La maladie

La maladie

Les archives municipales de Monfort conservent une liasse de documents difficilement lisibles mais à force de les lire et de les relire,  j’arrive à déchiffrer les textes vaille que vaille. Cette liasse est consacrée à l’hôpital des pauvres de Monfort. Cet hôpital fonctionne exactement comme nos systèmes  actuels de sécurité sociale. Quatre acteurs sont en lice dans le circuit de la pauvreté et de la maladie au début du XVIIe siècle (1) :

  1. Le malade ou le pauvre
  2. Les consuls de la ville de Monfort
  3. Les marguilliers de l’hôpital des pauvres.
  4. La population en bonne santé

1. Le malade ou le pauvre adresse une supplique aux consuls de Monfort pour faire état de leur désarroi, très souvent à cause de maladies dont on ne connaît pas le nom mais qui semblent assez longue pour clouer au lit les malades durant quelques semaines à quelques mois. Pour de telle durée, l’on parle alors de « grande maladie ». Cette supplique montre que des personne qui sont d’honnêtes marchands, artisans, laboureurs ou brassiers n’arrivent plus à se nourrir ou à nourrir leurs familles parce qu’il n’arrive plus à travailler. Il faut bien entendu habiter la ville de Monfort. Voici un exemple de supplique datée du 15 novembre 1617 :

« A vous messieurs les consuls de la ville de Monfort, supplie humblement Jacques Belin habitant de votre ville remontre que depuis 4 mois ou d’avantage il est retenu malade dans le lit d’une grande maladie sans se pouvoir bouger pour gagner sa vie et de sa famille en telle extrémité qu’il n’a nul moyen de se nourrir. Il  plaira à vos grâces de distribuer le bon ?? et ce faisant que du bien des pauvres il lui sera donné ce qu’il verra avec plaisir  aussi il y ait moyen d’entretenir et ne même la faim et il  priera l’un pour sa santé (illisible).

Au bas de la supplique intervient toujours la réponse des consuls : « Par l’admis d’une habitation principale de cette ville ont  donné chaque jour un supplément pendant que durera sa maladie le 15 novembre 1617. signé Janotet Broqueville. » (2) On a retrouvé ainsi des supplique de Jeanne Claverie femme de Bertrand Gasset, Jehan Breton, Bernard Molac, Bertrand Gissot,…

2. Les consuls de la ville sont ainsi sollicités par les pauvres ou les malades et décident en fonction des besoins et probablement des réserves ce que l’hôpital peut octroyer aux pauvres ou aux malades. Les consuls décident de donner des draps pour faire une robe, de la nourriture comme du blé (blèd) ou de l’orge, de l’argent jusqu’à la fin de la maladie. Ce sont les cosuls de la ville qui donne l’ordre aux Marguilliers de l’hôpital des pauvres de donner ce qui a été décidé. En 1617, c’est Janotet Broqueville de la branche bourgeoise que l’on voit apparaître dans tous les documents de cette année, il signe comme consul. Pour retrouver les consuls de cette époque, il suffit d’aller dans la page « Gestion de la cité« .

3. Ces derniers sont les gestionnaires de l’hôpital. Le marguillier est un laïc, membre du conseil de l’hôpital chargé de l’administration des biens ce dernier (terres, locations de terres, rentes et impôts), de veiller à l’entretien des locaux, de tenir le registre de la paroisse et de préparer les affaires qui doivent être portées au conseil. Les membres de ce conseil sont au nombre de trois : un président, un trésorier, un secrétaire. Dans le cas où une difficulté surgit, l’affaire est portée devant les consuls qui tranchera la question. En 1618 on retrouve le nom de Blaise Gissot comme marguilliers.

4. La population en bonne santé joue un rôle prépondérant. En effet, elle paie la taille royale qui est annuelle. De cette taille est soustraite une somme qui va alimenter la caisse de l’hôpital des pauvres.  Ici, c’est de l’argent qui est déposé dans les comptes de l’hôpital mais visiblement ce n’est pas suffisant. Ainsi, les habitant sont sollicités aussi par le don ou le dépôt de nourriture comme du blé et de l’orge ou des pièces de draps. C’est ce qu’on appelle le rolle (actuellement le rôle d’imposition). La quote-part donnée par les habitants en bonne santé est proportionnelle aux revenus. C’est le conseil des consuls qui déterminent qui va donner quoi.

Rolle du blé et de l'orge

Rolle du blé et de l'orge (ref : 9823)

Dans le rolle de 1618 (3), on y lit tous les donateurs en blé et orge dont Arnaud Broqueville dont on découvre pour l’occasion qu’il a un fils (ou une fille) prénomé François qui n’est pas repris dans la généalogie traditionnelle Broqueville.

La preuve qu'Arnaud est en vie en 1618 et qu'il a un fils (ou une fille) François

La preuve qu'Arnaud est en vie en 1618 et qu'il a un fils (ou une fille) François (ref : 9825)

D’autres textes existent qui apporteront peut-être encore plus de lumière au mode de fonctionnement de l’hôpital des pauvres de Monfort. Cet hôpital semblerait avoir existé jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.

Géry de Broqueville

(1) La liasse contient des papiers datés des années 1615-1625, pour la plupart.
(2) 15 novembre 1617-lettre de demande d’admission à l’hôpital des pauvres de Monfort. Lire le texte intégral en pdf en cliquant ici.
(3) Rolle du blé et orge donnés aux pauvres de Monfort géré Jean Broqueville Marguilliers pour l’an 1618
(4) Arnaud Broqueville x Sereigne de Prugnes. Il a pour fils Pierre, auteur de la branche des Empiroy et Jehan auteur de la branche Bourgeoise. Ce sera Anthoine, le fils de Pierre qui sera l’auteur des Endardé.