Un acte chez le notaire Marcassus (1) est intéressant car l’on voit Claire de Ferrat, veuve de maître Bertrand Lauzéro, avocat en la cour du parlement de Toulouse, faire une déclaration solennelle à propos de son fils cadet François Jérôme. Le texte nous fait bien ressentir la fureur d’une mère contre son fils qui agit comme un effronté vis-à-vis d’elle. En même temps, ce texte donne un indice sociologique intéressant. Le voici in extenso :
« L’an mil six cent huitante six et le trentième jour du mois de décembre après midi dans la ville de Monfort au vicomté de Fezensaguet, sénéchaussée d’Auch régnant Louis par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre, par devant moi notaire royal de ladite ville soussigné présents les témoins bas nommés a comparu en la personne de demoiselle Claire de Ferrat veuve à feu maître Bertrand Lauzéro avocat en la cour du Parlement de Toulouse.
Laquelle comme si elle avait la présence de François Jérôme Lauzéro son fils cadet et de demoiselle Anne de Sabathier a déclaré par le présent qu’elle veut leur être notifié qu’il est venu à sa connaissance que ledit François Jérôme Lauzéro son fils au mépris du respect et de la soumission qu’il doit à la dite demoiselle sa mère, il prétend contracter mariage avec ladite Anne Sabathier contre le consentement et aveu de ladite demoiselle sa mère, bien qu’il n’ait que 21 ans et que l’âge de 30 ans soit requis aux enfants de famille pour se pouvoir se marier contre le consentement de leurs parents sans en causer la peine d’exhérédation (2), a protester que que en cas son dit fils et ladite Anne Sabathier passeront outre au préjudice de la présente déclaration qu’elle ne consent audit mariage qu’elle excède et déshérite ledit François Jérôme son fils, lui déclarant qu’elle ne prétend lui donner aucune part en ses biens ni de ceux dudit feu maître Lauzéro son mari desquels elle a hérité en vertu de son dernier testament protestant de la nullité dudit mariage en cas lesdites parties contrediraient comme contraire aux devoirs des enfants envers leurs parents.
A ordonnances royaux portant peine d’exhérédation et attendre même que lesdites parties sont parentes au degré prohibé par les saints canons et veut ladite demoiselle comparante que le présent acte soit aussi notifié au sieur curé de la présente ville et à tous les autres qu’il appartiendra.
A mon requis à moi notaire lui retenir le présent acte que lui ai concédé en présence d Jean Pierre Claverie, à Dominique Marsan marchand habitant de la présente ville.
Signés avec ladite demoiselle de Ferrat requérante et moi qui leur déclare le contrôle comme il est porté par l’ordonnance« .
Je n’ai pas retrouvé actuellement d’autres actes sur les conséquences. Je n’ai pas non plus d’indication concernant un acte de mariage qui aurait montré le destin de François Jérôme Lauzéro. Il n’empêche que François Jérôme devait obligatoirement attendre ses 30 ans pour se marier car il était « un enfant de famille ». Voulait-elle dire un enfant de bonne famille ?
Claire de Ferrat devait être déjà très fière que son fils aîné, Antoine, avait épousé Marie de Faudoas qui a permis à la famille Lauzéro d’accéder au niveau de la noblesse, sans toutefois l’être. Je n’ai aucune indication concernant le lieu d’origine de Claire de Ferrat.
La conséquence de la désobéissance de son fils sera d’être déshérité s’il n’obtempère pas. La raison fondamentale reste le degré de consanguinité qui est expliqué en deux lignes. Reconstituant petit à petit cette généalogie, je n’ai pas de trace d’une alliance Lauzéro-Sabathier qui appuierait la thèse de la consanguinité.
Il est clair que ce texte lu au XXIe siècle donne à plaindre François Jérôme qui devra encore attendre au moins 9 ans pour passer outre l’intransigeance de la mère.
Géry de Broqueville
(1) Archives départementales du Gers à Auch, coté 3E8867 (folio 169).
(2) L’exhérédation était l’action d’exclure un ou des héritiers de la succession, de les déshériter.