Quatre actes existent chez le notaire Marcassus (1) dont trois sont une référence directe au rachat du domaine de Monfort par la communauté en 1686. Les sieurs Antoine de Lauzéro, Jean de Silhère de Mauléon d’Arquier et Jean du Bouzet de Bivès, tous habitants de Monfort se sont absentés trois mois pour aller à Paris et Versailles négocier le rachat des domaines de Monfort auprès du roi qui se fit le 27 juillet 1696.
Comme on le sait déjà, Louis XIV cherchait à financer les dépenses de Versailles et ses guerres avec la Hollande. Il décida de mettre en vente ses biens. Ainsi le 30 mai 1675, la communauté de Monfort fut mise en adjudication et offerte au plus fort demandeur (2).
La communauté des Monfortois se battit pour rester propriétaire de leur bastide qui était non seulement libre de tout seigneur depuis sa naissance en 1275 mais était noble avec tous les attributs de la noblesse avec tous les attributs de la noblesse. La seule solution était de la racheter au roi directement. Pour ce faire il a fallu rassembler des sommes importantes. La communauté de Monfort n’était pas riche. Mais certains particuliers qui la composent semblent assez riches pour prêter des sommes considérables. Ainsi Antoine de Lauzéro prête la somme de 4000 livres (3).
Cette somme provient très probablement de la vente de la métairie d’Hillo en la juridiction d’Ardrès faite le 4 novembre par Claire de Ferrat, mère d’Antoine de Lauzéro (4). Cette métairie a été achetée par monsieur maître de Godin, conseiller du roi en l’élection de Lomagne pour le prix, justement, de 4000 livres.
Cette somme est détaillée dans l’acte du 13 novembre (folio 22 vo). « laquelle somme de 4000 livres a été tout présentement comptée et nombrée en pièce de 4 pistoles d’or, double Louis d’or, Louis d’or, demi-Louis d’or, cens et demi-cens et autre bonne monnaie« . On imagine une montagne d’or a vous en faire rêver. Pour découvrir la signification de ces pièce d’or, je vous renvoie à la page « Légendes« .
Ces actes se déroulent début novembre 1686. Les trois délégués sont restés trois mois à Paris et Versailles et ont chacun ramené une ardoise de frais pour le voyage et la vie menée sur place. Nous n’avons que les sommes totales mais pas le descriptif qui nous aurait permis de comprendre leur vie durant ces trois mois passés sur les marches du pouvoir central.
Ainsi le sieur Jean de Silhère (5) a fait des dépenses pour 720 livres, le sieur Antoine de Lauzéro a avancé la somme de 304 livres, 12 sous et 2 deniers tandis que le sieur Jean du Bouzet de Bivès a avancé la somme de 245 livres 7 sous et 6 deniers. Ces dépenses ont été faites « conformément aux délibération tenues en sa faveur faisant le total de la dite somme de 550 livres pour le paiement de laquelle conformément à la délibération du 7 du mois courant« . Ainsi, « ledit syndic a obligé et oblige tout et chacun des biens patrimoniaux et autres de ladite communauté et ceux des particuliers délibérants« .
La communauté entière s’engage sur ses biens pour rembourser les sommes importantes qui ont servi à racheter les domaines de Monfort au roi de France. C’est Jean de Vigier qui est le gestionnaire de cette affaire. Il est seigneur d’Esparbès et c’est en tant que syndic de la communauté et la ville de Monfort qu’il va gérer cette affaire de rachat des domaines de Monfort. Ces actes montrent une partie de l’affaire. L’on ne connait pas la somme totale qui a été payée à Louis XIV.
Géry de Broqueville
(1) Archives départementales du Gers à Auch coté 3E8867 folio 15, 21, 22 et 23. Pour lire les documents, cliquez sur les chiffres des folio.
(2) Jean Morisse, histoire de Monfort en Fezensaguet, Auch, 1995, page 141.
(3) ADG-3E8867 folio 22 verso.
(4) ADG-3E8867 folio 15. Le père d’Antoine est Bertrand Lauzéro qui était notaire de Monfort. Antoine a épousé, le 15 février 1684, Marie de Faudoas, dame de Séguenville fille de Pierre-Jean et de Lucrèce de Roquemaurel.
(5) Jean de Silhère de Mauléon d’Arquier est conseiller du roi, juge-mage et magistrat royal au pays de Fezensaguet. Il est natif de Monfort.