Plusieurs textes, dont une sentence, montrent que Jean Broqueville, fils de feu Antoine, n’a pas toujours eu la vie facile, même s’il a été marchand ou même bourgeois de la ville de Monfort. Pour devenir bourgeois, il faut être reconnu comme un notable. Il s’avère que plus d’une personne a essayé de spolier Jean.

Tout d’abord nous nous trouvons face à un document d’une dizaine de pages repris chez le notaire Mathieu Sabathier de l’année 1609. 1 Jean Broqueville a dû batailler ferme pour récupérer des biens lui appartenant par héritage de sa mère. Le père de Jean est Antoine qui décède, en tout cas, avant le 18 février 1595. 2 Sa mère est Catherine Fuilhade qui décède avant 1608. 3 Or la présente Sentence arbitrale pour le sieur Jean Broqueville fils d’Antoine contre les hoirs de Barthélémy Castéra, date de l’année 1609. Catherine Fuilhade avait épousé Antoine en 1584. 4

Joseph Broqueville, tuteur paternel

Le 21 septembre 1602, Joseph Broqueville, son oncle, frère d’Antoine est toujours considéré comme son tuteur. Il signe. 5 L’épouse de Joseph est Sibile Delau. Il est resté tuteur jusqu’à sa mort avant le 7 juillet 1600. Dans le testament de Joseph, du 29 avril 1600 6, il confirme qu’il a transmis la tutelle de Jean fils de feu Antoine à son fils Janotet, d’une part et à Autre Jean fils de Jean « Vieux », son autre frère.

J’ai mis la main sur trois actes intitulés « Achat de Jean Broqueville fils à feu Antoine ». Deux de ces actes sont datés du 18 février et le troisième du 13 mai 1595. Comme Jean est encore mineur, c’est la signature de Janotet son tuteur légal qui apparaît. 7

Barthélémy Castéra, tuteur maternel

La situation de jean est peu enviable. Il est orphelin de père et de mère au moment où se déroule cette sentence arbitrale. On sait que Jean est né en 1585. 8 Donc au moment de cette sentence, il a 24 ans. Il n’est pas encore majeur.

Il a eu un tuteur légal qui est dit tuteur maternel. C’est Barthélémy Castera, décédé. Sa veuve est Dominique Lapeyre qui se présente avec son fils Jehan Castéra. Le tuteur maternel veut dire qu’il provient du côté de la mère, Catherine Fuilhade Celle-ci a pour père Barthélémy Fuilhade et pour mère Françoise Lapreyre. Le lien familiale est donc la veuve du tuteur légal, Dominique Lapeyre, est la grande tante maternelle de jean Broqueville.

Or il s’avère que Barthélémy Castéra a fait des opérations de ventes au moins à partir du 28 octobre 1592. Cela veut dire que Catherine Fuilhade est, en réalité, décédée avant cette période. 9 Jean avait 7 ans à ce moment-là. Comme tuteur maternel, la mission est de s’occuper des affaires de la mère de Jean qui est donc décédée aux environs de 1592.

Une sentence juste

Cette sentence exige que les biens meubles et immeubles ainsi que l’argent de Catherine Fuilhade soient restitués à Jean Broqueville. Si l’on fait l’addition des sommes que la famille Castera lui doit, cela se chiffre à environ 500 livres intérêts compris. Les biens meubles et immeubles ne sont pas cités.

Dans plusieurs textes, on retrouve des allusions à la situation difficile dans laquelle vit Jean Broqueville. Alors qu’il était l’aîné de la famille, il a toujours été considéré comme un cadet ayant perdu père et mère très jeunes.

Dans la marge de la troisième page, Jean Broqueville confirme que Dominique Lapeyre a réglé l’ensemble de la dette. Voilà qui semble clore les actions en justice que Jean Broqueville a dû entreprendre pour entrer en possession de ses biens, alors qu’il était mineur. Ses oncles et cousins Broqueville n’ont pas profité de sa faiblesse pour s’enrichir sur son dos. Il semblerait que Antoine soit mort tragiquement, en laissant des traces dans la famille.

Je n’ai aucune preuve de ce que j’avance mais tout porte à croire qu’une partie de la famille en est sortie traumatisée.

Géry de Broqueville

  1. Notaire Mathieu Sabathier côte 3E8947 des Archives départementales du Gers à Auch – 29714-29721 ↩︎
  2. Son frère Joseph réalise son testament le 21 avril 1600 chez le notaire Lauzéro signalant qu’Antoine est déjà décédé à cette date (13174-13180) Son frère Joseph légua à son fils Jean une petite somme dans son testament. Dans une série de trois actes datés des 18 février et 13 mai 1595, il est déjà décédé. (27183-27184), (27184-27185), (27186-27187) ↩︎
  3. Elle est dite décédée dans un acte du notaire Lauzéro daté du 7 avril 1608 (14398-14401) ↩︎
  4. Le contrat de mariage est cité dans un acte de 1623 (18900-18904) ↩︎
  5. Notaire Lauzéro 3E8845 aux AD32 – (13331-13333) ↩︎
  6. Notaire Lauzéro côte 3E8843 (folio 113) aux AD32 (13174-13180) ↩︎
  7. Notaire Pierre Laurens côte 3E8839 au archives départementales du Gers à Auch, (27183-27187), (27220). ↩︎
  8. Il est dit dans l’acte du notaire Lauzéro daté de 1610, qu’il doit apporter un acte prouvant sa majorité de 25 ans. Il est donc né en 1585. (14556-14559) ↩︎
  9. Le père de Catherine Fuilhade ne peut pas aider sa fille puisqu’il est décédé avant le 9 février 1574. Il est probable que sa mère le soit aussi au moment de son décès. ↩︎