La fixation d’un rameau

La fixation d’un rameau

Loin de moi de commencer une explication sur la manière dont est fixé un rameau à une branche en sylviculture et pourtant il s’agit bien de cela. A travers deux textes fort anodin du notaire Ponsin, J’ai réussi à déterminer l’ascendance de Jacques Broqueville, peigneur de laine.

Il suffit d’un mot pour recomposer une fratrie ! Il s’agit de « frère ». Ainsi donc Jacques Broqueville, peigneur de laine, marié à Jeanne Roux a un frère Jean qui a été marié à Jeanne Darugua (1). Pour cette dernière, il s’agissait de ses premières noces. Son second mariage l’était avec Jean Castin habitant de Labrihe. Visiblement Jeanne doit rembourser la somme de 20 livres comme reste de sa constitution dotale quand elle était mariée à Jean Broqueville, le 17 avril 1678 (2)

Comme je n’arrivais pas à connaître le nom des parents de Jacques, je l’avais attribué au couple Jehan marié à Jacquette Suberville. Il n’en est donc rien la fratrie Jacques et Jean sont les enfants d’Andrieu et de Adrianne Roux. J’avais juste sauté une génération.

Les deux textes sont du notaire Ponsin mais sont distants de 25 ans. Le premier date de 1651 où l’on voit qu’Andrieu Broqueville absent mais remplacé par sa femme Andrianne Roux laisse la constitution dotale à Jeanne Daruga. Cette dernière a eu une fille Andrine née en 1648 un jour après la mort de son père, Jean. Il est probable que cette constitution dotale lui a été laissée juste pour lui permettre d’élever sa fille dans de bonnes conditions. C’est par ce texte que nous connaissons les parents de Jean marié à Jeanne Darugua.

Le second texte date de 1676. Il nous apprend que Jeanne Darugua a trop perçu de sa constitution dotale et doit 20 livres à Jacques Broqueville, frère de Jean. Dans ce texte on ne parle plus ni d’Andrieu ni de Andrianne Roux, touts les deux décédés. Mais l’on sait que le peigneur de laine, Jacques est bien un des deux descendants du couple Broqueville-Roux.

Maintenant, nous n’avons toujours pas de preuves écrites qu’Andrieu Broqueville (3) est descendant de Jehan et de Jaquette Suberville. De ces deux personnages, nous n’avons jamais vu une seule référence dans un texte. Pour le moment, je laisse cette ascendance en l’état en sachant qu’elle reste sujette à caution.

Géry de Broqueville

(1) Notaire Ponsin côte 3E8974 aux AD32 (11404-11406)

(2) Notaire Ponsin côte 3E8987 aux AD32 (24133-24134)

(3) Il ne faut pas confondre avec Andrieu Broqueville marié avec Andrianne Lacourt. Il faut reconnaître qu’il est étrange que deux Andrieu épousent deux Andrianne, bien qu’elles ne portent pas le même nom !

Les Broqueville ont bonne mémoire

Les Broqueville ont bonne mémoire

Il faut reconnaître que les Broqueville, et probablement tous les monfortois, ont bonne mémoire quand on voit que les personnes réclament parfois des sommes à devoir après de nombreuses années de silence.

Ainsi Jacques Broqueville (+ av. 1696) reçoit 76 livres d’un couple du village de Labrihe 18 ans plus tard (1). Il n’est pas interdit de penser que jacques ait réclamé cette somme des années durant et qu’il y a peut-être eu un procès, bien que j’en doute. Généralement quand un procès a eu lieu, le notaire ne manque pas de le signaler dans l’acte faisant fois que c’est sous la contrainte d’une décision de justice que l’un doit payer à l’autre son du !

De plus, vu l’état de fortune de Jacques Broqueville, paigneur de laine (2), je ne crois pas qu’il en ai les moyens financiers pour traîner en justice le couple Jean Castin et Jeanette Daruga.

Mais mine de rien, à force de voir apparaitre Jacques Broqueville dans des textes comme ici, on découvre petite à petit sa vie… Ainsi il mourra propriétaire de la métairie d’En Salivan. Il se fera ainsi, petit à petit un pactole dont on ne sait à qui il le lèguera d’autant que sa fille unique (jusqu’à preuve du contraire), mourra avant lui, en 1680, laissant un fils, Jacques Merlet, décédé, la même année qu’elle.

Géry de Broqueville

(1) Notaire Ponsin côte 3E8984 aux AD32 (24115-24116)

(2) Site Internet parlant du métier de paigneur de laine.

Testament de Anne Broqueville

Testament de Anne Broqueville

L’amour fraternel est toujours remercié d’une manière ou d’une autre. Le testament d’Anne Broqueville le prouve encore. Anne célibataire remercie ceux qui ont été gentils avec elle tout au long de sa vie.

Anne Broqueville est née vers 1619 et décède le 21 décembre 1669, célibataire. Elle est la fille de feu Bernard Broqueville (vers 1565-avant 1666) et de Barthélémie Espiau (+1647). Grâce à son testament, on a confirmation qu’elle est célibataire et qu’elle est illettrée. Elle est alitée et a toute sa tête, « voyant, oyant, sentant et parfaitement parlant« .

Je ne reprendrai pas le texte (1) dans entièreté ayant expliqué dans ce blog combien le notaire était un digne représentant de l’Eglise devant noté tous les signes de croix pour le repos de son âme ce qui alourdit considérablement la lecture du texte. Venons-en au fait : Anne Broqueville lègue 100 livres à Catherine à sa nièce « et fille de Jean Broqueville son frère, la somme de 100 livres à prendre sur les biens a elle délaissée sur les biens de ses feux père et mère en reconnaissance des bons et agréables services que ladite Catherine Broqueville lui a rendues ci devant journellement et (…) payable ladite somme par son héritier bas nommé et lors qu’elle se colloquera en mariage (…).

Solidarité féminine ?

Ce qui est terrible dans ce genre de texte est que Catherine, pour recevoir la somme de 100 livres doit se colloquer en mariage. Si elle ne le fait pas, elle restera célibataire, ne recevra aucune somme et devra dépendre de la gentillesse de ses frères ou sœurs.

Point de solidarité féminine à cette époque. Il faut absolument se marier ! Par chance, Catherine, née en 1654, se mariera le 22 novembre 1681 à Jean Bonnes (v. 1653- ap.1693) dont elle aura quatre enfants. On peut voir cela autrement, pousser les filles à se marier, c’est éviter le piège du célibat où le risque de voir ses frères et sœurs manqués de gentillesses et devoir subvenir seul à ses besoins dans ce monde de méchanceté !

Pour Anne, testatrice, il n’en est rien puisqu’elle fait de Jean Broqueville, son frère, son héritier universel « par reconnaissance des bons et agréables services qu’il lui a fait et pour l’amour fraternel qu’elle a pour son frère« .

Ce qui est cuisant dans ce testament, c’est la somme ridicule donnée à ses autres frères et sœurs en guise d’héritage : 5 sols. C’est comme si, à travers les siècles Anne Broqueville nous laissait une leçon philosophique, sur les mérites de ceux qui sont bons et gentils envers les autres membres de la famille.

Géry de Broqueville

(1) Notaire Ponsin coté 3E8980 aux Archives départementales du Gers à Auch. (23872-23876)

Testament de Barthélemy

Testament de Barthélemy

Barthélemy n’est pas malade lorsqu’il fait son testament ce 28 mai 1648. (1) Il est chirurgien, soigne les monfortois, signale d’ailleurs qu’il est très content de continuer à exercer dans cette ville et qu’il ne veut pas aller ailleurs.

C’est dans le testament que sont garantis les rites voulus par le futur défunt comme le signe de croix sur son corps, les honneurs funèbres payés par ses héritiers et son ensevelissement dans l’église paroissiale au coté de son père, etc.

Son père est bien Joseph et sa mère Judith Saint-Martin comme le stipule le testament de Janotet libellé le 13 octobre 1651. Dans ce testament, Janotet dit que Barthélemy et Catherine sont issus du premier mariage de son fils Joseph avec Judith Saint-Martin. Janotet donne Blasie comme fille de Judith de Boiber.

Or le testament de Barthélemy signale que ses sœurs « légitimes et naturelles » sont Catherine, Blasie et Pauline. Cette dernière apparaît pour la première fois et dont nous ne connaissons rien de sa destinée mais qui est toujours en vie en 1643 mais disparue dans le testament de son grand-père Janotet. Elle est citée en dernier lieu, elle est donc la cadette de cette fratrie.

Ce qui est perturbant dans le testament de Barthélemy, c’est cette question de ses sœurs « légitime et naturelles » car il inclut dans ce concept, Blasie qui est en réalité sa demi-sœur puisqu’elle est issue du troisième lit (Joseph et Judy de Boiber) D’ailleurs aux yeux de Barthélemy, cette dernière est sa marâtre, c’est-à-dire sa belle-mère. Janotet a bien raison lorsqu’il détermine les enfants de feu Joseph son fils.

Une information supplémentaire est à rajouter, c’est que les trois enfants que Joseph a eu de Charlotte de Lavedan sont décédés avant la date du testament de Barthélémy. Ce dernier n’en parle pas dans son testament. Comme il considère Blasie comme sa sœur légitime et naturelle, il aurait cité la descendance de Charlotte de Lavedan, s’ils étaient encore en vie.

Probablement marqué par la mort récente de son père, avant le 21 octobre 1642, Barthélemy, loin d’être malade, prend ses précautions car il veut que ce soit ses sœurs qui héritent de ses biens alors, que même marié, il n’a point de descendance. Il pense même à son grand-père, Janotet, toujours en vie pour lui donner un petit héritage de 10 livres !

Signature de Catherine Broqueville, annoncée Pona, comme témoin de l’acte

Petite cerise sur le gâteau, même si le notaire Mazars annonce la signature de Barthélemy que l’on ne voit pas, c’est Catherine Pona qui signe sous son nom de jeune-fille, comme témoin de l’acte. Nous découvrons ainsi que Catherine est lettrée et qu’elle est mariée à un Pona !

Géry de Broqueville

(1) Notaire Mazars coté 3E8896 aux AD32 (24867-24869)

Pacte de mariage entre Mathieue et Pierre

Pacte de mariage entre Mathieue et Pierre

Il faut donc attendre le 18 janvier 1643, pour assister au pacte de mariage d’entre Mathieue Broqueville et de Pierre Ponsin. Ce pacte n’apporte rien de bien intéressant en rapport à ce que nous connaissons déjà ! Alors pourquoi en parler ?

Pour simplement le placer dans la collection des actes officiels déjà répertorié sur cette page-ci. Tout de même, on apprend que Pierre Ponsin est habitant de Puycasquier au moment de cet acte passé chez le notaire Mazars à Monfort (1). Et l’on apprend par la même occasion qu’il est le fils de Jean, notaire royal à Puycasquier. De par son métier de notaire, Jean Ponsin qui est profondément monfortois, est installé dans cette bourgade située à 10 Km au sud de Monfort.

Parmi les témoins de ce pacte de mariage on trouve quelques Broqueville bien en vue, comme Jean Broqueville substitut de monsieur le procureur du roy, Jean Broqueville d’Endardé, bourgeois de Monfort, Jean Broqueville, greffier, fils de Bernard qui signe en dessous de lui. Une fois de plus, les signatures me sauve quant à la compréhension de la famille. Je n’ose imaginer la difficulté que j’aurais eue à dépatouiller tous ces « Jean » s’ils étaient illettrés !

Géry de Broqueville

(1) Notaire Mazars, que l’on peut trouver sous la cote 3E8896 (24862-24866)

Accord entre père et fils tout en paix et amitié

Accord entre père et fils tout en paix et amitié

Voilà un bel accord qui précise bien les pièces du puzzle que j’ai mis tant de temps à reconstituer ces dernières années à propos de cette branche de Janotet. Grâce à cet accord entre le père et le fils, j’ai la preuve concrète de deux des trois mariages de Joseph !

Pour ce qui est du père, il s’agit de Janotet Broqueville (vers 1564-1652) et de son fils aîné Joseph (vers 1590-1642). Dans cet accord rédigé chez le notaire Mazars (1), il est très difficile de comprendre le motif du litige entre père et fils. En fait, il est tout simple. Mais juste avant de vous donner la clé de compréhension du texte, je vous donne les textes pour chacun des deux mariages.

« Comme dit aussi que par le pacte de mariage passé le 8 décembre 1613 entre Joseph Broqueville fils de Janotet avec Judith Saint-Martin ayant été constitué par Jean Saint-Martin père de ladite Judith la somme de 600 livres et joyaux nuptiaux et autres possessions audit pacte reçu par feu maître Jean Lauzéro notaire de Monfort laquelle constitution avait été reçue et reconnu par ledit Janotet son ?? et ?? son ?? par date du 31 mai 1621 reçu par ledit feu Lauzéro et par le même pacte icelui Janotet avait baillé audits mariés la jouissance et ladite constitutions de deux cazals de vignes au pausant de Canet et deux pièces de terre et une maison assise dans Monfort et certains meubles et plein objets audits parties.  » De cette partie de texte, on la date exacte du pacte de mariage de Joseph et Judith Saint-Martin, passé devant feu maître Jean Lauzéro dont on ne connaissait pas le contenu vu que l’on avait que l’intitulé dans un sommaire du registre. On découvre maintenant le nom du père de Judith Saint-Martin et enfin on connaît le contenu de ce pacte aujourd’hui disparut.

Le second mariage

Voici le texte concernant le second mariage : « Et ayant ledit Joseph convoler à noces nuptiales avec Charlotte de Lavedan par leur pacte du 4 août 1630 retenu par maître Mathieu Sabathier notaire dudit Monfort , le susdit Janotet Broqueville avait donné à Joseph son fils la propriété et les maisons, vigne et terre ?? auquel suivant pacte à condition que ledit Joseph lui ferait tenir quitte de la somme de 120 livres par lui reçue ?? ?? ?? parties et les constitutions faite à ladite Saint-Martin ?? lesquels ?? parce de mariage ayant ledit Joseph Broqueville ?? à noble François de Percin, seigneur de Lauret la somme de 480 livres. » Ce texte nous apprend juste le contenu du pacte de mariage de Joseph avec Charlotte de Lavedan vu que lui aussi a disparu aujourd’hui et est cité dans les sommaires du notaire Sabathier (2) Par ailleurs Charlotte de Lavedan a été très probablement adoptée par ceux qui sont ses père et mère c’est-à-dire François de Percin, seigneur de Lauret et Louise de Lautrec.

Le litige

Le texte qui suit donne l’objet du litige, c’est-à-dire un accord à postériori entre le père de Joseph et le père de Charlotte de Lavedan pour équilibrer les sommes et terres reçue par Joseph au moment de son premier mariage : « (…) lesquelles constitutions et institution de noble François de Percin reçut le 8 février dernier retenu par ?? notaire et ?? ?? et ???? ?? ?? dudit Janotet Broqueville ayant été signé de la caution d’autorité de monsieur de Sénéchal d’Armagnac, siège de Lectoure et le susdit Janotet étant sur le point de former appointements sur ladite ?? y celui et de Lauret aurait retranché les sommes ?? dudit Joseph par acte ?? ?? et signé code sa main daté du premier jour du présent mois et suivant lesdites parties viennent en paix et amitié par l’intermédiaire de leurs parents et amis le sont a conclu dont ?? ?? passé contrat pour ce jourd’huy 12 avril 1635. » L’important aussi est que les tensions entre père et fils se sont atténuées grâce à l’intervention des parents et amis. On peut comprendre Joseph qui s’est senti spolié de l’argent qu’il aurait du recevoir au moment de son second mariage. Une partie de l’argent retourne chez son père. Joseph oublie qu’en 1635, il a encore six autres frères et sœurs en vie. Janotet voit déjà sa fortune s’amenuiser à cause des mariages couteux de son fils Joseph. (3)

Reconnaissance d’un enfant

Autre partie de texte intéressant qui se résume à deux lignes : « Et par même moins celui Joseph a reconnu et ?? reconnait en François son enfant qu’il a eu de feu Judith Saint-Martin« . On découvre ainsi que Joseph a un fils appelé François dont il ne voulait pas reconnaître l’existence. Visiblement, la non reconnaissance de François par son père était une pierre d’achoppement entre le père et le fils. Il est donc très probable que François est un enfant handicapé que l’on doit cacher. Il est étonnant de voir que Joseph ait donné pour prénom à son premier fils conçu avec Charlotte de Lavedan, François, comme s’il y avait volonté de confondre les deux enfants. Nous ne connaissons pas le destin du premier François, mais il a du décéder assez rapidement après cet accord, vu qu’il n’est cité nulle part ailleurs.

Une belle dot, tout de même !

Dans la suite de l’accord, on voit que s’il y a eu rétroaction d’une partie de la somme donnée par noble François de Percin, à Janotet, ce dernier a donné en compensation à Joseph des terres et maisons : « (…) une pièce de jardin assise dans ladite ville de Monfort par la maison ?? et ladite donation contenant deux plaines plus ou moins confrontant aux deux rues publiques appelée de La fontaine, jardin dudit Sabathier et Sanson Carrette étant ?? jardin ?? ?? ?? ledit Joseph une maison assise en la Grand Rue contenant demi place, confrontant à ladite Grand-Rue, maison de ?? ?? praticien et Jean Broqueville, Une pièce de roque au passant appelle à Saint-Blaise contenant 37 places tout autant qu’il y a plus ou moins confort pré dudit Janotet Broqueville, roque de Bernard Broqueville, deux pièces de pré et roque appelé aux Bigourdas constituant 18 places plus ou moins confrontant au pré et roque de Jean Broqueville fils d’Antoine et par les héritiers de Pierre Bigourdan. » Comme déjà écrit dans un article précédent, l’argent liquide est vraiment très précieux et quand on en a en main, on essaie de le garder le plus longtemps possible au cas où l’on doit en donner de manière urgente. Janotet préfère donner des terres en compensation de cette monnaie rarissime.

Voilà donc une affaire qui se termine bien entre un père et son fils. Il va s’en dire que l’on avance petit à petit. Il reste deux inconnues concernant la descendance de la troisième épouse de Joseph, Judith de Boiber. Pour ne pas se perdre dans le dédale de la descendance de Joseph, j’envoie le lecteur vers un prochain article.

Géry de Broqueville

(1) Notaire Pierre Mazars coté 3E8890 aux AD32 (24760-24766). Grâce à cet accord j’ai pu enfin découvrir le prénom de ce notaire !

(2) Notaire Mathieu Sabathier coté E1468 aux AD32, pour les années 1620-1640 (21820-21865)

(3) D’ailleurs Janotet n’en aura pas fini avec Joseph puisque ce dernier aura un troisième mariage avec Judith de Boiber en 1638.