Dans l’avant-dernier article, nous avons vu que les trois frères, Joseph, Jean « Vieux » et Antoine étaient absents de Monfort et réfugiés à Bivès. Que se passait-il donc à Monfort pour fuir la bastide ?

Le 2 octobre 1588, les trois frères sont absents de Monfort. Nous ne savons pas où ils se trouvent.  » (…) a vendu à Joseph Jean et Antoine Broqueville frères marchands dudit Monfort absent mais Blasio de Castaigne femme dudit Jean tient pour eux une pièce de terre labourable qu’ils ont par indivis assise dans la juridiction de Monfort (…) » (1)

Dans un acte du 9 octobre 1589, ils sont aussi absents avec la précision qu’ils sont réfugiés à Bivès. « (…) de son bon gré présente avenir a vendu et vend a perpétuité à Joseph Jean Antoine Broqueville frères marchands de la ville de Monfort à présents réfugiés au lieu de Bivès absents, présente de Blasie Castaigne femme dudit Jean pour lesdits absents (…) » (2)

Contexte historique

Dans les années 1588 et 1589, nous sommes sous le règne du roi Henri III. En 1585, la huitième guerre de religion éclate en France. Cette guerre est aussi appelée guerre des trois Henri. Le roi Henri III n’ayant pas d’héritier, selon la loi salique, c’est son cousin au 21e degré qui devrait monter sur le trône de France. Il s’agit de Henri de Bourbon, roi de Navarre. Or le roi de Navarre est le chef du parti protestant. Les catholiques voient d’un mauvais œil l’arrivée d’un huguenot sur le trône de France. (3)

Du 16 octobre 1588 au 16 janvier 1589, se déroulèrent à Blois, les États généraux convoqué par le roi Henri III pour essayer de régler le différend. C’est durant ces États généraux qu’Henri, duc de Guise est assassiné dans l’anti-chambre du roi.

Et à Monfort ?

Monfort est une bastide traditionnellement catholique. Toutefois, une partie de sa population est protestante. Il semble qu’ils sont minoritaires. Mauvezin était majoritairement protestante.

La région de Monfort était sous la coupe réglée d’un certain capitaine Sus qui semblait assez sanguinaire et qui mettait à feu et à sang, la moindre bourgade du Fezensaguet. Le capitaine Sus, sous les ordres de Jean de Luppé, seigneur de Maravat, avait pris ses quartiers dans la ville de Mauvezin. Il lançait ses expéditions punitives contre les catholiques, tous azimuts. Les bastides de Sainte-Gemme, Bajonnette et Solomiac ont ainsi été incendiées. Monfort y échappe au vu de ses imposantes murailles bien que celles-ci soient en piteux état à certains endroits. (4)

Serait-ce dans ce contexte-là que les trois fils se réfugient à Bivès. Chez qui sont-ils allés ? Se sont-ils réfugiés dans le château des seigneurs du lieu, les Bouzet ? Ce serait étonnant car cette famille apparaît dans l’histoire des Broqueville, un siècle plus tard. Les Broqueville avaient-ils des terres dans ce village situé à 5,6 km de Monfort ?

Propriétaire de terres à Bivès ?

Il est probable que oui puisque nous avons vu que Jean avait le surnom de Pouxé qui est un lieu-dit de Bivès. Dans un article écrit précédemment, je donne quelques explications concernant ce lieu-dit. Or, dans un acte du 12 août 1594 qui concerne l’achat d’une terre à Monfort, Jean Broqueville a le qualificatif de Pouxé. (5) Or ce dernier est né au moins 25 ans avant le fils de Jean (+ vers 1657) et de Guillaumette Donat (+ vers 1634). Ce Pouxé de 1594 serait alors un nouveau Broqueville ?

Il me faudra un jour chercher du côté de Bivès s’il existe des notaires. Ils sont, pour la plupart, du XVIIe siècle. On ne sait jamais que je tombe sur un acte d’achat, par un Broqueville dans ce village. Alors oui, nous saurons exactement où les trois frères ont trouvé refuge.

Géry de Broqueville

  1. Notaire Daguzan côte 3E8820 aux AD32 (21338-21339).
  2. Notaire Daguzan côte 3E8821 aux AD32 (21341-21343)
  3. Pour connaître l’histoire de cette guerre, je vous invite à lire Wikipédia.
  4. Jean Morisse, Histoire de Monfort en Fezensaguet, bastide d’Armagnac, Imp. Cocharaux, 1965, p. 80.
  5. Notaire Pierre Laurens côte 3E8838 aux Archives départementales du Gers à Auch (27170)