En 1917, la possibilité d’exploiter les chances d’une paix de conciliation qu’offraient les velléités manifestées secrètement par le nouvel empereur d’Autriche et par certains éléments allemands, poussa le Comte de Broqueville à céder le portefeuille de la guerre à un général et à prendre lui-même la responsabilité des Affaires étrangères délaissées par le Baron Beyens. Les négociations menées par le Prince Sixte de Bourbon (sous-officier dans l’armée belge avec son frère le Prince Xavier de Bourbon, à droite sur la photo) échouèrent par suite de l’hostilité de l’Italie et du peu de compréhension de M. Ribot, Premier ministre français.
Le Comte de Broqueville, qui redoutait pour l’avenir, une désarticulation de l’Europe, avait été mis au courant de ces démarches et aussi de celles entreprises par le baron von der Lancken à Bruxelles par l’intermédiaire des barons Coppée et de la comtesse de Mérode qui avait touché Aristide Briand (voir les pourparlers de von der Lancken.
Mais il se trouva en dissentiment avec ses collègues quand ceux-ci eurent connaissance de ces derniers faits. Lié par le secret, le premier ministre ne pouvait dévoiler les conversations en cours entre l’empereur d’Autriche et le président de la République M. Poincaré, par l’intermédiaire du Prince Sixte de Bourbon qui éclairaient d’un jour nouveau la tentative de von der Lancken. D’autres tentatives de conciliation comme celle du pape Benoît XV eurent lieu sans plus de succès.
Ministre de la Reconstitution
Il dut abandonner le portefeuille des Affaires étrangères au début de l’année 1918. Il devient alors ministre de la reconstitution.
Pour aller jusqu’au bout du problème sur la question de la reconstitution, car il s’agit bien de ce mot et non pas de reconstruction comme on le voit un peu partout, il a été constitué le 22 décembre 1917 lors d’un conseil des ministres. Broqueville avait suggéré au Roi la création d’un nouveau ministère qui allait cordonner les activités des comités de guerre, eux-même regroupés autrement. Durant toute la guerre Broqueville et le Roi ont créé des comités de guerre comme le conseil suprême des forces armées, le conseil de la guerre, etc.Il pensait donner ce ministère à Paul Hymans pour se débarrasser de lui car il ne le voulait pas aux Affaires étrangères, ce que l’intéressé voulait ardemment. Ce dernier a tout fait pour l’obtenir le 22 décembre et Broqueville a du se contenter de rester Président du conseil. Il avait alors le choix d’être sans portefeuille ou avec… et c’est celui de la Reconstitution nationale qui pris pour faire autre chose que de cordonner une équipe !
Et mine de rien organiser la Reconstitution était un ministère qui le piégeait puisqu’il allait de nouveau être en butte aux conceptions personnelles du Roi comme commandant en chef de l’armée. Et ce fut le fameux faux-pas et la chute le 1er juin 1918 ! (1)
- Haag Henri, Le comte Charles de Broqueville, ministre d’État et les luttes pour le pouvoir (1910- 1940, UCL, 1990, p.636.