Le transatlantique Lancastria de la Cunard Line.

Les Broqueville de Monfort sont restés très casaniers durant des siècles en restant dans la même région que l’on pourrait situer en Languedoc (1) au départ pour migrer vers l’Armagnac, et plus particulièrement, le Fezensaguet par la suite.

L’on sait aussi que quelques familles Broqueville sont parties du coté de Saint-Quentin ainsi que dans le Nord-Pas-de-Calais, mais sans aucune certitude qu’elles soient issues de la nôtre, ou inversement.

Mes recherches sur la famille Broqueville se centre bien sûr sur les archives abondantes se trouvant encore dans le Gers, à Auch plus particulièrement mais aussi à Monfort. On sait que les Broqueville voyageaient dans les alentours pour chercher épousailles, mais jamais très loin.

Le seul Broqueville qui fera plus de 1200 kilomètre, c’est Charles Hubert qui arriva dans les froides contrées du plat pays pour épouser Octavie le Candèle de Ghyseghem, le 28 mai 1828 et faire souche en Belgique, d’où descendent tous les Broqueville belges. Cette dernière du reste est décédée à Toulouse lors d’un voyage pour découvrir Monfort, le 30 mars 1835.

Il faudra attendre que Charles de Broqueville devienne ministre pour que sa fonction l’amène à voyager principalement en France et probablement en Angleterre. En France, il allait plus particulièrement à Monfort pour y gérer les ventes des dernières terres Broqueville et à Châtel-Guyon pour y prendre les eaux.

Avec Sainte-Adresse pour capitale provisoire de la Belgique de 1914 à 1918, Charles, en tant que chef de Cabinet et ministre de la Guerre fit des milliers de kilomètre entre la capitale provisoire et la villa royale de la Panne. Il est évident aussi que les fils du ministre ont passé des permissions plus d’une fois dans la villa Roxane de Sainte-Adresse ou au château de Steenbourg à Saint-Pierrebroeck, à l’est de Calais. En juin 1917, Jacques de Broqueville et son père Charles ont entrepris un voyage à Aix-les-Bains, en voiture, dans le cadre des négociations secrètes avec von der Lancken, ce qui leur a permis, à défaut de négocier, d’exfiltrer, Berthe d’Huart, épouse du ministre, et sa fille Myriam se trouvant à ce moment-là à Lausanne sous couverture diplomatique allemande.

On sait aussi que certains Broqueville ont voyagé dans le cadre de leurs voyages de noce. Mon Grand-père a fait un tour de France dès 1919-1920. Il est passé à Poitiers et Marnay pour y rencontrer sa belle-famille, il est allé probablement aussi à Monfort avec sa jeune épouse. On le retrouve aussi à Aix-les-Bains.

Facture d’une partie du voyage en Afrique du Nord.

Durant les trois premiers mois de 1922, Myriam, Jacques et Alix ont voyagé en Algérie et en Tunisie. Ils ont donc du prendre un bateau mais il n’y a pas de trace du nom de ce dernier. Ils ont utilisé les services de l’agence de voyage Thomas Cook. Ils sont partis de Bruxelles jusque Marseille en train couchette, le 21 janvier 1922. Les étapes de leurs voyages sont Bruxelles-Marseille-Alger-Batna-Biskra-Constantine-Tunis-Marseille-Bruxelles. Une carte postale indique que le trio est resté 9 jours à Alger. Le 9 mars, ils achètent un tapis de Kerouan à Tunis qui sera envoyé par bateau à Bruxelles.

En mars 1928, Myriam part avec sa voiture une Citroën 10 cv avec un chauffeur imposé par son père. Elle est accompagnée au début, jusque dans le sud de la France par Jacques et Alix. Ensuite elle passe en Italie du nord, puis arrive à Venise pour passer en Yougoslavie et ensuite remonter vers la Hongrie et atteindre ainsi le but de son voyage, Budapest. Cette ville accueille, sur l’Ile Marguerite, un jamboree international des Girls Guide. sous la présidence de l’empereur d’Autriche, de l’Amiral Horty et de Lord and Lady Baden-Powell. Coût du voyage environ 9000 francs.

Les voyages à travers Internet

Mais Internet est aussi une source d’archives très intéressantes. Ainsi, je suis tombé un jour sur un site Internet qui recense les mouvements migratoires vers les États-Unis. (2)

J’ai vu qu’il y avait des Broqueville qui avait voyagé en bateau et en avion vers les États-Unis. Bien sûr, je savais déjà que ma tante Myriam (3), sœur de mon grand-père avait pris « l’Olympic » pour traverser l’Atlantique dans le cadre d’un Jamboree international en Amérique, en 1926, en présence de Lord and Lady Baden-Powell, fondateurs du scoutisme. Dans ce cas-ci Myriam était la représentante des Girls Scout de Belgique qui prirent le nom, plus tard, de Guides Catholiques de Belgique, mouvement plus dynamique que jamais, actuellement.

Sur ce site Internet, j’ai vu aussi qu’un autre frère de mon grand-père, André de Broqueville et son épouse Antoinette de Vinck sont parti du Havre le 6 septembre 1930 pour New-York en empruntant le transatlantique « Lancastria« . Il y avait du beau monde sur ce navire puisque l’on dénombre la comtesse Marguerite de Kerchove, la princesse Alexandrine Cantacuzène, le comte Charles de Grunne, pour ne citer que ceux qui se trouvent sur la première page du registre des passagers.

Le destin de ce navire a été tragique 10 ans plus tard. En effet, il a été coulé par les Allemands, le 17 juin 1940 au large de Saint-Nazaire. Bombardé de multiples reprises par des avions allemands, le navire a emporté dans la mort, selon les sources, 9.000 personnes au maximum, et selon d’autres sources, 5.660. De toute façon, Le carnage fut effrayant d’autant que le navire pouvait transporter en temps normal un maximum de 1.846 passagers. Ce grand paquebot britannique, de 169 mètres de long, fut construit par les chantiers William Beardmore de Glasgow, puis lancé l’été 1922 sous le nom de Tyrrhenia, pour le compte de la Cunard White Star Line. Son port d’attache est Liverpool. En 1923, il est affecté à la ligne Hambourg/Southampton/New York, puis en 1924, son nom n’étant pas apprécié, il est rebaptisé et devient “Le Lancastria”. De 1926 à 1932, il assure le service hebdomadaire de Londres à New York, puis il est transformé en bateau de croisière de luxe pouvant accueillir 1846 passagers . Les registres officiels de 1940 parlent de 2477 survivants. De manière étrange, ce naufrage est passé sous silence depuis de nombreuses années et les papiers officiels ne seront déclassifiés qu’en 2040 ! (4)

André et Antoinette de Broqueville ont donc emprunté une ligne régulière. Les archives ne faisant pas la distinction entre ligne régulière et paquebot de luxe, on ne connait pas la manière dont ils ont voyagé. Ce même couple a aussi voyagé en 1930 en Fokker trimoteur 1500 cv au départ de l’aérodrome de la Sabena à Melsbroeck, la même année 1930. Les personnes se trouvant sur la phtos sont : André, Myriam, Antoinette de Vinck de Deux-Orp, Princesse de Ligne, Comtesse Paulo de Borchgrave, Comte van Derbrick. La photo date de 1930 et se trouve dans un album ayant appartenu à Myriam (voir ci-dessus).

Du bateau à l’avion

Jacques à gauche, son fils cadet Michel au centre et le pilote Arnaud sur l’aérodrome de Keerbergen en 1952

Le premier Broqueville qui a pris les airs était Jacques, mon grand-père, en tant que pilote de l’armée belge dès 1916 (5). Il est l’auteur d’une dynastie de pilotes et d’amoureux des airs.

Un autre Broqueville, Henri, fils d’Athanase, frère du ministre, a voyagé, cette fois-ci via la « Pan American World Airways » qui deviendra plus tard la célèbre « Panam » qui n’existe plus actuellement. Ses voyages vers New-York se sont déroulés en 1954 et en 1956. Nous ne savons rien d’autre sur ce voyage.

Bien sûr, d’autres Broqueville ont entrepris des voyages aériens qui du reste remplaçaient, de plus en plus, les longs voyages en bateau. C’est depuis le développement de l’aviation commerciale que les Broqueville se sont mis à voyager réellement. Il est devenu impossible de relater tous les voyages de la famille Broqueville depuis la seconde moitié du vingtième siècle.

Arnaud et Pierre lors d’une compétition de planeurs en Belgique.

Parfois ces mêmes pilotes, depuis que le paysage belge de l’aviation ait été profondément modifié par la faillite retentissante de la SABENA dont Arnaud et Pierre, père et fils, en ont été pilote de ligne, la disparition de SOBELAIR où Jean de Broqueville était aussi pilote de ligne et le dernier Frédéric, aussi petit-fils de Jacques, a quitté la défunte compagnie Virgin, ils se sont parfois lancés dans la compétition de Vol-à-voile, premiers amours des Broqueville. Dans les compétitions internationales, on retrouve Pierre et son neveu, Arnaud aux commandes de planeurs frôlant les plus hautes marches des podiums. En 2013, aux championnats d’Europe en Pologne, ils ont eu la médaille de bronze.

Géry de Broqueville


(1) Voir l’article consacré à l’origine du patronyme Broqueville en cliquant ici.

(2) Honte sur moi, j’ai fait des sauvegardes d’écran pour les Broqueville et j’oublie de noter, ce qui m’arrive rarement, la source de ces documents.

(3) Courte biographie de Myriam accessible ici.

(4) Plus d’information sur le Lancastria en cliquant ici.

(5) Lire l’article consacré à Jacques l’aviateur durant la Grande guerre en cliquant ici, auteur d’une dynastie de pilote que l’on peut découvrir en cliquant ici.