Aux archives départementales, un rangement erroné peut avoir des conséquences importantes pour le chercheur que je suis. J’étais assis à une place de la salle de lecture quand je me lève pour demander au Président de séance un renseignement sur la signification complète du mot « taulage ». Dans le dico du site Internet, j’ai donné une explication qui ne semble pas être complète. En effet, Simone Gallènne qui travaille sur les archives de Monfort est déjà tombée sur la terminologie « afferme de taulage ». Une afferme est comme un bail. Que veut dire alors bail d’un droit ! Je me dis qu’un président de séance devrait pouvoir dépatouiller le sens commun dans le Gers. Il ne peut me répondre mais m’invite à demander à la personne me faisant face à la table de lecture et me le présente comme un érudit.
Je lui pose alors la question et me répond qu’il n’a plus la signification exacte en tête mais c’est en tout cas une taxe que les communes demandent généralement lors des foires. Or effectivement, il y des foires importantes à Monfort. Par curiosité, je lui demande le sujet de ses recherches. Il me dit qu’il se centre sur l’histoire du Fezensaguet et actuellement il travaille sur Mauvezin. En outre, il est intéressé par l’histoire de la famille Saluste du Bartas. Il me cite Guillaume dont la mère est une Broqueville. Je lui répond, non sans un brin de fierté, que je porte le même nom ! Il est très étonné de faire cette rencontre.
Puis nous nous replongeons dans nos lectures respectives. Subitement, il me dit qu’il a un répertoire d’un notaire de Solomiac dans lequel il découvre pleins de références aux familles Saluste et Broqueville (1). Il lui semble que ce répertoire est monfortois mais il est classé parmi les archives de Solomiac.
A la fin de sa lecture, je lui demande de l’emprunter. Je vous passe les détails concernant ce détournement de document que je fini par faire avec la complicité des préposés aux rangements des archives dans les réserves.
Très rapidement, je fais un lien avec une information que je crois posséder en tout cas qui me dit fortement quelque chose. Comme ce document est un répertoire de registre d’un notaire, il n’y a que l’énoncé de l’acte qui est lisible. Au début de chaque chapitre, il y a l’année du « répertoire du protocolle ». Ce sont donc des informations qui peuvent paraître peu digne d’intérêt. Comme on va le voir il y a quelques données intéressantes qui me permettent d’avancer un peu dans mes recherches.
Ainsi je tombe sur le pacte de mariage de Jean Broqueville et Jeanne de Limoges en 1605. Cela me saute aux yeux, j’ai des informations sur le mariage. Je regarde directement dans Hérédis et je vois que le pacte de mariage est daté du 2 janvier 1605. La source que j’ai indiquée en son temps est le Notaire Lauzéro de l’année 1608 avec la référence 14441-14451. Je vais voir la photographie de ce document dans mes archives. J’y découvre que c’est un acte d’achat de Jean Broqueville, marchand, fils d’Antoine. et j’y lit ceci : « Comme aussi ledit Limoges comptant du prix est en acquis ?? ?? ?? des directes d’Esparbès et d’Esclignac ledit Limoges a baillé et baille audit Broqueville ?? pour le prix et la somme de 854 livres et requérant la somme de 1860 livres laquelle somme de 854 livres ledit Limoge a baillé et baille audit Broqueville la somme de 1500 livres à la constitution dotale de Jeanne de Limoges, sa fille, future femme dudit Broqueville suivant le pacte de mariage entre lesdits enfants retenu par moi notaire le 2 janvier 1605 moyennant ledit Broqueville ?? audit Limoges allouer et tenir en compte ladite somme de 854 livres sur ladite (…)« . Le dit Limoges est en réalité Jean de Limoges Lartigue, le père de Jeanne. (2)
Voilà donc, la preuve absolue que le registre de sommaire est à attribuer au notaire Lauzéro de Monfort et non pas à un notaire de Solomiac voir d’Estramiac. Il est vrai qu’il y a des références qui concernent de manière minoritaire ces deux bastides, mais incontestablement, ce registre est attribué à Lauzéro.
Sans la rencontre avec Monsieur Labrousse et mon rangement remarquable , sans fausse modestie, j’ai pu sortir de l’anonymat ce registre. Ce dernier couvre les années 1598-1599 (très abîmé et pour ainsi dire illisible jusqu’en 1600) jusqu’en 1629. Ainsi ce répertoire permet de combler les registre manquant du notaire Lauzéro c’est-à-dire les années 1603, 1605, 1611, 1621 et 1626. J’ai photographié ces année-là, intégralement. J’ai fait quelques belles découvertes qui hélas ne révèlent pas tous leurs secrets.
1603
- En 1603, Testament de Jeanne Dat femme de Jean Broqueville, brassier vivant en 1618, en 1603. (24219)
1605
- En 1605, Testament de Joseph Broqueville (Il est très probable que ce soit celui de Joseph marié à Sibile Delau) en 1605. (24245)
1611
- En 1611, reconnaissance de 1611 de Barthélémie Espiau femme de Bernard Broqueville contre Broqueville. Evidemment on ne connait pas le Broqueville qui s’oppose. (24260)
1613
- Pacte de mariage de Joseph Broqueville et Jeanne Laforcade. Joseph est fils de Jean dit Vieux et de Marie Carrette. (24263)
- Pacte de mariage d’Andrieu Broqueville et Andrinne Roux. Cela me fait deux Andrieu dans la même famille, voir un Andrieu et un André. Il y a lieu de trouver une solution d’autant que certaines des informations proviennent de Mazeret qui ne s’avèrent pas toujours exacts. (24269)
- Reconnaissance d’Antoine Broqueville contre Fitte. Or le seul Antoine de la famille est décédé en 1600. En voilà un nouveau à déterminer. (24276)
- Pacte de mariage de Joseph Broqueville et Judy Saint-Martin. Comme on se situe à la fin du répertoire l’acte date de décembre. (24280)
1620
- En 1620, achat de Jean Broqueville fils à feu Antoine. Dans la marge, il est écrit qu’il s’agit d’un pré à coté de la fontaine d’En Duran. (24281)
- Testament de Guillaumette Lanne. Celle-ci est l’épouse de Jean dit Janotet. Guillaumette est probablement très malade au début de 1620 puisqu’elle écrit son testament mais mais décèdera plus tard puisqu’on la verra dans quelques actes postérieur. (24281)
- Pacte de mariage entre Guillaume Espatz et Jeanne Broqueville. Comme il existe plusieurs Jeanne à qui on peut attribuer ce mari. Je laisse cette question en plan pour le moment. (24282)
- Achat de Janotin fils de Janotet. Ce dernier a bien un fils qui s’appelle Jean, mais pour le distinguer des nombreux autres lui a-t-ont donné le surnom de Janotin ? (24283)
- Pacte de mariage de Jean Mauchet et Marie Broqueville. Cette union nous était connue. voici que l’on connait l’année du pacte. Marie est la fille de Janotet. (24284)
- Achat de Pierre Broqueville contre Limoges. Il est marqué dans la marge qu’il s’agit de la métairie d’En Duran acheté à Jean Limoges. (24284)
- Pacte de mariage de Jean Broqueville et Françoise de Saint-Arroman. Nous étions déjà au courant de ce mariage via le registre paroissial de 1620. (24286)
1621
- Accord de Jean Limoges et ?? Ferradou. Dans la marge il est dit que Jean Limoges est le père de Graitan Limoges Lartigue. Ce dernier est le parrain de Gracie Broqueville, sa nièce, étant le frère de sa mère. (24292)
- Échange de Jean Broqueville et Jean Pona. Dans la marge, il est noté qu’il s’agit de la terre d’En Thomas et de Coudoure.
- Achat de Joseph Broqueville fils à feu Jean d’un jardin rue de l’hôpital.Dans la marge, il est dit que Joseph Broqueville était frère d’Antoine et Jean était frère de Joseph. Mais cela nous complique la tâche. Je pense que l’auteur de cette remarque confond deux générations. (24295)
- Bail de la métairie à Estramiac de Jean Broqueville fils de feu Antoine. métairie de Lamarquague à Estramiac. (24300)
Bien sur il y a d’autres énoncés d’actes qui concernent des arrentement, des dettes, débit, gasailles, etc. que ne nous sont d’aucune utilité.
Les notes écrites dans la marge indiquent que les registres ont été déposé aux archives départementales. Il est probable que ce soit l’écriture de Ludovic Mazeret qui donnent de précieuses indications. Il a donc eu accès à ces documents. Ont-ils été rangé dans une autre commune ? Il faudra chercher peut-être du coté de Solomiac ou Estramiac.
Géry de Broqueville
(1) Notaire de solomiac coté 3E10481.
(2) Il possible de lire le texte en entier ici.