Un acte d’accord (1) entre Marianne de Saluste (2) et noble Jean Balthazar Blanc nous donne un historique de cette métairie de Canet qui est en tout cas une seigneurie au moins depuis la moitié du XVe siècle.
Cet accord met un point final a un gros contentieux qui comme on va le voir est normal au vu des nombreuses transactions qui ont eu lieu à travers les siècles entre diverses familles. mais grâce à ce compromis, nous avons la chance de découvrir les propriétaires successifs de 1446 à 1604 !
Preissac, Montaut et d’Ornezan
Marianne est incontestablement seigneur de Canet, mais il semblerait que certaines terres enclavées dans ses propriétés appartiennent à Balthazar Blanc comme héritage en provenance de sa mère Isabeau d’Ornezan. Actuellement, je n’ai aucune trace de cette Isabeau si ce n’est dans le présent acte. Je ne connais pas son ascendance mais en tout état de cause la famille d’Ornezan possédaient des terres à Monfort et Eslignac dans des temps plus anciens.
« Jean d’Ornezan, baron d’Auradé, confirme à Menaud de Preissac par acte du 21 avril 1501, la vente de la portion des oblies, cenfives, fiefs, agriers, dixmes, acaptes, arrières-acaptes, lausime, directe (3) et propriétés dans les lieux d’Esclignac & de Monfort, jadis appartenant, comme on l’a dit, aux seigneurs de Labarthe & d’Ornezan, du chef de Brux-Martine de Preissac » (4)
Brux-Martine est fille de Odon de Preissac, damoiseau marié à la dame de Monteg. Ce dernier est le frère de Simone que nous allons retrouver ci-dessous. Brux-Martine est la petite-fille de Bertrand de Preissac qui par « acte de rachat le 7 octobre 1467, devant Clader, notaire à Toulouse, des droits de cens, oblies, dixmes & autres rentes qui appartenaient à Arnaud-Guillaume d’Ornezan, seigneur baron d’Auradé et à Marguerite de la Barthe sa femme, dans Esclignac & Monfort, lesquels droits leurs étaient avenu du chef de Brux-Martine de Preissac « (5). Jean d’Ornezan lui fit vente de ces mêmes droits, par un second contrat du 18 mai 1486 passé devant Jean Saloni, notaire de Monfort (6). Jean confirmera cette vente le 21 avril 1501.(7)
Marianne de Saluste apporte un autre acte qui montre que Canet provient de feue noble Simone de Preissac femme d’Oddon de Montaut, seigneur et baron de Montaut, le 6 février 1446 retenu par Guyot Gallier notaire d’une ville dont le nom est illisible. Simone de Preissac est fille de Vital et d’Anglèze d’Arros. Elle se marie au château d’Esclignac par contrat le 10 novembre 1328 avec Oddon de Montaut, co-seigneur de Homps. Assistait au mariage Raimond-Sans de Manas ce qui démontre que la famille de Manas se trouvait déjà à Homps. (8)
Manas et Saluste
Ainsi tout deux produisent un acte qui montre que c’est Antoine de Manas seigneur d’Homps qui achète une partie de ces terres par contrat chez maître Jean Lamique notaire à Mauvezin, le 31 mai 1460, acte confirmé chez maître Ramond Fabri, notaire de Monfort.
On sait maintenant que les terres possédées par la famille d’Ornezan ont été divisées entre les trois enfants de Vital de Preissac (Vital, Oddon et Simone) ce qui amène des découpes de parcelles telles qu’il est difficile de s’y retrouver. Il est probable que lors de l’achat de Antoine de Manas, cette terre est arrivée, par héritage, dans les mains de noble Jean-Jacques de Manas (9), seigneur d’Homps. Celui-ci reconnaît que certaines terres de Canet appartiennent effectivement à Balthazar Blanc. Au moment des tractations, Jean-Jacques n’est plus le propriétaire des terres en question puisqu’il les a revendues à Pierre Saluste par contrat passé devant le notaire Sans Daguzan, le 29 juin 1583.
Pierre Saluste (10) est fils de Guillaume Saluste et de Guillemine Monge. Il est l’oncle du poète. Pierre vit la plupart du temps à Toulouse puisqu’il est conseiller au Parlement de Toulouse en tout cas de 1558 à 1583. Il transmet par héritage à son fils Marianne le terre de Canet. Ce dernier transmettra plus tard les seigneuries de Canet et Combirac à son fils Germain (1598-après 1671) qu’il a eu avec sa troisième femme Jeanne de Bourassol. (11)
Le présent acte est tellement compliqué que le notaire renonce à détailler les terres litigieuses. C’est un acte daté du 18 mai 1604 se déroulant à Monfort toujours chez le notaire Lauzéro qui montre la reconnaissance des terres de Jean Balthazar Blanc par Marianne de Saluste et inversement. La description des terres peut être lues en cliquant sur le numéro de référence 14041-14051.
Géry de Broqueville
(1) Les deux actes sont passés chez maître Jean Lauzéro que l’on peut retrouver aux Archives départementales du Gers à Auch sous la cote 3E8846 (ref personnelle : 14025-14051)
(2) Pour tous ces mots voir la page « Légendes », rubrique du droit seigneurial.
(3) Marian de Saluste est le fils de Pierre et de Anne Delpech. Il est docteur en droit, avocat et puis conseiller au Parlement de Toulouse. Il devient capitoul, en 1584, de la même ville. Il est né vers 1551 à Toulouse. Il a eu au moins 17 enfants de ses trois femmes.
(4) Gastelier de la Tour, Généalogie de la maison de Preissac, tirée du « Nobiliaire historique de la province de Languedoc, Paris, 1770
(5) Ibid. page 63.
(6) Ibid. page 74.
(7) Ibid. page 75.
(8) J. Noulens, « La Maison historique de Galard », tome 1, Paris, 1871, page 421. Qu’Oddon de Montaut soit co-seigneur d’Homps montre qu’avant l’arrivée de la famille de Manas, cette seigneurie était partagée entre diverses familles.
(9) Jean-Jacques de Manas est le père de Catherine qui épousera Guillaume Saluste du Bartas, le poète. Jean-Jacques est marié avec Hélène de la Cassaigne. Le père de Guillaume, François (x Bertrande Broqueville) a acheté à Bernard d’Ornezan, évêque de Lombez les terres du Bartas en 1565 qui ne comportait à l’époque qu’une ferme. Il s’agit de la même famille.
(10) On ne connait pas la date de naissance de Pierre Saluste mais il est encore en vie ce 8 mai 1604 puisque l’acte se déroule dans sa maison à Monfort. Pour comprendre la généalogie Saluste, cliquez ici.
(11) La terre de Combirac semblerait être voisine de celle de Canet mais pas dans la juridiction de Monfort et proviendrait de la famille de Combirac. Cela fera l’objet d’un futur article. Actuellement on a pas connaissance d’une descendance éventuelle de Germain et donc on ne peut dire dans quelles mains les terres de Canet sont passées pour arriver jusqu’au XXIe siècle.