Après la gazette « légère » d’Aulnus, un autre journal m’a paru digne d’intérêt. Il s’agit de Aéro faisant une part belle à l’aviation militaire.  Avant la guerre, quatre aéroplanes étaient déjà en fonction dans l’armée belge, Sentant le danger d’une guerre imminente, notre ministre s’est fortement intéressé aux aéroplanes.

L’Aéro se définit comme un organe hebdomadaire de la locomotion aérienne en citant en sous-titre Aviation, Automobile, Cyclisme, Tous sports. Il a été créé en 1908 à Paris. Personne ne connaît sa date de disparition. En passant, il faut reconnaître le travail remarquable de numérisation des journaux comme l’Aéro, par la BNF. (1) Grâce à cette numérisation et la base de données Gallica, il ressort trois articles issus de cette revue française.

Dès le 15 mars 1912 (2), un premier article signale que le chef de cabinet de Charles de Broqueville, alors Chef de cabinet (Premier ministre), reçoit une délégation de membres de l’aéro-club de Belgique. Ces derniers désirent remettre un mémoire au ministre en vue de démontrer que l’armée belge se doit de devenir moderne par la création de régiments composés d’aéroplanes. L’article ci-dessous montre combien il est temps eu égard aux bruits de bottes qui commencent à pointer à l’horizon, qu’il est temps de moderniser l’armée. Bien que remaniant déjà l’armée belge en tant que ministre de la Guerre ad-interim, Charles ne deviendra effectivement ministre de la Guerre qu’en novembre de 1912. Il remplace le Général Michel.

Le second article date du 4 avril 1912. Cet article est beaucoup plus détaillé que le précédent montrant que l’armée possède déjà quatre aéroplanes de type Maurice Farman composé chacun de deux places. Il existe déjà 10 pilotes ayant une formation civile et militaire pour piloter ces quatre aéroplanes. On y apprend que la licence de pilote est la même que celle donnée par l’armée française.

Le civil monte à l’assaut du militaire

Les présidents des aéro-clubs (3) sont montés au créneaux pour expliquer au ministre de l’urgence de se procurer un beaucoup plus grand nombre de ces avions pour défendre la Belgique contre une invasion étrangère. A travers ce deuxième article, on voit que Charles est un fervent soutien de ce projet mais il doit faire passer le projet au Parlement.

Le troisième article date du 19 janvier 1913. Charles de Broqueville est présent au XIIe salon belge de l’Automobile et de l’Aéronautique qui se déroule au Cinquantenaire du 11 au 22 janvier 1913. Cet article est placé à cheval entre la page 1 et 2 pour décrire l’ensemble des stands dans lequel Charles s’est arrêté.

On y découvre son réel intérêt pour les aéroplanes mais aussi de certains éléments de voitures qui apportent une modernisation de l’armée en général. L’ensemble des marques n’existe plus à l’heure actuelle (4). Cet article fait rêver d’un monde définitivement révolu, où l’on sent que le progrès est aux portes de ce début du XXe siècle, parce qu’une guerre se prépare. Cette dernière est là, tapie dans les moindres recoins de chaque stand.(5)

Géry de Broqueville

  1. La Bibliothèque Nationale de France numérise l’ensemble des journaux français et étrangers. Sa base de données a pris le nom de Gallica.
  2. Cet article peut être lu en bas de la première page. Il est intitulé Aviation belge.
  3. Tous les noms des présidents se trouvent à la page 2 de ce numéro de Aéro. On voit combien il est évident pour les aéro-clubs de créer une nouvelle arme dans l’armée belge.
  4. Moteurs tips, les pneus Latour, les voitures Excelsior, Les châssis S.A.V.A.,, l’aéroplane Déperdassin, Les vis et écrous de Binet, les amortisseurs C.S.P., l’Hispano-Suiza, les carburateurs Zénith, les monoplans Borel, etc.
  5. Lors de la Guerre, un des fils de Charles, mon grand-père Jacques, a été détaché par son régiment d’artillerie et a suivi une formation de pilote-observateur au profit de l’artillerie. Son parcours militaire au sein de l’aviation est expliqué dans l’article suivant.