Le système Google actualité est intéressant car il permet de détecter des articles sur des sujets qui concerne mes recherches. Ainsi les mots-clés utilisés sont Broqueville, Brocqueville, Postel, Monfort, Châtel-Guyon et Sainte-Adresse. Pour ce qui est de ce dernier mot-clé, je viens de recevoir une alerte concernant une rumeur persistante, puisque 100 ans après, visiblement, elle ressort tous les trois mois environ.
Cela concerne le versement annuel à la Mairie de Sainte-Adresse de la part du gouvernement belge comme remboursement des frais de sa présence à Sainte-Adresse durant la Grande Guerre, de octobre 1914 à novembre 1918. Comme si 100 ans après, les Belges payaient encore !
La page du journal Paris-Normandie (1) que l’on peut trouver en cliquant ici, donne une explication à cette rumeur. Il s’agit probablement de l’interprétation jalouse de la part des habitants du Havre par rapport aux habitants de Sainte-Adresse où la fiscalité municipale est largement moindre.
Je me suis penché à nouveau dans le livre « L’effort belge en France pendant la guerre 14-18 » pour essayer de comprendre d’où vient cette rumeur. Effectivement, les Belges ont reçu certains bâtiments gratuitement comme la Villa Louis XVI, siège du ministère de la guerre, et la villa Roxane qui abritait le ministre Charles de Broqueville et sa famille quand cette dernière était à Sainte-Adresse. Par contre, dès qu’un ministère belge s’installait dans une villa privée, le ministère devait payer le loyer demandé. Il n’y a pas de trace de l’importance ou non du loyer demandé par les propriétaires. L’hostellerie des ministères et les repas ont été réglés par les ministres belges qui s’y réunissaient où qui y logeaient. Il fallait bien que quelqu’un paie l’addition au propriétaire de l’hôtel.
Certains ministères étaient aussi installés dans des bâtiments du Havre et là aussi les loyers ont été dûment réglé par le budget de chaque ministère. Il en était de même pour les usines installées au Havre. Et quand l’Usine d’Or a explosé le 11 décembre 2015, il a fallu réparer les dégâts. C’est la Belgique qui a réglé l’intégralité de la facture, en sachant que les Anglais ont proposé de faire venir d’Angleterre des tonnes de vitres pour remplacer les vitres de presque toute la ville du Havre en vendant aux Belges, le verre… au prix le plus fort. En tant de guerre, il n’y a pas de petit profit !
Le 20 décembre 1914, alors que le gouvernement Belge est déjà installer à Sainte-Adresse et au Havre, une campagne de dons est lancée en France pour venir en aide aux nombreux réfugiés qui s’y trouvent. Le produit de cette « journée du drapeau belge » a remporté un engouement tel qu’au soir, sur l’ensemble de la France, 3.309.000 francs ont été récoltés. Au Havre, les organisateurs de la collecte s’étaient procuré 100.000 petit drapeaux belges à mettre à sa boutonnière. En fin de matinée tout était écoulé ! Tout était vendable pour peu que cela représentait le Roi, la Belgique et son drapeau. Ce sont donc les Français qui ont contribué, par leur magnifique générosité, à diminuer les souffrances des réfugiés. Il y en a eu d’autres appel de cette nature durant la guerre. (2)
Le gouvernement belge n’allait quand même pas rembourser cet argent à la mairie du Havre ou de Sainte-Adresse alors que l’argent était donné généreusement par des individus. De plus, toutes les dépenses réalisées par le gouvernement belge durant la guerre ont été dument payées par le gouvernement, parfois, comme on l’a vu avec la questions des vitres, au prix fort.
Et donc effectivement, l’article paru ce 21 février dit la vérité. mais je crains que dans 200 ans l’on racontera encore que le gouvernement belge rembourse chaque année au trésor de Saint-Adresse ses années de présence dans la station balnéaire.
Géry de Broqueville
(1) Anonyme, A Sainte-Adresse, la rumeur infondée de « l’argent des Belges », in Paris-Normandie, 21/02/2017.
(2) Albert Chatelle, L’effort belge en France durant la guerre 1914-1918« , Firmin-Didot ed, 1934, page 202.