A l’heure où vous lirez ce texte, je suis revenu de la ville d’Auch où j’ai passé 4 jours héroïques tant j’ai bu la coupe jusqu’à la lie. Non point parce que les Archives départementales ne m’ont pas fait bon accueil. Loin de là. J’ai abordé deux siècles, ce que je refusais de faire, jusqu’ici tant la forme d’écriture est différente.
Je me suis donc attelé à la lecture des notaires monfortois du XVe et XVIe siècle. Par le passé j’avais bien fait quelques incursions pour retrouver notament le testament de Santina Marcassus épouse d’un Jean Broqueville. Mais je n’étais pas aller plus loin. C’est d’ailleurs à ce moment là que j’ai découvert l’évolution du patronyme Broqueville.
Dans ma liste des notaires à visiter, j’ai abordé maître de Culheux qui a officié à Monfort entre 1544 et 1604 environ. C’est là que j’ai cru devenir fou. Oui, j’ai vraiment bu la coupe jusqu’à la lie ! Sur plusieurs centaines de page à lire, je n’ai vu que de très rares pages consacrées aux Broqueville et aux Saluste. Et encore, là où j’ai découvert avec satisfaction quelques textes sur ma famille, c’est sur un cahier égaré du notaire Lauzéro daté de 1601 ! J’ai senti monté en moi un ras le bol de ce notaire tant son écriture est épouvantable et donc extrêmement difficile à lire.
J’ai abordé aussi le notaire Antoine Arnaud qui ne m’a rien apporté du tout. Rien du tout, pas un texte ! De manière étonnante, j’en ai eu moins sur la patate tant son écriture était plus facile à lire. A certains moments, j’avais plaisir à lire ses textes avec une si jolie écriture. Ce notaire aborde les années 1553 à 1566.
J’ai continué avec le notaire de Bosquéry. J’avais déjà découvert qu’il était intéressant par le passé puisque j’y ai retrouvé des Broqueville dans un registre entre 1506 et 1517, une autre de 1521 et un troisième de 1554. C’est dans ce dernier recueil que l’on trouve le testament de Santina Marcassus. Il fallait donc s’attaquer aux périodes plus anciennes en sachant que je trouve certainement face à deux Bosquéry, pe père et le fils. Le registre le plus ancien remonte à 1478 ! Je me suis donc plongé dans la lecture de ces documents qui ont quand même 541 ans !
Brocavilla, brocouile, Brocqueville, Broqueville
Jean Morisse, dans la première édition de son livre sur l’histoire de Monfort datant de 1965, avait déjà supputer que le patronyme Broqueville s’écrivait autrement. Il s’était arrêté à la lecture du notaire de Culheux qui écrivait notre patronyme avec un « c » sans le « qu » ne pouvait être lu que Brocouille ! Si cela a bien fait rire feu Jean Morisse, la famille Broqueville a plutôt grincé des dents ! C’est ainsi que le paragraphe concernant l’assertion « Brocouille » a disparu de la réédition dans les années 90.
L’affirmation de Jean Morisse était un peu facile d’autant qu’il a eu accès aux mêmes documents que moi, c’est à dire à ceux du notaire de Bosquéry et qui donne pour nom « Brocavilla ». C’est bien de la même façon que les deux notaires écrivent le patronyme Broqueville d’autant que leurs textes sont intégralement rédigé en latin, bien que les titres des actes soient en français !
On voit d’ailleurs le notaire de Culheux écrire quand même le patronyme avec un « q » une ou deux fois. D’ailleurs au XVIIe siècle, Les Broqueville oscilleront, eux-mêmes, entre des signatures avec un « c » avant le « q » ou sans le « c ». Cette dernière lettre est donc un vieux reste de la traduction latine du patronyme. Dans les textes plus anciens, mes yeux se sont habitués à regarder les deux écritures. C’est ainsi que le Broqueville le plus ancien que j’ai repéré est Johannes Brocavilla dans un texte du notaire de Bosquéry, daté de 1480 ! (1)
Maintenant, il me reste a essayer de déchiffrer tous ces textes qui me fera peut-être avancer sur la connaissance des Broqueville des XV et XVIe siècle. Quand je vois des patronymes monfortois comme Gariépuy, Marcassus, Dat, Montaubric, Saluste, Silhère, Manas (Homps), Preissac (Esclignac) à profusion dans les registres du notaire de Bosquéry, je commence à me demander si le patronyme « Brocavilla » ne devrait pas être recherché du coté de Toulouse, Foix ou autres lieux. Mais contentons-nous de continuer inlassablement la lecture des notaires comme Daguzan, Armandy, Sabathier, de ces siècles reculés tant il y a probablement de bonnes informations à recueillir.
En ce qui concerne la récolte des informations concernant ces notaires des temps lointains, elle est terminée. Il me faudra encore remonter dans le temps, fin XVIIIe et XIXe pour compléter mes connaissances sur la famille. Ces lectures seront plus faciles au vu des calligraphies de ces deux siècles. Ce sera pour l’année prochaine.
Géry de Broqueville
(1) j’avais déjà relevé cette question de Brocavilla dans un autre texte déjà écrit en ces pages. Autant le relire aussi. J’ai écrit ce texte dans la cadre du testament de François Saluste.