Un bout de papier…

Un bout de papier…

C’est un véritable bout de papier que j’ai reçu par la poste, il y a quelques jours. Un bout de papier qui m’a rempli de joie de découvrir enfin un petit quelque chose d’un de mes ancêtres. C’est un ex-libris qui aurait du orner un des nombreux livres de la bibliothèque de Charles Pierre Joseph Lecandèle.

Charles le Candèle de Ghyseghem est né en 1761 et est décédé le 13 août 1830. Il était le fils de Pierre Henri Joseph (1719-1800) et de Marie Goos de Ghyzeghem (1731-1796). Charles était un érudit puisqu’il possédait une bibliothèque impressionnante qui comportaient de très nombreux livres en français, flamand, latin et italien. Il possédait des incunables ainsi qu’une édition de Dante de 1478. La collection comptait 667 livres très rares. Ces livres auraient pu être dispersé lors d’une vente aux enchères organisée par sa veuve, Elisabeth de Robiano, (1773-1864) (1) en 1838. La majeure partie a été rachetée par la Bibliothèque de Bourgogne qui est devenue ensuite la Bibliothèque royale à Bruxelles. Les livres en question sont classés sous le nom de « Lecandele ».

Non seulement érudit mais aussi grand amateur de peintures anciennes dont il fit don de beaucou d’entre-elles à l’église Saint-Jacques à Anvers, lieu de son baptême. Visiblement c’était un père plutôt versé dans ses livres que présent dans la gestion du patrimoine familiale. L’histoire en a retenu peu de chose de cet homme qui paraît bien effacé face à une épouse capable d’entreprendre plusieurs projets en même temps. Il est possible que Charles cherchait plus l’ombre puisqu’il refuse un titre de baron et a été nommé à son insu et malgré lui membre du Corps Équestre de la Flandre Orientale par arrêté du 14 avril 1816.

Voilà donc un bout de papier, imprimé au XVIIIe siècle qui révèle à la lumière ce personnage qui est le grand-père maternel du premier Broqueville qui a fait souche en Belgique, Stanislas (1830-1919).

Géry de Broqueville

(1) Un jour j’écrirai un article sur cette femme d’affaire qui était capable non seulement de diriger une entreprise, créer un ordre religieux qui existe toujours et élever ses enfants durant des moments de tourmentes politiques.

Ghyseghem, il n’y a que moi qui peut comprendre…

Ghyseghem, il n’y a que moi qui peut comprendre…

Cette phrase est orgueilleuse à souhait, je le reconnais aisément, tant j’ai désiré acquérir cette lettre sur un site d’enchères, bien connu. Certes, je trouvais le coût assez élevé… mais quand l’amateur que je suis collectionne, il ne recule devant aucun sacrifice.

Dire que j’ai veillé nuit et jour pour être le premier acheteur de cette lettre, est très exagéré. Je connaissais le jour et l’heure de la fin des enchères. Pas de précipitation de mon chef, d’autant que le nombre de vues est irrémédiablement noté sur le site Internet. Un trop grand nombre de ces passages auraient pu attirer l’amateur de lettres anciennes ou de timbres de Léopold Ier, non dentelé de 20 centimes.

Je me suis résolu a attendre embusqué dans mon coin, le moment fatidique pour en être le premier enchérisseur. Bien m’en a pris. Je l’ai eu ma lettre !

Lettre du 19 mars 1851

C’est ainsi que je peux lire cette lettre adressée à Madame la baronne au château de Ghyseghem datée du 19 mars 1851 cachet de Alost faisant foi. Présence d’un cachet noir illisible. Cette lettre est envoyée de Postel.

Il n’y a qu’un Broqueville qui peut comprendre d’où vient cette lettre, d’une part, et surtout sa destinatrice. D’où ce titre prétentieux ! Madame la baronne du château de Ghyseghem n’est autre qu’Elisabeth de Robiano (1773-1864) qui a épousé Charles le Candèle de Ghyseghem (1761-1830). Ces derniers sont les grands-parents de Stanislas de Broqueville (1830-1919) qui a fait souche en Belgique.

Elisabeth de Robiano a eu une vie assez incroyable pour une femme du XIXe siècle. Elle était une femme d’affaire douée d’une grande piété au point de créer un ordre religieux qui existe toujours à l’heure actuelle.

Soeur Pirson a écrit un très bon livre sur la vie et l’œuvre d’Elisabeth de Robiano (1). Elle y décrit très bien l’état d’esprit d’Élisabeth notamment sur les questions de la création de l’ordre des Sœurs de Saint-Vincent de Paul de Ghyseghem.

L’année 1851 a été celle de la constitution du domaine de Postel. Ce dernier est issue de la dissolution de la société anonyme de défrichement de la Campine fondée en 1847. Le domaine fut divisé en trois parties. La plus grande partie appartenait à Elise de Ghyseghem (2). La seconde partie revient, en 1857, à la douairière le Candèle-Robiano (Elisabeth). La troisième partie échoit, en 1858, au Prince Philippe, Comte de Flandres qui deviendra par a suite la Donation royale. Les deux première partie formeront un domaine unique et arrivera par héritage à Stanislas de Broqueville.

Le contenu de cette lettre

Il s’agit de R. Van Eetvelde, gestionnaire de Postel qui décrit la situation de l’extension d’un canal. On parle ici de la création de trois sociétés, celle-là même décrite ci-dessus. Sans la création effective de ces trois sociétés, il ne peut y avoir de règlement de l’extension du canal de prise d’eau. Toujours est-il que cette question du canal est primordiale pour Postel pour permettre l’irrigation des terres posteloises. L’administration des canaux est d’accord d’une prise d’eau pour l’irrigation de 600 hectares alors qu’il y en avait plus de 4.600 au total.

L’administration aurait pu être d’accord pour la totalité alors que le dit canal n’a été creusée qu’en…1924 ! C’est dire combien l’administration peut être prompte à donner des accords virtuels déjà à cette époque-là !

Voilà donc pourquoi j’avais vraiment envie d’acheter cette lettre qui concerne ma trisaïeul !

Géry de Broqueville

(1) Soeur Lutgardis Pirson, Elisabeth de Robiano, Madame le Candèle, baronne de Ghyseghem (1773-1864, Bruxelles, 1990.

(2) Élisabeth dite Élise le Candèle de Ghyseghem (1800-1888) est la fille de Charles et de Élisabeth de Robiano. Elle est donc la tante de Stanislas de Broqueville. Elle est décédée célibataire et donnera toute sa fortune à ce dernier.