Parce qu’il s’agit bien de cela, une véritable cérémonie nous est décrite dans l’acte de mise en possession de la cure de Monfort par maître François Galtier, prêtre et vicaire de Saint-Jean l’évangéliste au diocèse de Saintes pour maître Pussay, prêtre et enlumineur de Paris.
Prendre possession de la cure, cela se fait d’abord devant le notaire Marcassus (1) et ensuite, une cérémonie de prise en possession « réelle, actuelle et corporelle » se déroule devant le notaire qui est le premier témoin privilégié.
Comme la cure est un bien d’église, c’est l’évêque de Lectoure (2), représenté ici par maître François Galtier qui est l’autre protagoniste important dans cette affaire. Le notaire atteste que la cérémonie a bien eu lieu en présence de :
- Maître Oudet de Boubée avocat en la cour
- Dominique Broqueville bachelier en théologie (3)
- Pierre Gardiel notaire royal habitant de Monfort et Lectoure
La cérémonie consiste en ceci :
- Maître Galtier donne le titre de possession signé le 5 juillet 1688 par Monseigneur de Bar, évêque de Lectoure
- Maître Pussay a fait lecture de ce titre et l’accepte.
- Galtier prend le sieur Pussay par la main, le fait entrer dans l’église,
- Il le conduit au devant du maître-autel
- Il prennent tous les deux de l’eau bénite et ont revêtu d’un surplis,
- Ils se sont mis à genoux pour faire leurs prières
- Ils se sont levés et ont baisé le dit maître-autel.
- Galtier conduit maître Pussay aux fonts baptismaux
- Ils vont dans le clocher et font sonner les cloches
- Maitre Pussay a fermé et ouvert la porte de l’église entrée et sortie « pour toutes lesquelles cérémonies et autres accoutumées ».
Ainsi le notaire de conclure : « ledit sieur Galtier a mis et installé ledit Pussay en la réelle, actuelle et corporelle possession de ladite cure Saint-Clément dudit Monfort, dignité, fruits, profits et retenues en dépendant et de tout ci-dessus requis par moi notaire lui retenir le présent acte de la mise de possession que lui ai concédé (…) »
C’est bien une véritable prise de possession des lieux avec sacralisation des portes d’entrée, de sortie pour les cérémonies avec bien sûr la mis en scène de l’autel. Dans l’église de Monfort tout est sacré et donc l’intronisation d’un nouveau prêtre l’est aussi.
Et en même temps, prendre possession de la cure n’est pas sans intérêt pour un prêtre puisqu’il est crédité de l’église mais aussi de ses revenus. L’on voit dans le texte ci-dessus que le prêtre sera pourvu « de la dignité mais aussi des fruits, profits et retenues« . Il fallait peut-être tout cela pour faire venir les prêtres qui manquaient. Maître Pussay est né à Paris et provient de la cure de Saint-Jean-Baptiste à Saintes.
Un texte similaire écrit un siècle plus tard, en 1786, décrit exactement les mêmes cérémonies avec plus détails encore pour la paroisse de Macqueville. Je vous invite à le lire sur un autre site Internet, en cliquant ici.
Géry de Broqueville
(1) Mise de possession de la cure de Monfort pour monsieur Pussay le 6 juillet 1688, Archives départementales du Gers à Auch coté 3E8868 (folio 107) (texte complet en cliquant sur la référence : 15092-15094)
(2) il est cité dans le texte comme son Illustrissime seigneur Messire Hughes de Bar. Plus d’informations dans un article précédent, en cliquant ici.
(3) Dominique est le fils de Jean II Broqueville d’Endardé (1630-1705) et de Brigitte de Cotignon (1627-1697).