Puisque j’arrive vers la fin de la lecture du notaire Mazars, je me rends compte combien les notaires nous font visiter Monfort. Certes le notaire n’est pas un guide du tourisme local, mais nous découvrons à chaque fois des lieux différents.

Somme toute, il est rare qu’un notaire donne rendez-vous dans sa boutique, tant on le voit voyager de maison en maison, de lieux publics en lieux privés, au détour d’une route, souvent dans un de ces lieux-dits qui me sont si chers, connus ou disparus.

Dans la ville

Dans la ville de Monfort, le notaire officie sous la garlande de la place, ce qui signifie sous les arcades, l’on ne sait si c’est du coté de l’actuelle « Grignotière » ou si c’est le coté qui lui fait face, du coté de l’épicerie. Très souvent les rencontres se font sous la salle commune située dans la halle de Monfort. La salle commune est donc un bâtiment qui a disparu probablement depuis bien longtemps. Dernièrement j’avais repéré le trépoir (1). Il est le premier palier d’un escalier à l’extérieur du bâtiment avant d’accéder à l’intérieur de celui-ci. Le notaire officiait sur le trépoir de la salle commune.

Sur la place, il reste l’église paroissiale où les notaires officient, devant sur la rue, dans le porche, dans la chapelle Saint-Jean ou celle de Notre-Dame du Rosaire. C’est grâce aux testaments que l’on connaît les lieux de sépulture des bourgeois et autres notables de Monfort. Si l’on foule le porche de Monfort, il devrait y avoir encore bon nombre de squelettes enfouis à cet endroit, à moins que la pioche iconoclaste de quelques révolutionnaires ait tout nettoyé !

Dans le reste de la bastide, on peut passer de la maison de Jean Broqueville à celle de janotet ou de Joseph et de leurs descendants. Les branches alliées ne sont pas en reste, comme les Lauzéro qui accèdent à des hautes fonctions comme procureur du roi au parlement de Toulouse. Cette dernière fonction est remplie par Raymond Lauzéro dont Jean Broqueville en est le substitut pour Monfort. Dans les maisons, on y passe généralement des pactes de mariage ou des testaments. Certaines rencontres se déroulent sous les remparts de la ville ou au lavoir.

Les lieux-dits en dehors de la bastide

Le notaire rend visite dans les maisons des uns et des autres dans les lieux-dits comme Esparbès, Endardé, Las Laques, Bigourdas, Empiroy, Maussombat. Les notaires officient toujours pour les testaments quand les personnes sont clouées dans leurs lits pour cause de maladies corporelles ou quand la personne sent sa fin proche. Un notaire s’est même placé devant la maison pour recueillir le testament d’une pestiférée au milieu du siècle.

Tout cela ne sont que des lieux précis qui ne donnent généralement pas d’informations précises. L’annonce d’un lieu est une indication sèche. Comme on l’a déjà vu dans le terrier de Monfort, il est très difficile d’identifier les lieux exacts des propriétés qui ne se font en référence non pas à des parcelles cadastrales que l’on découvre sur les plans napoléoniens, mais bien par la présence d’autres terres situées aux quatre points cardinaux de celle décrite.

Même si ce n’était pas le fait d’un notaire, une suite de témoignages avait donné beaucoup d’informations et de description sur Monfort et ses habitants, mais là, on était au XVIIIe siècle. Nous pourrions presque remercier Catherine Druilhet d’avoir injurié les Broqueville tant les témoignages sont une belle toile de Watteau réalisée à Monfort.

Géry de Broqueville

(1) Pour rappel, les explications sont données à propos de ces mots apparaissant dans les textes, dans le dico.