En faisant des recherches sur Internet, je suis arrivé sur le site du mémorial Yad Vashem de Jérusalem qui reprend tous les noms des citoyens qui ont sauvé des juifs durant la seconde guerre mondiale. Un de mes amis qui devait se rendre à Jérusalem en a fait une photo. Effectivement, le nom d’Henri de Broqueville s’y trouve. Bien sûr avec mon esprit curieux d’historien amateur, je me suis mis à rechercher ce qu’Henri avait pu faire de bien durant la guerre.
C’est Luc de Broqueville qui m’a mis sur la piste, mais au moment où je lui en avais parlé le souvenir de ce que son père lui avait dit était encore obscur. C’est la rencontre avec Mark Honigsbaum qui est journaliste anglais et chargé de cours à l’université de Zurich qui l’a éclairé comme du reste, moi-même aussi.
Ainsi ce journaliste a mené son enquête comme un fin limier, ce qui lui a permis d’écrire des articles sur Internet concernant la famille Lachman qui a été sauvée par Henri de Broqueville.
Voici ce que Mark Honigsbaum m’a envoyé : « En 1940, le baron Henri de Broqueville a fourni refuge pour Bella Lachman (De son vrai prénom Magalith) dans sa maison à Uccle dans la banlieue de Bruxelles, où elle a travaillé pour lui comme nounou pour ses trois enfants Eric, Cynthia et Axel, sous un faux nom, Bertha Blackman. Henri a également fourni à Bella de faux papiers pour dissimuler sa véritable identité de la Gestapo. En conséquence, elle a été en mesure de se déplacer librement entre sa maison à Uccle et l’appartement à Bruxelles où ses parents et ses frères se cachaient.
Quand les Allemands ont intensifié leurs mesures anti-juives, le baron a également fourni de faux papiers pour les parents de Bella et ses deux frères, Izy et Akiba. Gâce à l’utilisation de ces documents les frères ont réussi à franchir la frontière de la Belgique vers la France et ont atteint la Suisse.
Pendant ce temps, le baron a déplacé les parents de Bella dans un couvent à Bruxelles et leur a régulièrement envoyé son chauffeur avec des vivres et des couvertures. Ensuite, lorsque le couvent a été attaqué par les Allemands, il a trouvé un emploi pour les Lachmans dans son château de Burbure à Wezembeek-Oppem.
Ainsi, Moshe Lachman est devenu jardinier et faisait pousser des légumes dans le jardin tandis que sa femme, Esther, nettoie la maison. Le domaine était proche de la maison de campagne du baron où Bella était parti avec l’épouse d’Henri, Inès de San (1) et Eric Axel afin d’échapper aux raids aériens alliés sur Bruxelles. Elle a pu rendre visite à ses parents régulièrement. Les Lachman y sont restés jusqu’à la fin de la guerre. Le baron leur a fourni un camion afin qu’ils puissent retourner dans leur appartement à Bruxelles, où ils ont été réunis avec Bella et ses trois sœurs, Sophie, Zelda et Miriam.
Dans ses mémoires, Bella dit que le baron a également utilisé ses contacts pour fournir des médicaments aux résidents d’un foyer juif de personnes âgées.
Comment Henri a été en contact avec les Lachman ?
Lorsque les Nazis envahirent la Belgique en 1940, Charles de Broqueville (2) avait demandé à Henri de prendre en charge la gestion d’une société pharmaceutique appartenant à un homme juif nommé Sanders. Charles de Broqueville était directeur exécutif de la société et voulait empêcher les nazis de saisir les actifs. Plus tard, Luc m’a dit que son père a également aidé monsieur Sanders à s’échapper de la Belgique. Il a également dit qu’un jour, un groupe de prisonniers de guerre canadiens, échappés d’une prison allemande qui se trouvait juste derrière les bureaux de son père à Bruxelles, ont été aidé par lui pour être exfiltré hors de Belgique.
Selon Bella et ses sœurs, il est clair que le baron avait d’excellents contacts tant avec les mouvements de résistance belge que ceux de la résistance juive. Je pense que ses liens avec d’autres membres influents de l’aristocratie belge et le monde financier belges qui ont utilisé leur argent et les contacts pour aider les Juifs. Les noms de ces bailleurs de fonds sont bien connus des historiens de l’époque et des archives sont importantes sur leurs activités à Zurich.
Je tiens aussi à confirmer l’adresse de la maison du baron d’Uccle. Selon Bella, il était juste à côté des bureaux qui ont servi le Ortskomandatur et mine de rien c’était une excellente couverture. Cela faisait probablement partie d’une stratégie par le baron de garder les Allemands de son côté et pour les empêcher de se douter de quoi que ce soit.
Mark Honigsbaum a publié dans son blog l’histoire de la famille Lachman d’Anvers en quatre partie dont voici les liens : Partie 1 – Partie 2 – Partie 3 – Partie 4
Je comprends mieux pourquoi Henri de Broqueville est reconnu comme juste parmi les nations. Ci-dessous, on peux voir quelques photos transmises par Luc de Broqueville son fils cadet concernant les diplômes de reconnaissance.
Géry de Broqueville
(1) Inès de San (1914-2012) est la première épouse de Henri de Broqueville.