L'on voit bien dans la gravure les charges qui pendent de la bandoulière.

L’on voit bien dans la gravure les charges qui pendent de la bandoulière.

C’est toujours à travers la lecture des archives déposées aux AD32 à Auch (1) que je me pourlèche les babines.  Il faut quand même le faire… Avec un texte de quatre pages, on voit apparaître un élément supplémentaire qui nous donne un petit aperçu de la vie de Monfort. Tout récemment, nous avons découvert que Janotet Broqueville était fermier des domaines du roi. Mais ce n’est pas à ce titre qu’il avait reçu de la communauté de Monfort un mousquet : « Le 13 avril 1619, (…) s’est constitué en personne Janotet Broqueville marchand habitant du dit Monfort  qui de gré  a confessé avoir et tenir de la communauté dudit Monfort un mousquet garni de sa fourquine, de bandoulière et 20 charges qu’il promet tenir en état (…)« 

Le texte suivant est pareil pour Bernard Broqueville qui se voit confié aussi un mousquet comme du reste Bernard Lannelongue, Jean-Pierre Barbey, David Lafitte, François Castaigné (2), Barthélémy Saint-Martin, Jean Broqueville fils de feu Antoine et pour terminer, Dominique Labaule.

Une invention chinoise

Les mousquets étaient utilisés dès le XIVe siècle en Chine, notamment par la Dynastie Ming (1368 — 1644). Introduit en France après la bataille de Pavie en 1525, le mousquet était jusqu’en 1650 appuyé sur une fourquine, fourche pour le tir (baguette de fer fourchue pour y poser le mousquet d’un poids et d’un encombrement important).

Les fantassins armés d’un mousquet étaient nommés mousquetaires. Le Roi leur fournit un mousquet court, mousqueton servant aussi bien à cheval qu’à pied, puis un mousquet long ordinaire uniquement pour l’usage à pied. L’armée française abandonne le mousquet en 1700 avec l’apparition du fusil à silex à âme lisse.

La bandoulière était particulière puisqu’elle comportait le nombre de charge nécessaire au chargement et au tir du mousquet.

Contexte

Mais pourquoi donc cette distribution de mousquet à une partie de la population ? Nous sommes en plein dans la période des exaction du baron d’Astarac de Fontrailles (3), sénéchal d’Armagnac qui se présente devant Monfort et formule son intention de loger à Monfort, lui et sa troupe. Les monfortois refuse le logement mais acceptent le ravitaillement.

Fontrailles se vit lui aussi dans l’obligation cantonner dans les métairies des environs. Ses soldats se livrèrent à moultes déprédations. Les monfortois forts de leurs droits, protégés par de solides murailles possédant une milice bien équipée les habitants de Monfort décide de résister jusqu’à ce que le Parlement de Toulouse leur donne raison.

Devant cette opposition, Fontrailles bloqua toutes les issues de la bastide en y plaçant des corps de garde. Cependant l’impétueux baron n’osa pas attaquer. Il fit ravager les cultures, piller et incendier de nombreuses fermes. (4)

Géry de Broqueville

(1) Notaire Lauzéro, AD32 coté 3E8858 (18550-18554)

(2) Ce dernier dispose d’un mousquet « monté à la française »

(3) La bosse dont il était affublé autant que sa conversion à la religion catholique en 1618, lui vaudront d’amères moqueries de la part de ses ennemis et notamment du cardinal de Richelieu. Ceci explique peut-être le comportement vindicatif du personnage.

(4) Ce texte sur le contexte est extrait du livre de Jean Morisse, page 105-107.