ElisabethDans un livre de Charles d’Ydewalle sur la Reine Elisabeth (1), on peut trouver des inexactitudes qui ont la dent dure. Ainsi à page 61, l’ont voit du beau monde fréquenter les salons de la capitale. « Le baron de Broqueville, petit-fils d’un préfet de l’Empire, gouvernait. De ce gentilhomme gascon, Vandervelde murmurait volontiers : « Je le crois plutôt normand ». Avec des astuces de renard, il servait la Belgique en coq de combat. N’étant pas robin, les chats fourrés d’Académie le prenaient pour un amateur. Quand il fut Premier ministre, certains murmurèrent : « Pourquoi pas un huissier de ministère ? ».

Le baron de Broqueville, petit-fils d’un préfet de l’Empire ! Voilà encore  un vieux reliquat d’informations glanées ça et là pour donner plus de corps à une ascendance notoire. Le grand-père est Jean-Joseph-Bernard (JJB) de Broqueville qui est lieutenant de gendarmerie dans le département du Gers. Il a eu les félicitations du préfet du Gers au XIXe siècle… De là à en faire un préfet, il y a un pas que des généalogistes font sans hésiter ! Cet épisode de vie de JJB a été décrit en ces pages dans l’article sur les rencontres improbables.

Et en plus Vandervelde en rajoute quand il dit « Je le crois plutôt normand » ! Cela va sans dire que l’appréciation de Vandervelde est un pur hasard mais qui sait certains membres de ma famille pourraient dire un jour : « Même Vandervelde sait que les Broqueville sont Normand ! ». Auquel cas, je les renverrai vers le texte de Charles d’Ydewalle pour montrer le contexte de cette affirmation. Broqueville n’était pas d’origine normande mais bien de Gascogne voire même toulousaine ! Il fallait donc creuser l’étymologie du patronyme Broqueville.

Vandervelde ne pouvait pas connaître le passé politique de la famille Broqueville. Stanislas était député de Turnhout. Son père était peut-être un de ceux qui s’est le moins intéressé à la politique. JJB avait clairement pris le parti royaliste puisqu’il devient général d’armée durant insurrection royaliste dans le Gers. Son père, non plus, ne s’intéresse pas à la politique et est militaire durant 40 ans, mais ses cousins sont engagés comme consul de Monfort. Depuis ce moment, la gestion de la Cité n’a pas de secret pour les nombreux membres de la famille qui sont devenus consuls, jurats, bourgeois, notables, marguilliers…

Mais dans ce petit paragraphe de la page 61, la seule chose qui est juste est que l’habilité politique de Charles de Broqueville est redoutable sous des dehors d’une bonhommie provinciale. Je ferai un jour une synthèse de toutes les descriptions du ministre… Cela permettra peut-être de comprendre mieux qui était ce grand personnage.

Admettons, l’erreur est humaine…

Géry de Broqueville

(1) Charles d’Ydewalle, Elisabeth de Belgique, Flammarion, Paris, 1964.