gimat seigneur d’Esparbès.
Au numéro 13, on signale qu’il y avait une ancienne bâtisse sur cette parcelle cadastrale. Si nous allons voir le plan cadastrale de 1827 on constate que la section D est divisée en trois. Cela ne facilite évidemment pas la recherche. Toutes les autres parcelles décrites peuvent être retrouvée sur le plan cadastrel de 1827 en cliquant ici.
Le n°23bis permet de découvrir une maison qui n’existe plus actuellement.
Il nous reste à découvrir le maillon manquant entre 1789 et au plus tard 1852, mort de Joseph Thomas Laurent de Broqueville-Colomé, âgé de 69 ans, au château d’Esparbès fils de Jean Joseph Bernard de Broqueville et d’Ursule de Lherm de Larcène. Le château devait probablement appartenir à son frère Jean-François dit Paul marié à Anne de Corrent. Nous n’avons pas encore découvert l’acte d’achat de ce château.
Géry de Broqueville
(1) Pour connaître cette généalogie, cliquez ici.