Petite pause dans la publication du résultat de mes recherches sur ma famille durant cette période de covid-19. Ce moment de « retrait » obligatoire de tout un chacun, dans sa maison, permet de souffler mais aussi de réfléchir sur les conséquences de cette pandémie qui pourrait nous affecter si nous n’y prenons pas garde.

Bien sûr cela peut toucher directement notre vie. Nous pouvons en mourir. Nous sommes tous appelé à ce chemin ultime, mais le plus tard possible ! Chacun de nous s’organise en fonction de ses intérêts, de ses envies, mais aussi en fonction de son travail. Les uns sont au télétravail, les autres sont au service de la population en s’engageant à soulager la solitude des personnes âgées, à gérer les garderies de ceux et celles qui sont en première ligne de front dans les hôpitaux. Nous avons tous une pensée profonde de reconnaissance, tous les jours à 20 heures…

Ce covid-19 est une peste

Je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée aussi pour ces Broqueville qui ont déjà connu, cette peur au moment des Grandes pestes du Moyen-âge mais aussi de 1650 et même du XVIIIe siècle. Je ne vais pas décrire ce qu’il ressentait. Je me souviens d’avoir écrit un texte la-dessus où je pouvais compter les morts d’une même famille mourant en moins de 48 heures, enfants, père et mère, à la queue-leu-leu, s’en rejoignent ensemble, probablement dans la fosse commune du cimetière. Les vivants tombaient comme des mouches. (1)

Une autre image me vient à l’esprit, celle de la sœur de mon grand-père, Jacques, l’aviateur au front de cet horrible fléau qu’était la première guerre mondiale. Cette sœur cadette, Myriam, restée au pays, de l’autre coté des lignes, avec sa mère, à Bruxelles. De 1914 à mai 1917, elle pouvait voyager d’un lieu à l’autre. Elle grandissait, allait voir ses oncles et tantes, par-ci ou par-là.

Elle participait au réconfort de la population en faisant partie du « Comité national de secours alimentaire », comme on la voit à droite sur cette photo. Elle fait partie de cette génération pleine d’élans de générosité, comme toutes celles, qui devant la pénurie de masque face au covid-19, ont fabriqué fait fonctionné leur machine à coudre.

A travers les ans, dans l’adversité, les humains changent, se solidarisent, pensent à l’autre, à celui qui n’a pas la même chance que soi, à celui qui est autre, différent… Que restera-t-il de ce bel élan de solidarité dans l’après peste, guerre, covid-19 ? Il sera temps de changer notre manière de vivre, nous qui sommes devant des enjeux climatiques, de pollution de la mer comme de la terre. Nous qui, en 100 ans, avons détruit la planète de Myriam. Il est temps de rester solidaire, tous ensemble, dans la foulée en se construisant un monde plus communautaire, plus humain.

Mais là, je crains, en voyant nos gouvernements qui déconfinent à tour de bras, pour relancer l’activité économique, comme avant, n’ont rien compris. Va-t-il falloir résister, sortir sur les barricades pacifiquement, pour faire prendre conscience que la majorité n’aspire qu’à une chose, vivre mieux tout en étant plus responsable de notre propre avenir… avec celui des autres !

Géry de Broqueville

(1) Ce texte était intitulé « 1647-1654, la mort sème… » écrit il y a bien des années.