Jeanne Broqueville est issue de la branche des Endardé et est la sœur de Louis de Broqueville. Ce dernier est l’auteur de la branche des Broqueville qui ont migré en Belgique au début du XIXe siècle. Les destinataires de sa donation (1) sont les enfants de Louis.
Jeanne s’est marié en première noce avec Alexis de Lannefranque, en 1702, donc à l’âge de 41 ans (2). Elle a eu une fille Françoise qui ne lui a pas survécu puisqu’elle n’est pas citée dans l’acte de donation, ni d’ailleurs son premier mari dont on sait qu’il est décédé avant 1720.
C’est à 66 ans que Jeanne se remarie, en 1727 (3), avec noble François de Bouzet de Bivès (4), dont elle n’a pas eu d’enfants, bien évidemment. Trois ans après son mariage elle décide de faire une donation irrévocable à son neveu Bernard de Broqueville qui lui a rendu beaucoup de service et lui a été fort agréable. Bernard est à cette date-là Maréchal des Logis de la compagnie du sieur de Saint-Marc au régiment de Luynes cavalerie. (5)
Il est clair que Jeanne fait donation de son vivant mais elle en garde la jouissance jusqu’à sa mort et à celle de son mari. Visiblement sa fortune est de plus de 6000 livres puisqu’elle en donne 5000 (300 en meubles et 4700 en terres) à son neveu Bernard, sous réserve de devoir la taille au différents fiefs que sont ceux du roi, des seigneurs d’Esclignac et d’Esparbès et la taille dû au fief des prêtres de Monfort. (6) Jeanne se réserve quand même 1000 livres « qu’elle se retenu pour en disposer à ses plaisirs et volonté, et au cas ladite dame ne disposera pas elles seront emportée dans la présente donation « . Elle consacre aussi 200 livres « pour faire prier Dieu et dire messe de requiem pour le repos de son âme ou de celle des prédécesseurs les plus proches parentes par les prêtres« .
En plus de ce qu’elle donne à Bernard, elle donne 1000 livres « au sieur Baptiste Broqueville (7) son neveu, chevalier de l’ordre militaire de saint-Louis, capitaine au régiment d’Orléans infanterie les droits maternels qu’elle a apprendre sur les biens de Gardebois » (8).
Elle enjoint aussi à Bernard « de payer la somme de 300 livres à chacun des sieurs Alexis (9) et Joseph Broqueville (10) frères, ses neveux et la somme de 400 livres à demoiselle Françoise Broqueville (11) sa nièce payable lesdites sommes audit sieur Broqueville et suite demoiselle après le décès de la dite dame et de son époux comme aussi retenu ledit sieur donataire« .
Jeanne est née en 1661 et est décédée en 1744. Son mari l’a précédée dans la tombe avant 1742. Elle était la fille de Jean II Broqueville d’Endardé (1630-1705) et de Brigitte de Cotignon (1627-1695). On se connaît pas grand chose de sa vie d’autant qu’elle s’est mariée sur le tard (41 ans). On la voit apparaître seulement à deux baptêmes comme marraine.
Géry de Broqueville
(1) Notaire Marcassus coté 3E8884 aux AD32 (ref : 21361-21362)
(2) La famille Lannefranque est installée depuis plusieurs générations à Monfort. L’on ne sait pas trop si elle porte la particule ou si elle est réellement noble.
(3) Acte de mariage chez le notaire Marcassus coté 3E8883 (ref : 8710-8715)
(4) La famille du Bouzet de Bivès est implantée à Bivès depuis quelques générations. François est Sieur de Bives (1685-av.1742). Capitaine au Régiment du Bourbonnais infanterie. Son père s’appelle Guillaume (+1699) et sa mère est Marguerite de Faudoas de Séguenville. Son demi-frère est Denis du Bouzet de Bivès dont la mère est Marie de Broqueville d’Empiroy.
(5) Ce régiment a été créé sous le nom de Régiment Royal-Lorraine cavalerie, en 1671. C’est en 1717 qu’il est renommé Régiment de Luynes cavalerie. Dans d’autres actes, il est lieutenant puis capitaine au Régiment de Brancas-Ancenis cavalerie. C’est le nom du même régiment donné en 1639. Pour plus de détails voir Wikipedia.
(6) L’on voit donc l’étendue des terres de Jeanne. Ce qui est intéressant de découvrir que les prêtres de Monfort ont des fiefs, chose que nous n’avons jamais vu dans des textes.
(7) En réalité il s’appelle Jean-Baptiste (1689-1771). Seigneur d’Endardé et de Colomé, capitaine au Régiment d’Orléans. Il se distingue à Denain en 1712. Écuyer, Chevalier de Saint-Louis, pensionné du Roi pour ses blessures. C’est lui qui continue la lignée des Endardé, ancêtre des Broqueville belges.
(8) Gardebois est une des métairies possédée par des Broqueville au même titre qu’Esparbès, Endardé, En Buc, Empiroy, Larroque, Garros, etc.
(9) Alexis de Broqueville de Garros (1694-1766), conseillé de la vicomté. Bien que la tradition familiale retient qu’il est mort célibataire, il a eu néanmoins 4 enfants d’une femme dont on ne connaît pas le nom.
(10) Joseph de Broqueville de Larroque (1701-1760). Il possède cette terre et la métairie de Larroque. Il est assigné par Catherine Druilhet en 1731 pour coups et blessures auprès du tribunal de Mauvezin. Voir article en cliquant ici. Il semble qu’il n’ai pas de postérité.
(11) Françoise de Broqueville (1700-1784), bien que Jeanne ne donne pas la particule. Françoise est mariée avec Jean-François Dabrin (1688-1770) dont une nombreuse descendance subsistante encore aujourd’hui. A la fin de sa vie, Françoise était souvent prise comme marraine des enfants de Mathieu Goulard et Marie-Louise Dabrin. Elle semblerait ne pas pouvoir signer dans les années 1770-1774.