Depuis que la Bibliothèque nationale de France a décidé de mettre sur Internet des millions de documents en format pdf, l’on peut trouver beaucoup de coupures de presse avec le seul mot-clé Broqueville, d’autant que celui-ci englobe des mot dérivés comme brocqueville, blocqueville, boaqueville.
Et donc pas moins de 370 numéros du quotidien, mondain et catholique, français « Le Gaulois », fondé en 1884, concerne les Broqueville. Il est évident que la part belle revient à Charles, notre ministre familial, qui, entre 1908 et 1935, est cité à des moments clés.
Ainsi on découvre dans cette série de numéros quelques grandes étapes de la vie politique de Charles :
- Quelques allusions au travail de député avant 1911.
- La nomination comme ministre des Chemins de fer et ensuite sa présidence ad intérim du gouvernement. (1911-1912)
- Sa victoire éclatante aux élections de 1912.
- La période de 1912 à juin 1918 quand il est Président du Conseil et ministre de la Guerre.
- 1919 avec le passage en douceur vers le suffrage universel.
- 1923 : la flamandisation de l’Université de Gand.
- L’année 1927, lorsqu’il met en garde les Alliés sur le non respect de l’Allemagne du traité de Versailles et les questions du réarmement de ce dernier.
- Les années 32-34, lorsqu’il reparle du réarmement de l’Allemagne et la vulnérabilité de la Belgique face aux visées expansionniste de M. Hitler.
- Les années 35-36, alors qu’il n’est plus en politique, force est de constater que ce sont les recettes Broqueville qui sont utilisées pour le redressement économique de la Belgique.
Bien sûr, il y a d’autres moments clés, mais dans Le Gaulois, ils ne ressortent pas. Et puis, il y a quelques articles qui donnent aussi des caractéristiques du personnage comme sa vision d’une union douanière entre la Belgique et la France, son audace à vouloir créer un tunnel sous La Manche, son souci de l’accueil des soldats blessés qui n’ont pas de famille en France. On le retrouve aussi dans une demande écrite, le 16 mars 1917, au directeur du « Bon Théâtre » de venir au Havre, avec sa troupe, pour jouer une pièce de théâtre écrite par le poète Rochard.
L’on découvre aussi que le ministre était le président d’honneur du Foyer du Soldat belge situé au 107 Quai de Valmy à Paris. On y découvre que ce foyer a déjà accueilli plus de 12.000 personnes en moins d’un an, sous la direction du lieutenant Fierens, commandant militaire du Foyer. Il patronne aussi le Home du soldat de Trouville-Deauville où les dames d’œuvre comme la comtesse de Bourbon-Busset ou l’amirale Maigret s’efforce de restituer la douceur du foyer familial aux soldats permissionnaires et convalescents des pays envahis, français et belges.
D’autres Broqueville
C’est à l’occasion du mariage entre Robert de Broqueville avec Thérèse Bourgeois de Jessaint que Le Gaulois du 5 mai 1913 montre la manière ampoulée dans sa description des relations politiques entre les protagonistes : « On sait que M. de Broqueville est le fils du baron de Broqueville, président du conseil des ministres et ministre de la Guerre de S.M. le Roi des Belges, qui vient de montrer, une fois de plus, dans des circonstances singulièrement difficiles et toutes récentes, des qualités d’énergie et de tact qui font de lui l’un des premiers hommes d’État de son époque. Par sa mère, née baronne d’Huart, fille de l’éminent sénateur pour la province de Namur, le baron de Broqueville descend de M. Malou, fondateur du grand parti catholique belge, dont le nom est encore entouré, dans son pays, d’une auréole de gloire et de vénération. Il est également le neveu du comte de Briey, apparenté à l’éminent et regretté évêque de Meaux, Mgr de Briey, gouverneur de la province de Luxembourg, et du baron Albert d’Huart, membre de la Chambre des représentants pour la circonscription de Dinant. Suit ensuite la description des ancêtres de Thérèse de Jessaint qui n’ont pas à rougir. Ainsi l’on découvre des préfets qui ont leur statue ou leur rue dans l’une ou l’autre ville. Dans le cortège l’on peut voir aussi toute la famille Broqueville avec les cousins et cousines.
On connaît l’engagement de Thérèse de Jessaint durant la guerre où elle passe d’un home d’accueil à l’autre, inlassablement. On sait qu’elle allait à Minhic-sur-Rance et à Saint-Jacut-de-la-Mer. On savait aussi qu’elle dirigeait un établissement à Dinard qui semblerait être le plus important. (Voir article en cliquant ici) Elle a reçu des mains du Roi la Croix de chevalier de l’ordre de Léopold, le 17/12/1916, en même temps que son mari, Robert de Broqueville. Elle reçoit la récompense pour « son dévouement inlassable qu’elle a dépensé au front, dans les ambulances anglo-belges et des services qu’elle a prodigués à nos réfugiés à Dinard où, par son initiative et son industrie, plusieurs œuvres ont été établies au bénéfice de nos malheureux compatriotes. » De son coté Robert de Broqueville a été remarqué plus d’une fois par ses supérieurs durant les actions de l’armée belge : « Il y a une quinzaine de jour encore, alors qu’il était en observation dans un village des Flandres, en pleine ligne de feu, cinq obus de 210 vinrent successivement s’abattre sur son observatoire, projetant de toute parts des débris et la mitraille, pendant ce temps, ne cessait de mener sa danse infernale. L’officier n’en poursuivit pas moins sa besogne d’observateur et celle-ci dut si judicieuse que nos canons, habilement braqués, parvinrent à éteindre le feu ennemi. Un autre jour, sans qu’il s’émût davantage, le baron R. de Broqueville, qui avait mis pied à terre, eut son cheval tué raide à coté de lui« . Un mois plus tard l’on sait que le gouvernement français l’a décoré avec la Croix de guerre.
Ainsi l’on apprend qu’une conférence a eu lieu à Bruxelles le 25 juin 1915 organisée par la Ligue Internationale pour le relèvement du culte en vue de proposer un plan pour la reconstruction de toutes les églises détruites par la guerre. La vice-présidence d’Honneur est Berthe d’Huart, femme du Président du Conseil.
Le 1er mars 1918, la baronne de Wykerloot a été arrêtée à Bruxelles pour crime patriotique. Elle est la belle-sœur de Charles de Broqueville.
Le 21 mars 1918, Le Gaulois nous apprend qu’André de Broqueville a été grièvement blessé dans de violent combat sur l’Yser. Ses son frère Pierre qui était à ses cotés qui l’a relevé et emmené vers l’arrière. Le Roi s’est rendu à son chevet et l’a décoré sur son lit.
Lors de la fête nationale belge du 21 juillet 1918, les épouses des ministres dont Berthe d’Huart envoie un télégramme dont voici le texte : « Nous prions respectueusement votre majesté d’agréer les vœux qu’à l’occasion de la fête nationale nous formons pour le Roi, la Reine et la famille royale. Au milieu des épreuves qui se prolongent, Votre majesté apparaît comme le vivant symbole de la vaillance et de la charité. L’exemple de la Reine soutient le courage, ses bienfaits soulagent les douleurs. Au nom des femmes belges, nous offrons à Votre majesté le tribut de l’admiration et de la reconnaissance. Nous souhaitons qu’aux côtés du Roi, et entourée des jeunes princes et de la gracieuse princesse, la Reine célèbre l’an prochain, le 21 juillet aux acclamations du peuple belge rendu à l’indépendance et à la liberté.«
Un article du 2 avril 1920 nous donne une indication sur l’engagement patriotique d’une des sœurs du ministre : « Madame de Broqueville, en religion Soeur Marie-Gabrielle, vient d’être citée à l’ordre de l’armée : Pendant l’occupation allemande a rendu les plus grands services à la cause française en Belgique. Au péril de sa vie, a facilité l’évasion en Hollande de nombreux militaires qu’elle avait cachés et soignés, et a constamment fait preuve de bonté et dévouement à l’égard des évacués de la région du nord de la France. » La famille savait qu’elle avait reçue la médaille de Chevalier de l’ordre de Léopold avec rayure d’or et Croix de guerre française. Mais elle ne connaissait pas cette citation.
Ces informations sont bien sûr mineures face à la grande histoire, mais permettent tout de même de compléter celles que nous avions déjà ou peut-être aussi de dater les photos se trouvant dans les albums familiaux.
Géry