Tout au long des lectures des actes chez les différents notaires, apparaît des personnages qui côtoient nos Broqueville. Il n’y a normalement aucun lien avec la famille Sariac. Je me suis arrêté à cet acte de deux pages parce qu’elle concerne Charles de Gimat seigneur de Larroque et de Serempuy.
Ce dernier a épousé Marguerite d’Hélies née avant 1636. Celle-ci est fille de Jean-François, seigneur d’Esparbès et de Lasplaignes, décédé le 30 octobre 1653 à Monfort et de Anne de Rey (+ 6 novembre 1680). Anne de Rey est la fille de Estienne et de Marie Saluste du Bartas et donc est la petite fille du poète Guillaume Saluste du Bartas. Nous avons déjà parlé de cette ascendance lorsque nous avons fait découvrir les habitants du château d’Esparbès.
Le 20 septembre 1686, « se sont constitués en leurs personnes le sieur Charles de Gimat, sieur de Larroque et Serempuy et Guillaume Lagravère habitant de Monfort et Serempuy lesquels de leurs bon gré solidairement l’un pour l’autre sans faire dissension, ni ?? de leurs biens à quoi par exprès ont renoncé, on confessé de tenir de noble Phinée de Sariac, seigneur de Pouchaintut et Muras absent mais Etienne Castaing peigneur de laine habitant de la juridiction de Goût faisant stipulant pour ledit seigneur, savoir être une vache poil châtain âgée de 6 ans avec la la suite d’une génisse âgée d’environ 4 mois poil ?? au prix capital de la somme de 50 livres, etc » (1) Ci-dessus, les armoiries de cette famille ancienne.
Phinée est le fils de Jean, chevalier, seigneur de Pouchentut et de Muras, capitaine au régiment d’Humières, fut maintenu dans a noblesse d’extraction sur preuves remontant jusqu’en 1333 par jugement de M. Pellet intendant de Guienne. Il avait épousé, le 7 juillet 1672, Marie-Louise de Bourbon-Lavedan fille de Gédéon (1608-1674) et d’Anne Louise d’Alba (2).
Phinée a eu un unique fils Louis de Sariac dont un texte existe dans l’inventaire C des ADG que je recopie ici : « Le sieur Louis de Sariac, seigneur de Pouchentut, village dépendant de la paroisse de Homps, capitaine réformé à la suite du régiment de Guyenne, né de père et de mère calvinistes. Il avoit quatre soeurs, dont trois passèrent en Angleterre lors de la révocation de l’Édit de Nantes ; elles profitèrent de l’absence du sieur de Sariac, leur frère, qui pour lors étoit à son régiment, pour vendre tous les bestiaux de ses métairies et emporter tout ce qui étoit dans sa maison. Le dérangement qui en résulta pour le sieur de Sariac fut au point qu’il ne lui a pas été possible depuis de se rétablir des pertes qu’il fit dans cette circonstance. A la paix de Rastalt, il fut réformé, et de retour chez lui il se maria et devint père de onze enfans dont cinq garçons et six filles. Quoyque né protestant, il eu fait élever ses enfans dans la religion catholique ; luy-même, ayant reconnu ses erreurs, en a fait abjuration de bonne foi… Son fils aîné, capitaine réformé à la suite des volontaires de Flandres, et qui a très bien servi pendant la dernière guerre, est celui de ses enfans qui lui est le moins à charge, mais il lui en reste dix auxquels sa situation ne lui permet pas de donner une éducation convenable à leur naissance le sieur de Sariac étant un très bon gentilhomme, parent ou allié de ce qu’il y a de mieux dans le pais… » (3)
On voit aussi Phinée de Sariac dans une sentence de la cour de Lomagne pour un problème existant entre le seigneur de Pouchentut et Antoine Castéra, marchand (4).
La seigneurie de Pouchaintut est orthographiée actuellement « Puissentut ». Ce lieu est situé sur la rive gauche de l’Arratz et se trouve sur le territoire d’Homps. Il est donc dans le pays de Lomagne, diocèse de Lectoure, Parlement de Toulouse. On y compte un feu et 10 bellugues de feu (5). La seigneurie de Muras se trouve un peu au nord de Monfort.
Etant donné que cette seigneurie se trouve à la limite nord de Monfort, il est donc normal que l’on trouve ce personnage chez les notaires de Monfort.
Géry de Broqueville
(1) Archives départementales du Gers à Auch (ADG), Notaire Marcassus, coté 3E8867 (folio 3).
(2) Marie-Louise était petite fille de Samuel et d’Elisabeth d’Astarac, celle-ci fille de Michel. La Maison de Bourbon-Lavedan est une branche bâtarde de la maison capétienne et remonte à Charles de Bourbon (1450-1502), fils illégitime de Jean II de Bourbon et de Louise d’Albret.
(3) Correspondance de l’intendant d’Etigny du 25 août 1754 au 15 mars 1755, ADG, série C5, folio 182 verso,
(4) Audience de la cour de l’élection de Lomagne pour les années 1688 à 1693, ADG, série C424.
(5) Une bellugue est une unité fiscale. Dans la généralité de Montauban, un feu est composé de 100 bellugues. Le nombre de feu sert au calcul de l’imposition d’un taillable. Visiblement pour Homps, le calcul semble différent puisqu’on voit qu’il y a 10 bellugues de feu.