Le gascon est la langue que parlaient nos ancêtres depuis fort longtemps. Il est possible, d’ailleurs, que certains d’entre-eux ont continué à parler ce dialecte jusqu’au XIXe siècle. A l’heure actuelle, le gascon est toujours enseigné en tant que dialecte.

Si je vous parle de cela, c’est parce que j’ai trouvé un site Internet très intéressant pour découvrir comment nos ancêtres pouvaient s’exprimer. (1) Bien sûr, la langue française (langue d’Oïl) s’est imposée partout en France petit à petit, par la volonté du pouvoir central. Nous le voyons dans les registres des notaires. Au XVIe siècle, les notaires écrivaient déjà en vieux français avec des mots parfois incompréhensibles pour nos oreilles habituées à la langue française moderne.

Avant cette période, les notaires écrivaient les textes en latin (2) ou en gascon (3), parfois les deux ensemble.

Plus que le Gers

Le Gers est au cœur de la Gascogne. Sur la carte de France, tirée du site internet en question, l’on voit que la partie rouge où l’on parle le gascon se limite par une diagonale qui part de la ville de Vandaye-Montalivet, situé à l’embouchure de la Garonne et descend jusqu’au Comté de Foix, en excluant Toulouse. La limite oblique vers les Pyrénées pour rejoindre la frontière espagnole. La partie basque de la France est juste une enclave linguistique dont la majeure partie se trouve en Espagne.

Il est intéressant de noter et surtout d’écouter les nuances de gascon dans cette même région. Cliquez sur Goutz qui est le village le plus proche de Monfort (11 km). Vous aurez une bonne idée de la manière dont les monfortois pouvaient s’exprimer entre-eux.

Le français de Paris

Le texte qui est à chaque fois traduit est une fable d’Ésope : « La bise et le soleil se disputaient, chacun assurant qu’il était le plus fort, quand ils ont vu un voyageur qui s’avançait, enveloppé dans son manteau. Ils sont tombés d’accord que celui qui arriverait le premier à faire ôter son manteau au voyageur serait regardé comme le plus fort. Alors, la bise s’est mise à souffler de toute sa force mais plus elle soufflait, plus le voyageur serrait son manteau autour de lui et à la fin, la bise a renoncé à le lui faire ôter. Alors le soleil a commencé à briller et au bout d’un moment, le voyageur, réchauffé, a ôté son manteau. Ainsi, la bise a dû reconnaître que le soleil était le plus fort des deux.« 

Le gascon de Goutz

Dans le dialecte de Goutz, le texte est ainsi libellé : « La bisa e lo sorelh se disputavan, cadun assegurant qu’èra lo mei fòrt, quan an vist un voiatjur que s’auançau, envolopat dens un manto. Caujuron d’acòrd : lo qu’arriberé lo prumèr a se hèr tirar son manto au voiatjur seré espiat com lo mei fòrt. Alavetz la bisa se botèc a bohar de tota sa fòrça, mès mei bohau, mes lo voiatjur tengueu son manto e, a la fin, la bisa renoncèc a l’ac her tirar. Alavetz lo solelh commencèc a lusir e, au cap d’un moment, lo voiatjur, rescauhurat, se tira son manto. Alavetz la bisa a estat obligada de reconéisher que lo sorelh èra lo mei fòrt.« 

Pavie, situé à 43 Km de Monfort fait presque partie d’un autre pays !

Le gascon est une langue d’Oc ?

Assurément non. La langue d’Oc est celle de la région à l’est de la Gascogne. Elle s’étire de Toulouse jusqu’en Provence, à l’exception dans son extrême sud-est avec un bout de Catalan.

C’est pour cette raison que les divisions territoriales françaises deviennent de plus en plus absurdes. Placer le Gers en Occitanie est d’une bêtise sans nom. Le pouvoir central (4), même s’il s’en défend, veut probablement détruire les identités culturelles locales. N’en déplaise à certains; cela fait la richesse de la France.

Géry de Broqueville

  1. Atlas sonore des langues régionales de France.
  2. C’est ainsi que nous avons découvert que Broqueville provient du latin Brocavilla !
  3. J’ai acquis un dictionnaire de traduction Gascon/français et inversement. Il m’a permis, rarement certes, de m’en sortir dans la compréhension de mots non traduisibles en français.
  4. C’est un Président Normal qui a pris cette décision…