Dans un acte du début de l’année 1664 chez le notaire Ponsin (1). on voit que Jacques Broqueville peigneur de laine (2) reçoit à titre gracieux des consuls de Monfort une terre de 1 concade 6 places qui est considérée comme « terre vacante et abandonnée » qui appartient normalement au sieur de Castéra, sieur de Laplagne qui a quitté la région, visiblement. En tout cas, même le maître Gabriel d’Arquier, curé de l’église de Monfort atteste de l’inoccupation de cette terre.
Ce sont les consuls qui octroient cette terre à Jacques Broqueville. Pour quelle raison ? On ne le sait pas. Elle est située au « lieu dit à la Boubée de Cabanac juridiction dudit Monfort« . Les seuls engagements que ledit Broqueville se doit de faire : « (…) de plus baillant les dits sieurs consuls ladite terre franche et quitte de toute arrérage des tailles et autres impositions suivant et conformément aux arrêts sauf à l’avenir ledit Broqueville sera tenu de payer la taille au roi et autres impositions et le fief ausit seigneur de Laplagne auquel a fait ledit Broqueville a obligé tous ses biens présents et avenir soumis aux rigueurs de la justice« . Les consuls se prémunissent quand même dans le cas où le sieur de Laplagne venait à revenir à Monfort pour réclamer son bien.
Les consuls ont en fait reçu un arrêt du conseil d’état (3) stipulant que les biens abandonnés peuvent être redistribué aux habitants qui le souhaitent. Visiblement Jacques est choisi comme nouveau propriétaire de ce bien sous réserve qu’il ne soit pas réclamé bien sûr. Il semblerait que cela n’a jamais été le cas.
Parmi les consuls se trouvent le premier magistrat de la ville : Jean Broqueville sieur d’Endardé (4). Bien que le second consul, Dominique Dabrin soit présent, il est douteux que le premier consul ait ainsi octroyé une terre à un de ses lointains parents ! Dominique Dabrin, n’est pas parent du sieur d’Endardé, enfin, jusqu’à preuve du contraire !
Et pourtant, dans le registre des mutations des biens de la juridiction de Monfort daté de 1685-1728, on constate que cette même terre est vendue par Jacques à Jean sieur d’Endardé, le consul… Pur hasard ? Délit d’initiés ? Hé bien non. Cela s’est fait en bonne et due forme et apparemment personne n’a trouvé à redire à l’acte de 1664, d’autant plus que quelques jours plus tard, une terre aussi vacante, depuis quatre ans, a été octroyée à Jean Saliné. (5)
Géry de Broqueville
(1) ADG 3E8977 (folio 41 vo) – (11968-11972).
(2) Voir l’article consacré à Jacques Broqueville qui a épousé Jeanne Roux en cliquant ici.
(3) J’ai fait des recherches pour retrouver cet arrêt concernent peut-être toute la France ou rien que le Fezensaguet. Il doit certainement exister mais n’est pas encore sur Internet.
(4) Jean Broqueville d’Endardé (1630-1705) est marié à Brigitte de Cotignon (1627-1697). Il est le fils de Jean (vers 1587-entre 1660 et 1664) et de Françoise de Saint-Arroman née vers 1600.
(5) ADG 3E8977 (folio 47) – (11976-11977).